Pour s’enquérir de la réalité des problèmes de fourniture d’électricité et d’approvisionnement en eau potable dans les localités de Djenné, Mopti et Bandiagara, le ministre de l’Energie et de l’eau, Mamadou Frankaly Kéita s’est rendu sur place accompagné des Directeurs de EDM, de la SOMAGEP, de la SOMAPEP, et du PDG de l’AMADER. Il nous a fait le point dans un entretien dont nous vous proposons la teneur.
Après les villes de Djenné Mopti et Bandiagara, le constat que nous pouvons faire est le suivant.
Au niveau de Djenné, l’alimentation en électricité ne souffre d’aucun problème parce que les besoins sont couverts et la disponibilité fait le double ce qui fait que nous envisageons des extensions pour de nouvelles zones dont les logements sociaux. J’en suis heureux et très fier.
Maintenant par rapport à l’approvisionnement en eau, on peut dire qu’il n’ya pas de problèmes majeurs. L’évolution démographique a crée un léger déficit qui nécessite des travaux de renforcements des outils de production et l’extension de l’adduction à d’autres zones.
Nous avons dejà pris des dispositions. En 2015, nous avons négocié et obtenu un financement de la KFW de 10 milliards destiné à 6 localités dont Djenné. Ce financement permettra de financer les travaux de renforcement nécessaire et les extensions qui s’imposent afin de couvrir les besoins en eaux de plusieurs autres localités. Le processus est déjà engagé, et d’ici 2017, ce chapitre sera bouclé et on ne parlera plus de problèmes d’eau potable à Djenné. Le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéita, nous a confié cette mission et nous l’exécuteront au grand bonheur des populations.
Par rapport à la ville de Mopti, sur le plan de l’électricité, nous avons été heureux de constater qu’il n’ya aucun problème même si pendant la canicule on a connu quelques difficultés. Aujourd’hui, Mopti connait un surplus de capacité et en plus, la direction de EDM SA est entrain d’y acheminer deux autres groupes pour se mettre à l’abris et de façon pérenne, des crises dans le domaine de la fourniture d’électricité.
Sur le plan de l’approvisionnement en eau, Mopti ne connait aucun déficit avec les 12 millions de litres d’eau produit, l’ensemble des clients de la SOMAGEP sont satisfaits. Mais vue la démographie galopante, il ya une demande en forte croissance. Dans notre politique d’anticipation, nous avons pris des dispositions dans ce sens. Une étude a été menée, et nous avons fait des requêtes de financement auprès-s de nos partenaires classiques. Nous avons des échos favorables au niveau de l’Agence Française de Développement, et nous pensons que d’autres bailleurs viendront s’ajouter à cet élan de solidarité. Et dans un délai de 3 à 4 ans, nous devons boucler ce projet de renforcement des capacités de production et d’extension du reseau d’approvisionnement. Ainsi Mopti sera à l’abri d’une situation de déficit en eau potable.
Arrivés à Bandiagara, nous avons constaté que la fourniture d’électricité ne souffre pas de problèmes majeurs même s’il ya une nécessité de réhabilitation de la centrale. Nous travaux aujourd’hui à l’extension du reseau conformément aux sollicitations des autorités locales.
Quant à l’approvisionnement en eau potable, la ville ne connait aucun problème. Le besoin de 700 m3 est assuré totalement. Le problème qui nous a été signalé concerne le fer qui se trouve dans l’eau. Cela nécessite des investissements que nous nous engagés à mobiliser pour trouver une solution à ce problèmes. Egalement, nous allons mobiliser 200 millions pour les travaux d’extension qui ont été sollicités par la population et les autorités locales.
Que peut on retenir de Sikasso et de Koutiala ?
L’objet de cette visite c’est de nous enquérir de l’état de fonctionnement des infrastructures d’approvisionnement en eau potable et en électricité. Nous venons de finir l’étape de Koutiala et de Sikasso. Ces deux villes, par rapport à l’approvisionnement en eau potable connaissent un déficit structurel depuis une dizaine d’années. Aujourd’hui ce déficit a atteint un taux de 35 à 40% des besoins. Cette situation est due à la difficulté de mobilisation des ressources financières pour financer des projets dans ce sens. Car nos bailleurs de fonds classiques en son temps avaient exigé la réforme institutionnelle du secteur de l’eau et de l’électricité. C’est seulement en 2013 que nous avons pu mobiliser en deux phases le financement pour un montant de 11 milliards FCFA pour faire face aux besoins d’augmentation de la capacité de production des unités de Koutiala, Sikasso, Kayes et Kati, ainsi le renforcement de leurs réseaux de distributions. Aujourd’hui les travaux issus de ce financement sont en cours d’exécution. Nous venons de terminer la visite de chantier où nous avons été informés par les responsables de l’entreprise en charge des travaux que le délai contractuel qui prévu pour fin décembre sera respecté.
