La gestion du Pr Bréhima Kaména, Secrétaire général (Ségal) du Ministère de l’Enseignement Supérieur vaut mieux que rien. Mais elle reste la pire de tous les cadres impliquées dans l’appui du programme gouvernemental de l’Enseignement Supérieur dans notre pays. Comme en témoigne sa décision (N°2016 002/CA-ENI-ABT) du 8 mars 2016, fixant, mensuellement, les montants des primes accordées aux membres du Conseil d’Administration de l’ENI-ABT (École Nationale d’Ingénieurs-Abbderhamane Baba Touré) dans le cadre du Comité de suivi et de la commission de gestion du projet d’appui au développement de l’Enseignement supérieur. Depuis, le Ségal du ministère de l’Enseignement Supérieur est au centre de la controverse.
En effet, pendant que les caisses de l’État saignent, les membres du Conseil d’Administration (CA) de l’ENI se la coulent douce avec des traitements princiers. Voilà, tout le sens à donner à l’hémorragie financière que connaît, aujourd’hui, l’École Nationale d’Ingénieurs. Pendant ce temps, les fournisseurs et les créanciers se bousculent au portillon de l’École ; sans que le dirlo, le Dr Mamadou Sanata Diarra, Maître de conférences, ne songe à rendre à César ce qui n’est pas à l’ENI.
Toutefois, avec cette décision du Ségal du ministère de l’Enseignement Supérieur, les 18 membres du CA de l’ENI (dont le Pr Kaména, lui-même représente le ministre Tall) se taillent pendant 6 mois la part du lion. Soit en prime, une enveloppe globale de 32 millions de francs CFA le semestre. À compter du 1er janvier 2016 à ce 30 juin 2016. Et comme repartis, les 7 membres du Comité de suivi, en dehors de leurs salaires de fonctionnaires de l’État, encaissent, respectivement, au terme du premier semestre de l’année 2016 les montants suivants :
Le Représentant du ministre de l’Enseignement Supérieur (le Pr Kaména) touche 500 000F CFA par mois, soit 3 millions de prime en six mois ; le Dg de l’ENI (le Dr Mamadou Sanata Diarra) 500 000F/mois et 3 millions le semestre ; le Point focal émarge 450 000F dans le mois, soit 2 700 000 en six mois ; le Directeurs des études 400 000F ; le Responsable de passation des marchés 400 000F ; l’Agent comptable –responsable financier 400 000F et l’Agent de saisi des données financières 400 000F. Soit la somme de 2 400 000F le semestre pour chacun des 4 personnes et une enveloppe globale de 9 600 000F les six mois pour les quatre individus.
Ensuite viennent, les 11 membres de la Commission de Gestion de l’ENI. Notamment, le Directeur de la recherche ; le Secrétaire général, 5 Chef de DER et 4 Chef de service qui touchent chacun, 200 000F par mois et 1 200 000 le semestre, soit au total une enveloppe de 13 200 000F CFA.
En somme, les 18 membres du Conseil d’Administration de l’ENI, au titre de l’année 2016 touchent comme primes en six mois, la bagatelle de 32 700 000F CFA. En plus de leurs salaires de fonctionnaires de l’État. Quel gâchis. Face à cette gabegie ambiante et à l’affairisme du clan constituant le Conseil d’Administration de l’ENI, doit-on s’emmurer dans un silence pour éviter les foudres de sa colère ?
Heureux, ceux qui se posent, encore, ces questions. Car, il y a longtemps que l’oligarchie financière a anesthésié les convictions des membres du C.A de l’ENI. Et partout, le même constat, l’amer constat : motus et bouche cousue. Personne pour dénoncer ce favoritisme à la pelle. On reste de marbre, face à la gestion du Ségal du ministère de l’Enseignement Supérieur, le Pr Bréhima Kaména (représentant exclusif du ministre Tall) qui hypothèque l’avenir des maliens.
Des mafieux à l’épreuve du temps
Depuis l’arrivée de Me Tall dans le gouvernement et la nomination du Pr Kaména comme Ségal du département et représentant du ministre dans le Comité de suivi de l’ENI, le Conseil d’Administration de cette école supérieure affiche, le cliché d’un monde à part, avec ses « dieux », ses anges, ses prophètes et ses esclaves. Un monde, avec ses lois, ses règles. Un monde dans lequel prévaut une seule règle : tous ceux, qui ne sont pas dévouer pour la cause du CNID-Faso Yiriwaton, le parti de Me Tall, sont des ennemis jurés. Alors, il faut les briser. Coûte que coûte. Et quoi qu’il en coûte. C’est tout le sens à donner à l’octroi de traitements princiers aux cadres-CNID, membres des Comités de suivi et des Commissions de gestion des Universités du Mali. Un challenge à travers lequel, précisent nos interlocuteurs, le Ségal du département de l’Enseignement Supérieur, le Pr Bréhima Kaména, entend prendre sa revanche sur ses collègues, issus d’autres bords politiques.
Toutes ces pratiques sont de mise au Ministère de l’Enseignement Supérieur sous Me Mountaga Tall. Mais personne n’a été inquiété jusque-là. Et pendant que les travailleurs rougissent les yeux, le ministre Tall ; son Ségal, le Pr Bréhima Kaména et le DFM, Modi Sall, se la coulent douce.
Peut-on parler d’homme qu’il faut à la place qu’il faut, lorsque ces trois personnalités règnent, en maître, sur le ministère de l’Enseignement Supérieur, avec une gestion qui jure avec l’orthodoxie financière ? Peut-on parler de changement, dans notre pays, lorsque tout est devenu normal ? À savoir le vol, la corruption, le népotisme etc.
Mais quoiqu’il en soit, il revient à l’État de prendre ses responsabilités. Toutes ses responsabilités. Du moins, s’il tient encore au bien-être des maliens et à la bonne gouvernance.
« Se mettre au service de la veuve et de l’orphelin ne dispense pas pour autant, quand l’occasion s’en présente, de défendre également le veuf et l’orphelin », a dit Pierre Dac, un célèbre penseur.
Jean Pierre James