Certaines minorités au Mali ne se sentent plus en sécurité.
C’est le cas des Peuls qui sont régulièrement la cible d’attaques mortelles. Pour arrêter cette spirale sanglante, les Peuls ont décidé de s’organiser. Ils ont créé l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice. Forte déjà de 800 membres armés, elle est dirigée par un jeune âgé de 27 ans. Enseignant de profession, Oumar Al Janah affirme qu’il n’est ni «djihadiste» et encore moins «indépendantiste». Oumar Al Janah assure qu’il a créé ce mouvement armé — dont font déjà partie des leaders politiques maliens — pour «défendre les civils peuls injustement attaqués».
Ce jeune enseignant ajoute que son ennemi est surtout l’armée malienne.
L’association malienne Kawral poulakou, qui signifie «l’union des Peuls» en langue pulaar, a tiré à plusieurs reprises la sonnette d’alarme sur les violations commises par l’armée malienne. Selon elle, des civils peuls pris à tort pour des terroristes sont tués ou arrêtés. L’association pointe aussi du doigt des milices privées dans des villages du centre du pays. En avril dernier, plus de 15 membres de la communauté peule auraient été tués, et d’autres auraient été arrêtés au Mali. Du côté de l’armée nationale, on reconnaît que des civils soupçonnés d’accointances avec les terroristes, dont de jeunes Peuls, ont été arrêtés pour vérification d’identité.
Cependant, on dément formellement l’existence d’exécutions sommaires. Mais l’association Kawral poulakou persiste et signe : l’armée a bien tué des Peuls. La violence interethnique au Mali est un phénomène endémique. Des affrontements entre groupes armés rivaux avaient fait, par exemple, le 11 juin dernier, plusieurs morts, des blessés et des prisonniers. Cela s’est passé à Douentza dans la région de Gourma.
Le lendemain de la tuerie, une rencontre s’est tenue à Bamako entre les responsables des groupes rivaux pour tenter de trouver une solution durable au conflit. Autour de la table, des responsables du Groupe d’autodéfense des Touareg de la tribu des Imerades et ses alliés (Gatia), groupe qui a attaqué le Ganda Izo, autre mouvement d’autodéfense du Nord dont des proches étaient également présents à la réunion.
Les représentants de l’Association des amis de la culture peule, Tabital Pulaaku, des Peuls du Mali étaient également présents.
Une présence importante, car la plupart des combattants du groupe Ganda Izo, arrêtés, blessés ou tués sont des Peuls.
A.Z.