Mauvaise gestion, détournement de fonds, suppression de programmes pédagogiques… L’Université de Ségou (US) a mal à sa gouvernance. Et ses profs sont en rupture de ban avec le recteur, le Pr Abdoulaye Traoré. Depuis, l’US est très mal en point.
Créée pour faciliter l’accès des étudiants de la Citée des Balazans à la formation universitaire variée et adaptée aux opportunités, l’Université de Ségou est loin de combler les attentes.
Pourtant, sa création avait été saluée et perçue par les maliens comme une innovation majeure dans la politique de décentralisation des services de l’Enseignement Supérieur.
Hélas ! Ces nobles attentes, aujourd’hui, sont loin d’être comblées. D’abord, l’Université de Ségou désenchante à cause de la gestion calamiteuse de ces ressources financières et humaines. Ensuite, le Recteur, le Professeur Abdoulaye Traoré n’arrive pas à se comporter en bon père de famille pour amener sa structure à relever les défis du secteur.
En effet, la dernière gaffe en date est liée à la répartition de l’enveloppe destinée aux heures supplémentaires. Selon des informations venant du Rectorat, pour un effectif total de 1 530 étudiants dont 278 pour la FAMA (Faculté d’Agronomie et de Médecine Animale) ; 916 pour la FASSO (Faculté des Sciences Sociales) et 336 pour IUFP (Institut Universitaire de Formation Professionnelle), l’Université de Ségou a bénéficié auprès du gouvernement malien, une enveloppe de 426,443 millions de FCFA (426.443.998F). Ce montant qui est destiné à couvrir la prise en charge des enseignants non permanents et les heures supplémentaires des enseignants permanents doit, en toute logique, être reparti au prorata des effectifs de chaque faculté ou institut comme cela se fait dans toutes les universités du Mali. Mais au lieu de se conformer à ce principe d’équité, le Recteur, le Pr Abdoulaye Traoré, sous l’influence négative du comité SNESUP corrompu, a procédé à une répartition sur une base injuste et inégale. Ainsi, la Faculté de la Médecine Animale avec 18% de l’effectif global se taille 29% de l’enveloppe, l’Institut Universitaire de la Formation professionnelle avec 22% de l’effectif bénéficie de 39% de l’enveloppe pendant que la Faculté des Science Sociale avec 60% de l’effectif ne bénéficie que de 32% de l’enveloppe. Cette répartition injuste et clanique a eu comme conséquence le dépassement de l’enveloppe financière allouée.
Les facs obligées de revoir leurs programmes pédagogiques
Alerte aux pompes funèbres ! La gestion de l’Université de Ségou dépasse l’entendement. Pour faire face au dépassement budgétaire, le Recteur a trouvé la solution la moins réfléchie ; mais aussi, la moins responsable qui consiste à repartir le dépassement entre les deux facultés et l’institut. À part, la FASSO en lieu et place de cette proposition déjà injuste et indélicate, les autres facultés, à savoir, la FAMA et IUFP ont accepté de réduire considérablement le volume horaire de certaines unités d’enseignement pour rester dans le budget. Une démarche contraire au système LMD.
C’est pour ne pas adhérer à cette combine de formation tronquée que le doyen de la Faculté des Sciences Sociales a décidé, tout simplement, de s’assumer en supprimant du programme du second semestre les modules dont il ne dispose pas d’argent et d’abandonner l’encadrement des mémoires des étudiants par les profs.
Il se trouve que la suppression de ces modules qui sont des unités de valeurs majeures et l’abandon des travaux de recherche en licence 3 constituent des critères de validation des diplômes du système LMD.
Dans cette situation, l’inaction des autorités de tutelles et des parents d’élèves est inquiétante dans la mesure où l’année scolaire tire vers sa fin. Pour ne pas compromettre l’avenir des Étudiants, elles doivent agir pour éviter l’ajournement de toute la faculté, car il serait anti pédagogique de faire passer en classe supérieure des étudiants qui n’ont pas été évalués dans leur matière de base.
En bloc, l’Université de Ségou est devenue un lieu de corruption et de gangrène à outrance. Depuis des lustres, le Rectorat est devenu un lieu de rabais, de folklore et de spectacle. On assiste à la multiplication des actes pernicieux. La gestion des fonds est tout sauf transparent. Et quand il y a décaissement, l’argent coule de source et dans d’autres sources. Autrement dit, les dépenses sont sans rapport avec les besoins réels du service. Pendant que le Recteur, le Pr Abdoulaye Traoré clame, à qui veut l’entendre, que son budget -2016 a été réduit, des sources soutiennent, qu’il a versé 100 millions de francs CFA à son ange protecteur, afin de pouvoir rester à son poste. D’où le refus du Département de se prononcer sur l’organisation de l’élection du Recteur de l’US. Pourtant, son mandat est arrivé à terme depuis des mois.
En attendant, la gestion de l’Université de Ségou est scabreuse à tous les niveaux.
Nous y reviendrons dans nos prochaines parutions.
A. Diallo