Le sujet a été largement relayé par les médias dont votre journal préféré sans que l’on sache pourquoi il n’a pas toujours eu lieu. Il y a deux semaines, nous écrivions qu’IBK a décidé de ne rien décider en conservant l’actuel Premier ministre, Modibo Kéïta. Cependant il semble que le président de la République a changé, encore une fois de décision en choisissant cette fois-ci Mohamed Ag Erlaf, l’actuel ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l’État comme Chef du futur gouvernement auquel il aurait donné les pleins pouvoirs pour un grand nettoyage des écuries d’Augias selon nos sources généralement bien informées. Nos mêmes sources précisent que le prochain remaniement risque de soulever un tsunami à la Cité administrative. Sur les 32 ministres actuels seuls deux ont trois ont des chances d’être reconduits mais pas forcément au poste qu’ils occupent dans le gouvernement Modibo Keita II.
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Les partenaires du Mali qui ont constaté avec amertume que le processus de paix au Nord n’a pas bougé d’un iota et ils s’étonnent fort du fait que malgré cette léthargie, le président de la République veuille garder le Premier ministre Modibo Kéita à la tête du futur Gouvernement. Il faut reconnaitre qu’IBK a d’énormes problèmes. Après trois Premier-ministres en 3 ans, il ne faut pas surtout se tromper sur le quatrième qui doit l’accompagner pour la sortie de crise mais surtout l’aider à rempiler pour un second et ultime mandat. Pour cela il faut un travailleur et un rassembleur qui puisse faire l’unanimité autour de
Mohamed Ag Arlaf est respecté par les caciques du Rassemblement pour le Mali (RPM), ses amis de l’Adéma -dont il est un sympathisant mais pas militant- mais aussi par les membres de la CMA et de la Plateforme qu’il pourra convaincre facilement à rentrer dans la nouvelle équipe gouvernementale.
Le futur gouvernement Ag Erlaf doit consacrer l’entrée en son sein de cadres de formations politiques de la Majorité engagées dans la constitution du vaste front qui doit porter la candidature du Président IBK pour un second mandat. On parle d’une dizaine de ministres issus des rangs des partis politiques
Des noms circulent déjà, mais attendons de voir.
C’est donc le premier pas dans la mise en œuvre de la stratégie concoctée pour faire une opa sur Koulouba et assurer ainsi un second mandat au bourgeois de Sébénicoro. Leurs cadres seront aussi casés. Il s’agit de rassurer les partenaires politiques par une distribution de strapontins et en même temps les mettre en ordre de bataille car c’est de cela qu’il s’agit : un gouvernement de combat. Ce qui explique l’arrivée d’Ag Erlaf. En effet, il est difficile, à l’heure actuelle, de confier le gouvernement à un politique. Si un politique s’imposait à IBK, il devait venir des rangs du Rpm. Mais on ne peut zapper le secrétaire général du parti, Dr Bocari Tréta, pour donner la responsabilité à un autre cadre du parti. C’est pourquoi, d’ailleurs, Tréta a investi la base pour se protéger d’une probable éjection de son piédestal de secrétaire général, lors du tout prochain congrès prévu, en principe, pour ce mois de juillet.
En effet, Tréta constitue un véritable problème aussi bien pour le Rpm que pour la Majorité. En ce qui concerne le Rpm, il est soutenu par des cadres qui trouvent logique qu’il ait des ambitions le poussant à réclamer la gestion du gouvernement en tant que parti au pouvoir. Surtout que, dès après l’élection d’IBK, le 1er vice-président, Dr Boulkassoum Haïdara, a été bien servi : il est le président du Conseil économique social et culturel.
Au niveau de la Majorité, on reproche à Tréta sa fermeture qui frise un clanisme au profit du seul Rpm. Raison pour laquelle, les chefs de parti se méfient de lui et préfèrent négocier directement avec IBK, plutôt qu’avec lui. IBK l’a certes compris sur le tard, mais s’y est quand même mis depuis un certain temps. Ceci expliquant cela, il y a eu, brusquement, un regain d’activisme de la part de quelques partis de la Majorité dont le discours est essentiellement tourné vers les élections locales et la présidentielle de 2018.
Constituer un bloc avec les partis de la Majorité pour rafler la mise partout
C’est cette stratégie de constitution d’un vaste front qui est à la base du fameux appel à soutenir le président de la République pour réussir sa mission au vu de la situation délicate qui plombe le quotidien des Maliens. C’était aussi pour donner l’occasion à des partis de l’Opposition démarchés auparavant de rejoindre le camp du pouvoir. Sous le prétexte de répondre à l’appel du chef de l’Etat, comme Amadou Koïta de Ps-Yéleen Kura, on abandonne les camarades de l’opposition pour déménager chez IBK avec armes et bagages.
Il se trouve que pour ces élections locales, la stratégie idéale concoctée au niveau de thuriféraires du Rpm, c’est de faire bloc avec les partis de la Majorité pour rafler la mise partout, ouvrant ainsi un boulevard à IBK pour 2018. Sauf que, dans ce schéma, le Rpm se taillera la part du lion, les autres n’étant là que pour l’accompagner, disons même amuser la galerie pour des partis politiques qui pourraient tenir leur congrès dans une cabine téléphonique. C’est d’autant plus important qu’avec les réformes envisagées, les présidents de région et de cercle, ainsi que les maires, seront élus au suffrage universel direct. Ce qui veut dire : exit les possibilités de manœuvres pour acheter la conscience de conseillers au moment de désigner ceux qui doivent présider les organes délibérants des localités, comme auparavant.
S’y ajoute que les nouveaux présidents des régions, désormais présidents de l’Assemblée régionale et en même temps chefs de l’Exécutif régional, pèseront de tout leur poids sur la balance électoraliste lors du prochain scrutin présidentiel. L’idéal, pour le parti au pouvoir, c’est de contrôler toutes les régions pour se mettre à l’abri d’une surprise. Mais le pourrait-il sans un vaste front au nom de l’unité au sein de la Majorité présidentielle où de grands partis, murs et pleins d’expérience connaissent les enjeux des élections locales pour ne pas se laisser embarquer dans un deal perdant. Disons pour ne pas se faire harakiri.
C’est dire qu’ avec les élections locales qui seront tenues bientôt au regard des exigences de délai prévu par l’Accord d’Alger, à quelques encablures de la prochaine présidentielle, la Majorité joue son avenir car les premières lézardes sont apparues avec la déclaration de candidature pour 2018 de Moussa Mara et Oumar Mariko, mais d’autres grandes formations politiques vont bientôt leur emboîter le pas en clamant haut et fort leur démarcation en présentant un candidat contre IBK.
Avec Mohamed Ag Erlaf le président de la République peut limiter les dégâts.
A.D.