Donc si on se fie à cette promesse, on peut confirmer aisément qu’à partir de janvier les villes de Koutiala, Sikasso, Kayes et Kati seront correctement alimentées en eau potable.
Par rapport au volet électrique, vous savez que Koutiala et Sikasso se trouvent dans une situation très stable. Le poste que nous avons visité et qui est issu de l’interconnexion entre le Mali et la Côte d’Ivoire offre trois opportunités d’alimentations en électricité de ces deux villes (Sikasso et koutiala). La première opportunité, c’est l’énergie provient de la Côte D’ivoire, pour la seconde à partir de Bamako et Manantali et la troisième opportunité c’est le groupe de location que nous avons installés dans les deux centrales qui peuvent aussi alimenter ces villes et envoyer le reste sur le reseau interconnecté.
En plus de cela, en matière de projet en 2015 nous avons signé des conventions de concessions pour deux centrales solaires dont : une centrale 50 Mégawatt à Sikasso et une centrale de 25 Mégawatt à Koutiala. Ce poste est très important, car il offre l’opportunité de faire l’électrification de beaucoup de localités situées aux alentours de Sikasso et Koutiala, dans un rayon de 100 à 150 km à travers la tension 30 mille volts. En fin il y a aussi la réserve pour recevoir l’énergie en provenance du Ghana en passant par le Burkina Faso. En résumé, Sikasso et Koutiala ont une sécurité énergétique assurée pendant quelques années.
Qu’est ce qui vous a le plus marqué au cours de cette mission ?
D’abord par rapport à l’alimentation en eau potable, après la mise en service des ouvrages en cours, les villes de Koutiala et Sikasso mettront plusieurs années sans subir de stress hydrique. Par ce que nous allons doubler les capacités de production actuelle qui de 4 millions de litres par jour pour Koutiala sera ramenée à 8 millions litres par jour. Tandis qu’à Sikasso la production actuelle qui de 7 millions 500 mille de litres sera ramenée à 17 millions litres par jour. Pour qui connait l’importance de l’eau potable dans la vie des populations c’est un progrès important.
Par ailleurs il faut souligner aussi que nous avons visité la station de pompage de Sélingué qui a été reconstruite pendant la construction de la station hydroélectrique de Sélingué . Aujourd’hui elle est toujours dans un bon état et fonctionne correctement. Mais avec l’extension de la ville et l’accroissement de la population les besoins de renforcement des capacités de production de cette unité se posent. C’est pourquoi depuis 2015, nous avons engagé une étude de renforcement de capacité des unités de six villes à travers le pays, dont Sélingué, sur financement du budget national avec l’appui du consultant CIRA Mali. Et la Banque Mondiale a déjà donné son accord pour financer les six projets.
Centrale Hydro électrique de Sélingué
« Mais Dieu merci, nous avons pu mobiliser en 2014 auprès de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOD) 25 milliards FCFA pour faire face à la révision des groupes de Sélingué mais aussi de Sotuba »
Quant à la centrale hydro électrique de Sélingué, la situation est critique. Car les groupes fonctionnent en mode dégradé à cause du retard accusé dans leur révision décennale. Normalement c’est tous les dix qu’une centrale hydro électrique doit subir une révision générale. Celle de Sélingué était prévue pour 2011 mais compte tenu des difficultés de mobilisation de financements la révision a été reportée sur plusieurs années. Aujourd’hui cela fait 17 ans que la centrale de Sélingué tourne sans révision et cela a un impact assez important sur la performance de la centrale. Toute chose qui fait qu’en 2013 nous avons eu un incident majeur sur un des groupes que nous venons de visité. Et l’Energie Du Mali (EDM SA) a été obligé de préfinancer la réhabilitation de ce groupe.
Mais Dieu merci, nous avons pu mobiliser en 2014 auprès de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOD) 25 milliards FCFA pour faire face à la révision des groupes de Sélingué mais aussi de Sotuba. Le Consultant a été recruté le dossier d’appel d’offres seront lancés bientôt.
Cette situation recommande à l’EDM le renforcement des capacités des groupes de location en attendant la mise en œuvre de la centrale de 100 mégawatt de Félou dont le projet est en cours d’élaboration.
Monsieur le ministre, votre passage à Bla a donné une lueur d’espoir aux populations, quelles sont vos impressions ?
Bla est passé dans le périmètre de l’Energie Du Mali (EDM SA) depuis le 10 juin dernier. C’était une doléance de la population. Et compte tenu de la taille de la ville et de ses besoins en matière de développement socioéconomique nous avons rapidement pris des dispositions pour satisfaire les populations conformément au Projet de société du président Ibrahim Boubacar Keïta. Vous avez constaté toute la joie exprimée par les populations qui désormais pourront mener leurs activités économiques et sociales sans contraintes liées à l’électricité. Et nous saluons les populations de Bla pour leur patience. Et d’autres localités qui sont dans la même situation que Bla seront transférées au fur et à mesure sur EDM SA en fonction de ses moyens.