A l’occasion de la semaine des victimes, la Comaddh a organisé, le samedi 25 juin 2016 au CICB, une table ronde entre le représentant de l’Etat, celui de la Société Civile, le partenaire Technique et financier et les victimes. Objectif : échanger sur le droit à la justice. Les victimes ont saisi l’occasion pour dénoncer les lenteurs dans les procédures judiciaires.
Ils étaient nombreux les victimes et parent de victimes pour échanger avec M Diakité, juge et conseiller au cours d’appel de Bamako, sur leurs droits à faire prévaloir.
En prenant la parole, Marie Laure, représentant les partenaires techniques et financiers, a expliqué les rouages de la justice internationale par rapport aux crimes de guerres, les crimes contre l’humanité, comment les victimes peuvent accéder à la justice et obtenir leurs droits. Le magistrat, M Diakité a rappelé comment les juridictions sont organisées au Mali, les moyens institutionnels offert à toutes les parties, les actions menées par l’Etat depuis 2012 jusqu’à nos jours sur les cas de violations graves. Il a également rappelé les conventions signées par le Mali, les instruments sous-régionaux ratifiés, les instruments nationaux de notre pays. Il a indiqué que tout a été mis en œuvre dans la constitution pour que tout le monde puisse avoir accès à la justice par une distribution et l’organisation judiciaire à travers le pays.
Cependant, selon lui, au nombre des arrêts pris par l’Etat depuis le début des événements jusqu’à nos jours sur plus de 115 dossiers déposés, le tribunal a pu juger une quinzaine et a classé certains sans suite pour faute de preuves. Il dira que l’Etat a amené la compétence des juridictions du nord au niveau du tribunal de la Commune III et le tribunal de la cour d’appel de Kayes pour permettre aux victimes de déposer leurs plaintes. Les victimes ont estimé qu’il y a véritablement une lenteur dans les enquêtes, la gestion des dossiers et ont cherché à savoir comment va se passer les réparations. En réponse, le conférencier, magistrat de son Etat, n’a pas manqué d’évoquer les obstacles.
Selon M Diakité, les premiers obstacles sont liés aux victimes elles mêmes (poids de la tradition et de la religion, insécurité etc.). Il a indiqué que le tribunal a saisi la cour de justice internationale et l’Etat a mis en place une commission de réinsertion et de cantonnement. Là également certaines victimes ont estimé que la lenteur au niveau du cantonnement augmente le nombre des victimes car sur 24 sites prévus, 3 seulement ont été constitués. Certains s’interrogent, aujourd’hui, si c’est par peur ou une fuite de responsabilité que les choses trainent. Concernant les réparations, le représentant de l’Etat a indiqué que pour traiter les victimes et leurs ayants droits la CVJR a été créée pour épauler la justice classique.
Le représentant de la Société Civile, Tierno Amadou Sissoko a, quant à lui, énuméré les différents efforts déployer par les organisations de la société civile et les ONG dans le domaine de la vulgarisation (partage du concept, renforcement des capacités des victimes, formations des formateurs). Il a indiqué qu’il ya une cartographie des victimes qui a été faites dans toutes les régions et une base de donnée a été constituée. Aussi, selon M. Sissoko, des Assistances judiciaires ont eu lieu et 80 victimes ont déjà constituées en pôle et qui ont déposé des plaintes.
Parmi les actions menées, il a aussi parlé de l’élaboration d’un projet de texte pour la protection des victimes et acteurs de la justice. Aussi, une coordination nationale de victime fut créée. Des marches des femmes des bérets rouges ont été organisées par la société civile pour réclamer des droits. Selon M Sissoko, le principal défi reste l’accès des victimes à la justice, la lenteur constatée, la faible opérationnalisation de la CVJR dont la présence sur le terrain est encore timide. Il a indiqué que les libérations que le gouvernement a procédé constituent un obstacle pour conserver la mémoire des victimes par rapport aux crimes.
Fakara Faïnké