‘’La justice face à la crise du Mali’’. Tel était le thème de l’émission « Questions d’actualité » sur l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (Ortm) le dimanche 03 février 2013. L’émission était présentée par Mariam Sèye Traoré et Abass Fambougoury Traoré de l’Ortm. Ils recevaient sur le plateau le procureur général de la cour d’appel de Bamako, Daniel A Téssougué ; Me Kassoum Tapo, député à l’Assemblée Nationale ; Me Issaka Keïta, bâtonnier de l’ordre des avocats ; Me Moctar Mariko, président de l’Association malienne des droits de l’homme. Au cours de cette émission, les invités ont tous jugé la nécessité de l’état d’urgence au Mali.
Depuis le 17 janvier 2012, le Mali traverse une crise des plus aiguës de son histoire. Aucune initiative n’est de trop pour trouver une issue favorable à cette crise. Et depuis le 11 janvier 2013, le Mali est en guerre. Ce qui a poussé le gouvernement malien à décréter l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire national du Mali. A cet effet, le thème de l’émission Questions d’actualité sur l’Ortm du dimanche dernier a porté sur ’’ La justice face à la crise du Mali’’. Pourquoi la nécessité de l’état d‘urgence ?
Pour le PG, Daniel Téssougué, c’est parce que le pays traverse une crise et il fallait prendre des dispositions pour limiter certaines libertés telles que la liberté d’expression et de réunion. Selon lui, il y a eu trop de laxisme et d’impunité. « Il ne doit plus avoir d’impunité sur le plan national et international même si la négociation viendra après, il faudra que la justice fasse son travail », a déclaré le PG. Il a rappelé que l’Assemblée nationale devrait interpeller le gouvernement suite à l’accueil qu’il a réservé aux bandits armés avec bagages. De l’avis du PG, le magistrat doit être indépendant par son comportement tout en appliquant la loi. Le Bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Issaka Keïta, a également apprécié la nécessité de l’état d’urgence car selon lui, l’État doit assurer la sécurité des citoyens. « La situation que nous vivons aujourd’hui impose cette mesure qui, du reste, est salutaire. Nous devons travailler à préserver l’Etat de droit en tant que nation civilisée. Le droit à la défense est un droit sacré, quel que soit l’ampleur des faits, les criminels seront défendus pour que la justice soit équitable. Le gouvernement doit faire de l’État de droit le socle de son action. L’institution judiciaire doit s’assumer tout en prenant sa place», a-t-il dit.
Me Kassoum Tapo, député à l’Assemblée Nationale a fait savoir que le gouvernement aurait pu prendre la décision par ordonnance, mais le gouvernement a saisi l’Assemblée nationale pour que les députés puissent s’exprimer sur l’état d’urgence. La cour pénale internationale est compétente quand les juridictions nationales sont défaillantes. L’Assemblée nationale a joué pleinement son rôle. Pour preuve : les missions effectuées à Bruxelles, en France, aux Nations Unies etc. Concernant l’affaire dite des « bérets rouges », Me Tapo a souligné que le PG a raté l’occasion de démissionner car il y a eu des obstructions extrajudiciaires. Pour lui, il y a un problème de formation du juge et de l’avocat qui est à la base de la corruption et de surcroît, on a l’impression que certaines décisions sont instrumentalisées.
« La justice est un domaine très sensible dans toute société, c’est le pilier de la démocratie, du développement. S’il n’y a pas de justice, personne ne viendra investir dans le pays », a conclu Me Tapo. Selon le président de l’Association malienne des droits de l’homme, Me Moctar Mariko, l’état d’urgence est une nécessité pour le Mali mais il ne faut pas qu’il y ait dérapage. Car le droit à la vie ne doit pas être atteint. « Le peuple malien est meurtri dans sa chair mais cela n’explique pas la vengeance. C’est la justice qui doit juger les criminels », a-t-il dit. Me Mariko regrette de voir que le Mali n’est pas un État fort.