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Milices Peuls : une équation de plus pour Bamako ?
Publié le samedi 25 juin 2016  |  Le Point
MNLA
© Autre presse par DR
MNLA (Mouvement National pour la Libération de l`Azawad)




La nouvelle milice peule éclaire sur les stratégies des jeunes combattants et sur les tensions au centre du Mali, où l'accord d'Alger est à la peine.

Le 20 juin 2015, de nombreux Maliens poussaient un grand ouf de soulagement. Après 3 ans et demi d'une crise politico-sécuritaire sans précédent partie du nord du pays, les groupes armés de la CMA (Coordination des mouvements de l'Azawad) acceptaient enfin de parapher le texte signé un mois plus tôt par d'autres groupes armés (la Plateforme, pro-Bamako), le gouvernement malien et la médiation internationale : l'« accord d'Alger ». Enfin, un cadre de sortie de crise se dessinait. Un an plus tard, le 20 juin 2016, divers acteurs de cet accord de paix se retrouvent à Bamako. L'heure est au bilan. Et tandis que les médias africains analysent (« Peu d'avancées, situation toujours fragile » titre le quotidien Liberté Algérie), tranchent (« Un an après, la désillusion » selon Le Républicain) ou interrogent, à l'instar du burkinabé Le Pays (« Devons-nous fêter l'accord de paix d'Alger ? »), un autre événement est venu parasiter le débat, et s'inviter dans leurs colonnes. Il s'agit de l'annonce de la création d'une milice d'autodéfense peule : l'Alliance nationale pour la sauvegarde de l'identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ). Selon son chef auto-proclamé, un enseignant de 27 ans nommé Oumar Aldjana, elle est dotée de quelque 700 combattants.

Un nouveau mouvement armé voit ainsi le jour au Mali. Que vaut toutefois cette information sur un territoire traversé par une guerre, des trafics, des conflits d'intérêts, des revendications diverses portées par des groupes protéiformes, et où prolifèrent les hommes en armes ? Sans compter que les Peuls sont présents dans de nombreux autres groupes armés. À commencer par les milices d'autodéfense. Le quotidien malien L'Essor nous fait découvrir la plus célèbre d'entre elles, Ganda Koy. Créée dans les années 90, recomposée en 2012 à Mopti, dans le centre, suite aux incursions de groupes séparatistes et d'extrémistes islamistes au nord, elle compte de nombreux combattants songhaïs et peuls, à l'instar de Ganda Izo ou du FLN (Front de libération du nord du Mali). On retrouve aussi des Peuls dans des groupes islamistes radicaux, et notamment au sein du Mouvement de libération du Macina (MLN), créé début 2015 par Hamadoun Koufa - un prêcheur, supposé proche d'Ansar Dine, qui glorifie l'empire théocratique du Macina fondé par Sékou Amadou lors d'un autre Djihad, au XIXe siècle. Si l'ANSIPRJ, ce nouveau venu dans la nébuleuse des groupes armés au Mali, a retenu l'attention dans la presse africaine, c'est d'abord, nous dit Bénin Monde Infos, parce qu'il est « le résultat des errances politiques de Bamako ».

Les failles de Bamako dans l'application de l'accord d'Alger
« Même si la naissance de l'ANSIPRJ est perçue comme un cheveu dans la soupe, elle reste le produit de la politique d'un pas en avant et de deux pas en arrière de Bamako dans la mise en œuvre des clauses de l'accord d'Alger », peut-on lire sur le site béninois. Il déplore que « le déploiement de conseils régionaux, ces autorités intérimaires mixtes composées d'éléments de l'État central et de groupes armés » n'ait eu lieu qu'une semaine avant ce premier anniversaire de l'accord de paix. Et même si ce retard n'est pas imputable au seul État malien, il ne s'est pas distingué en pratiquant « la politique de la chaise vide » lors du forum pour la paix organisé à Kidal fin mars. « Bamako manque de fermeté dans l'application de l'accord », regrette Bénin Monde Infos. Et de brosser le contexte plus que turbulent qui favorise l'émergence de mouvement armés : « Assassinats ciblés, rapts, attentats, braquages et explosions mortelles sont le lot quotidien des populations de Mopti, Tombouctou ou encore de Kidal. »
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