Quoique lancinante et provocante, cette question majeure ne manque pas d’intérêt au regard de l’évolution de la situation sur le terrain depuis la prise du pouvoir par Ibrahim Boubacar Kéïta. Le pouvoir, disent ses partisans, il l’a cherché et il l’a trouvé. Mais, son quinquennat est très mouvementé à tel point qu’il a du fil à retordre. Pourra-t-il quand même résister à la tempête qui tente d’éclabousser son règne ?
Ne nous voilons pas la face. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, tel un astronaute qui était sur la lune, tente de remettre les pieds sur terre, plus précisément à «l’Aéroport Mali». Et pourtant, il n’est plus cet astrophysicien, Cheick Modibo Diarra (Ancien Premier ministre du Mali de la récente transition), dont on dit qu’il n’avait la tête et les pieds que dans les satellites de la Naza aux USA. Coupé brusquement et incompréhensiblement des Maliennes et des Maliens qui l’ont pourtant élu à une écrasante majorité, IBK, que d’aucuns qualifient volontiers de «bourgeois moderne», sentant sa cote de popularité en chute libre, essaye de se réveiller pour redonner confiance à nos concitoyens. Mais, son sommeil est trop profond ; il est même trop doux pour lui à tel point qu’il n’arrive pas à ouvrir les yeux.
Elu donc à plus de 77% par des Maliens qui estimaient qu’il est l’homme de poigne, l’homme qu’il
faut pour relever le Mali, ces derniers, très rapidement, ont déchanté. Du D’abord à cause de la «famillecratie» qu’il a installée au sommet de l’Etat. Jamais depuis l’indépendance de notre pays, la famille d’un président n’a joué un rôle aussi prépondérant dans les affaires publiques, en si peu de temps. À la Présidence de la République (y compris à l’Etat-major particulier), au Gouvernement et à l’Assemblée nationale, ce sont des pans entiers de la puissance publique qui ont été confiés aux membres
du clan présidentiel.
Autre fait décrié aujourd’hui par les populations, le tâtonnement dans la gestion de la crise du Nord. À noter que l’accointance de son parti, le Rpm, lors des législatives avec les rebelles du Mnla, aurait jeté un discrédit sur ses réelles ambitions d’en découdre avec ces bandits armés et leurs acolytes jihadistes et narcotrafiquants. Du coup, la «libération» des trois régions du Nord du Mali, notamment de
Kidal, des mains des forces obscurantistes incarnées par Aqmi, Mujao, Ançar Dine, Mnla et d’autres du genre, est et demeure une grosse épine
sous ses pieds. Comment va-t-il se tirer d’affaire et remettre le Mali sur de bons rails ? La question reste posée.
Comme cela ne suffisait pas, l’affaire Tomi et celle relative à l’achat d’un nouvel avion pour IBK, sont venues corser l’addition. Sur cette dernière, après les opposants politiques, puis les députés de l’Assemblée nationale, c’est le Fmi de Christine Lagarde qui avait tapé du poing sur la table et demande des explications.
À tout cela, s’ajoutent les derniers événements survenus à Kidal avec la débâcle de nos forces de défense et de sécurité. Dans la foulée, on
nous parlait d’un coup d’Etat contre le président IBK ; coup d’Etat étouffé dans l’œuf. Puis, se s’y sont ajoutés plusieurs autres scandales : affaire d’engrais frelatés, des 1000 tracteurs, de disparition d’armes de guerre à la Garde nationale et à l’Intendance des armées….Autant dire qu’en ce début de quinquennat
d’IBK, les événements se succèdent et ne se ressemblent pas, mais ils ont un point commun : ils sont tous malheureux.
Coincé donc de toutes parts, IBK avait versé dans les délires. On se souvient encore qu’en marge du Sommet USA-Afrique, tenu du 4 au 6 août 2014, il disait à nos compatriotes de Washington DC: «Je n’ai pas été élu par les Maliens pour me suicider». Et bien avant cette bourde, il confiait dans une interview accordée à notre confrère François Soudan de Jeune Afrique : «Mon honneur n’est pas à jeter aux chiens»… Tout cela traduit-il un aveu d’impuissance ou de manque de vision pour le Mali ? Sans nul doute !
Le président a donc trop de problèmes et il semble déjà fatigué. Finira-t-il par dire comme son prédécesseur Amadou Toumani Touré qui
clamait à quelques encablures de la fin de son mandat, écourtée par les putschistes, qu’il était pressé de partir de Koulouba pour aller cultiver dans ses champs à Mopti, sa ville natale ? Nous n’osons pas le croire, encore qu’IBK n’a pas de champ à Sébénincoro. Espérons alors qu’il a encore du tonus pour rebondir, même s’il se fait des soucis pour sa santé et aller jusqu’à la fin de son quinquennat, l’essentiel pour lui étant de sortir par la grande porte en faisant en sorte que le Mali retrouve sa place dans le concert des grandes Nations de notre planète.
TANG