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Période de grande chaleur : Un moment d’enfer pour les «Tchatcho»
Publié le jeudi 23 juin 2016  |  Le Matin




Si la période de chaleur est un moment pénible pour les personnes âgées et les enfants, elle est également un enfer pour les femmes dépigmentées communément appelées «Tchatcho». Et de surcroît, c’est une période favorable aux maladies liées à la peau.

La période de chaleur est un moment d’enfer pour les femmes dépigmentées. C’est un moment où les agressions contre la peau sont nombreuses puisque, le thermomètre peut grimper au delà des 40° dans la capitale malienne et dans de nombreuses localités du pays.



C’est donc une période peu favorable à la dépigmentation de la peau. Selon Dr Adama Dicko, dermatologue, la dépigmentation consiste à utiliser des produits cosmétiques à base d’hydroquinone ou de corticoïdes, dans le but d’éclaircir la peau.

«A Bamako, sur dix femmes, huit se dépigmentent la peau», déplore le spécialiste. Ces femmes utilisent différents produits. Et «il n’y a pas que les corticoïdes. Des substances comme le citron sont utilisées. Même la vaseline contient à 20 % des éléments dépigmentant. Souvent seules les pratiquantes ont le secret de leurs produits», ajoute Dr Dicko. Les produits utilisés contiennent souvent du mercure.

Malheureusement, le phénomène est très répandu et cause d’innombrables problèmes de peau. «Des problèmes esthétiques peuvent survenir avec par exemple des zones résistent aux crèmes et ne s’éclaircissent pas. C’est le cas des doigts, du contour des yeux et du dos… Le traitement de ces zones est très difficile», explique le dermatologue.

Sans compter qu’il faut aussi craindre des complications bactériennes et parasitaires entre autres. «Ces femmes peuvent attraper la gale. Chaque produit a son mécanisme d’action», confie Dr Dicko.

En Afrique, les magazines, la publicité et le cinéma, encouragent d’une certaine façon les personnes à peau fortement pigmentée à avoir une peau plus claire. Cette pratique est devenue un véritable phénomène de société. Des sensibilisations, à travers la radio et la télévision, se font pourtant pour décourager l’utilisation de ces produits vecteurs de nombreuses maladies.

La dépigmentation volontaire est une pratique essentiellement féminine en Afrique. Mais, des hommes sont aussi de plus en plus victimes de ce fléau, notamment en Afrique centrale et sa diaspora en Europe. «J’aime m’éclaircir la peau avec les produits. Ça ne me pose aucun problème sauf en période de chaleur… En temps normal, j’utilise mes mixtures deux à trois fois par jour», nous confie une femme adepte de cette pratique.

La dépigmentation, une pratique qui progresse dangereusement en Afrique. Historiquement, elle a pris son essor en Afrique du Sud. Les marchés des pays anglophones du continent constituent la destination initiale des produits. Ils étaient introduits en Afrique du Sud dès 1961 en Afrique du Sud avant le Sénégal qui a commencé à être inondé à partir des années 70.

Un fléau encouragé par une industrie de plus en plus agressive dans la publicité

Le phénomène se répand rapidement en Afrique subsaharienne à partir des années 80. La dépigmentation volontaire s’est largement développée au cours de ces 20 dernières années, avec la mise à disposition, à la fin du 20e siècle, de moyens techniques d’éclaircissement efficaces, faciles d’emploi et bon marché.

Cette progression pourrait en partie s’expliquer par l’influence que peuvent exercer certaines industries spécialisées dans les cosmétiques pour peaux fortement pigmentées, par le biais de publicités volontairement agressives et omniprésentes dans certaines presses féminines.

C’est dans les années 50 que le potentiel éclaircissant de l’hydroquinone a été découvert de façon fortuite, sur des ouvriers à peau dite noire travaillant dans une usine de caoutchouc aux Etats-Unis. Dès lors, la dépigmentation volontaire commença à se développer dans les années 60 et 70 dans le monde, précisément en Afrique.

Aliou Touré
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