L’espoir qu’a suscité le déploiement de casques bleus au Mali a été de courte durée. En effet depuis que la force onusienne a posé ses valises au Mali, le pays et la région Sahel sont devenus le terreau du djihad international derrière le Levant et l’Afghanistan. Les groupes terroristes malgré les coups de boutoir de la force française BARKHANE semblent se déplacer de plus en plus vers le centre du Mali cœur de l’économie agro-pastorale.
Beaucoup de localités qui sont en théorie contrôlées par Bamako sont sans administration à cause de l’intensification des attaques djihadistes incarnées par le sinistre Amadou Kouffa chef de la Katiba du front de libération national du Macina lui-même sous les ordres du terrible Iyad Aghaly à l’origine de plusieurs attentats meurtriers. Cette situation difficile est entrain de pousser à la multiplication de groupes d’auto-défenses un prélude peut être à la future somalisation du Mali.
Le pouvoir central de Bamako ne contrôle en réalité que les grandes villes du centre et du nord du pays. Les villes secondaires sont soient la cible d’attaque où sont isolées car avec les mines anti-personnel les routes qui les relient sont peu sûres. Ce qui complique encore plus les choses c’est le comportement de la couche de la population qui vit en campagne pour conduire les animaux. Le jour berger mais dés que la nuit tombe ; ils se métamorphosent en véritables djihadistes ce qui rappelle un peu le scenario de la guerre du Vietnam où les paysans sont présents dans les rivières le jour mais la nuit ils deviennent de redoutables guerriers.
Cette façon de mener la guerre asymétrique semble favoriser les groupes terroristes qui arrivent à infliger de lourdes pertes aux forces gouvernementales et aux forces internationales. Si les premières attaques ont visé les localités où il ya une faible présence militaire les terroristes poussent leurs audaces de plus en plus loin au point d’attaquer des complexes hôteliers, des casernes qui abritent les forces maliennes et les forces internationales et les convois militaires. Pour venir à bout des terroristes la force « BARKHANE »à mener plusieurs opérations de grande envergure en coordination avec les forces gouvernementales et la MINUSMA. Et après chaque opération comme pour narguer la communauté internationale les terroristes attaquent une place forte à l’aide de véhicules bourrés d’explosifs comme ce fut le cas à Kidal où sept casques bleus guinéen du contingent GANGAN I ont été tués. Si l’attaque a été revendiquée par Ançardine il n’en demeure pas moins que les commanditaires de ce carnage étaient des citoyens de Kidal qui travaillaient pour les troupes de Ban Ki Moon.
L’autre facteur qui permet aux terroristes de trouver des volontaires est le chômage endémique qui frappe le centre du pays qui avait comme ressource principale les devises du tourisme.
Le contexte sécuritaire a même entrainé une psychose dans la région de Mopti au point que l’amalgame a fini par gagner les esprits ce qui a été la cause des sanglants affrontements entre bambaras agriculteurs et éleveurs peulhs soupçonnés de complicité avec les hommes d’Amadou Kouffa. Cette situation a poussé les leaders peulhs de la capitale a demandé au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour ramener le calme cela n’a pas suffit.
Comme si cet appel n’a pas été entendu par les autorités, un jeune professeur enseignant au lycée de Niefunké a décidé de prendre la tête d’un mouvement armé pour protéger les peulhs. A-t-il les moyens de sa politique ? Bénéficie t-il du soutien des leaders peulhs de Bamako ? Ou joue t-il à la propagande ? Ces questions méritent d’être posées car l’écrivain Tahirou Bah depuis la frontière Burkinabé a avait annoncé la création d’un mouvement de libération pour renverser le régime du président El Hadj Ibrahim Boubacar.
Il n’a pas eu le temps de réagir car les troupes du Faso avec le soutien des forces maliennes l’ont rapidement contraint à revenir à la raison. Avec la prolifération de ces groupuscules à connotation religieuse et surtout ethnique c’est l’existence même du Mali qui est menacée. Dans ce désordre que fait la MINUSMA qui a été déployée pour aider le Mali à se relever. Va-t-elle continuer à jouer à la passivité et ensuite faire ses valises comme au Rwanda au tout début du génocide.
A New York le conseil de sécurité a renouvelé le mandat de la MINUSMA en présence du Premier ministre Modibo Keita. Les mesures prises le renforcement des effectifs de la MINUSMA. Face à cette situation qui risque de voir la somalisation du Mali la communauté internationale, le gouvernement malien doit aider l’armée à se relever car c’est elle qui connait bien le terrain. Si le Mali se disloque c’est toute l’Afrique de l’ouest qui en subira les conséquences.
Badou S. Koba