Les jeunes sont souvent les premières victimes des crises multidimensionnelles, comme celle qui a frappé le Mali en 2012. Éducation suspendue, possibilités d’emplois limitées, projets de familles interrompus : l’avenir peut paraître très sombre pour la jeunesse. Avec les outils appropriés, les jeunes peuvent cependant passer de victimes à acteurs du changement. C’est ce que la Plateforme "Ensemble Nous Sommes un Peuple" (ENSUP) s’attèle à faire à travers nombre d’initiatives populaires, avec le soutien de la MINUSMA.
Vendredi 17 juin 2016, 16h. Alors que le ciel menace et que la plupart des gens se pressent pour rentrer à la maison avant la pluie, ceux du village de Sicoro, dans la Commune I du district de Bamako, se rassemblent plutôt à l’extérieur. Représentants municipaux, leaders communautaires, religieux et coutumiers, femmes et jeunes : quelques centaines de personnes se pressent sous les bâches installées sur la place publique du quartier pour participer au premier "Débat Citoyens", une initiative de la Plateforme "Ensemble Nous Sommes Un Peuple" en collaboration avec la MINUSMA.
À la différence des activités "Thé dans le Grin", qui se concentrent principalement sur le mandat de la MINUSMA, les "Débats Citoyens" tentent d’élargir la discussion en démystifiant également le contenu de l’Accord pour la Paix et la réconciliation nationale. Au cours des prochaines semaines, via une série de rencontres dans les 6 communes de Bamako, les citoyens de la capitale malienne pourront poser leurs questions aux représentants de la MINUSMA et de la Plateforme ENSUP. Des rencontres qui mettent particulièrement l’emphase sur le rôle de la jeunesse dans la mise en œuvre de l’Accord de Paix.
La place des jeunes dans la reconstruction du Mali ainsi que leur réinsertion socioprofessionnelle est d’ailleurs une réelle préoccupation pour plusieurs participants, comme Khader Sidibe. « Partout, ce sont les jeunes qui souffrent. Les jeunes ont un important rôle à jouer dans la mise en œuvre de l’Accord de Paix et malheureusement, ils ne connaissent pas bien l’Accord ; voilà pourquoi il faut le leur expliquer grâce à des rencontres comme celle d’aujourd’hui. La MINUSMA nous aide mais comme le dit la maxime : "Pour qu’on vienne t’aider à tuer ton lion, tu dois d’abord maitriser sa tête." Il faut que le Mali s’implique ; le combat contre le terrorisme, on doit le faire ensemble ! » indique-t-il.
Comprendre pour mieux agir
Près de 300 personnes s’étaient déplacées pour échanger sur le processus de paix au Mali, parmi lesquels de nombreux jeunes. Pour plusieurs citoyens de Sicoro, il s’agissait d’une première interaction avec les Casques bleus. Plusieurs participants ont d’ailleurs indiqué leur mauvaise compréhension du mandat, un constat qui justifie les efforts de la MINUSMA à se rapprocher des populations afin d’éclaircir les zones d’ombres.
Les questions étaient, comme l’on pouvait s’y attendre, nombreuses, allant de la lutte contre le terrorisme au recrutement des Casques bleus, au rôle de la MINUSMA en cas d’affrontement des groupes armés en passant par le nouveau mandat.
« Que faites-vous en tant que père de famille quand vos enfants se battent ? » a demandé à l’assistance au Lieutenant-Colonel Joseph Bendounga Mbaimann de la MINUSMA. La réponse d’un participant ne s’est pas fait pas attendre : « vous vous mettez entre eux et vous les aider à se parler pour régler le problème.
« Voilà ce que fait la MINUSMA au Mali, » a résumé le lieutenant-colonel Mbaimann, sous les acquiescements de la foule.
Pour Hafizou Boncana, Président de la Plateforme ENSUP, la collaboration avec la MINUSMA allait de soi. « Nous estimons que le partenariat avec la MINUSMA est un partenariat naturel car nous cherchons tous le même objectif qui est la Paix et la réconciliation au Mali, » souligne-t-il.
Créée en 2013, la Plateforme ENSUP est un consortium de quarante organisations de jeunes et de femmes qui militent en faveur de la paix au Mali en faisant la promotion de la citoyenneté et de la démocratie pour assurer la cohésion sociale, socle nécessaire à tout développement durable.
« La MINUSMA s’associe à la Plateforme ENSUP parce qu’ils ont une grande capacité de mobilisation et que comme nous, leur priorité est la mise en œuvre de l’accord et la place de la jeunesse dedans, » explique Daouda Ndiaye, chargé de la sensibilisation du public pour la MINUSMA. Notons par ailleurs que la Radio de la paix MIKADO FM (Bamako 106.6) était également associée à la rencontre, assurant de nombreux comptes-rendus en direct ou en différé.
Le chef de village de Sicoro a salué ce premier Débat Citoyens, ajoutant que ce genre d’activités devait continuer partout au Mali pour permettre aux communautés de comprendre les vrais enjeux du processus de paix. « C’est grâce à cela que les maliens peuvent être engagés aux côtés de la MINUSMA pour aller ensemble vers la paix, » a-t-il ajouté.
Des tassaleh (bouilloires) ont été remises aux participants et une rupture symbolique du jeûne a permis de clore l’activité dans un esprit de partage en ce mois du Ramadan.
La prochaine rencontre aura lieu ce vendredi 24 Juin à l’Hippodrome dans la Commune II de Bamako. Les rencontres se poursuivent tout au long des mois de juin et juillet.