Les islamistes ont été chassés de Gao et de Tombouctou depuis plusieurs jours. Après la libération de Konna et de Douentza, les occupants rebelles de Gao avaient compris que leur tour approchait.
Soldats tchadiens patrouillant à Gao (Jérôme Delay/AP/Sipa)
Pour contrecarrer les plans des forces franco-maliennes, ils sabotent les installations téléphoniques de la ville, histoire d’empêcher les populations de donner des informations rapides à l’armée malienne. Ensuite, les islamistes du MUJAO passent sur les ondes des radios de Gao pour demander aux populations leur soutien face à ceux qu’ils appellent « les mécréants, ennemis de l’islam ». Un propandiste rebelle affirme même, avec humour: « Le Mali est un fils de la France et c’est le père qui prend aujourd’hui la défense du fils! ». « Aidez-nous, nous vos frères musulmans, contre les mécréants et Dieu vous enverra au paradis ! », supplie un autre responsable islamiste. Les populations n’étant pas dupes, elles n’envoient aucun signe de soutien. Que pouvaient-elles d’ailleurs faire ? Les islamistes commencent alors à disparaître de la ville en emportant le petit stock de médicaments qui restait à l’hôpital. Le jour de l’arrivée des forces libératrices, les islamistes ne sont plus visibles en ville. Les soldats français, avec l’appui d’un technicien de la SOTELMA, rétablissent la communication téléphonique. Contrairement à Tombouctou, où les populations ont procédé à des pillages, la population de Gao reste calme et collabore avec l’armée. Suite à un porte-à-porte, des islamistes sont débusqués des maisons où ils se cachent. Jeudi, 5 combattants du MUJAO passèrent dans les filets des militaires maliens, nigériens et français qui sont de faction à tous les cent mètres. Des caches d’armes islamistes sont aussi découvertes. Les islamistes et leurs complices ont d’ailleurs la chance d’être arrêtés car ils échappent ainsi au lynchage populaire. Les femmes mariées aux islamistes, que ce soit de gré ou de force, ont quitté la ville avant même leurs maris. Elles habitaient les quartiers du Château, de Boulgouldé et de Gadey. Parmi les suspects qui n’ont pas fui: le père de Mahamar Aliou Touré, l’ex-chef de la police islamique de Gao.
Pour remonter davantage le moral d’une population ivre de joie, le gouverneur, le colonel Amadou Adama Diallo, accompagné de quelques préfets, a fait le tour des notabilités, annonçant une aide urgente de l’UNICEF et le retour imminent de l’administration malienne.Si les femmes ont repris leurs habitudes vestimentaires normales et que l’on grille maintenant des cigarettes en ville, les lieux de loisirs n’ont pas encore rouvert: le Tizimizi appartenant au maire de Gao, Sadou Diallo; l’hôtel Atlantique, le Bon Séjour, le Gakoye, l’Espace Amitié… Malgré la joie que procure la liberté retrouvée, la vie à Gao est difficile. Les accès de la cité étant fermés, pour cause de guerre, tout y est cher. Le sac de riz de 50 kg est vendu à 20.000 FCFA, le litre d’essence à 1200 FCFA.