Suspecté d’avoir mis sur pied un véritable réseau d’arnaque dont lui seul est maître à bord, l’interpellation de cet homme qui dit s’appeler Modibo Dembélé, par le commissaire principal Moussa Fassiriman Keïta et ses éléments, dévoile ce que l’intelligence est capable de causer lorsqu’elle est mise au service du mal, vu le large champ d’action et la liste des victimes qui ne cesse de s’allonger.
Une association religieuse musulmane féminine très respectée de Sébénicoro; un directeur d’école exemplaire et de nombreux malades dont des désespérés de la même localité; deux médecins sans histoires. Telles sont les victimes déclarées de cette arnaque multiforme. 7 625 750 F CFA, tel est le total des sommes extorquées à une petite partie des victimes déclarées. Deux soit-transmis respectivement des 9ème et 15ème arrondissements de police de Bamako. Telles sont les procédures ouvertes contre le même individu.
La fausse assurance maladie
Nous sommes à Sébénicoro, il y a un peu plus de trois mois. Le sieur Modibo Dembélé fait la connaissance de monsieur B. Sanogo, directeur d’une école, grâce à un collègue de ce dernier. Il se présente à lui comme étant un médecin responsable d’une fondation humanitaire dénommée «Oumou-dilly», qui œuvrerait principalement dans l’aide aux populations vulnérables. Convaincu par ses propos, le directeur décide de le mettre en contact avec une association d’une soixantaine de braves et honnêtes femmes musulmanes qui, de son point de vue, méritent de bénéficier de l’aide d’une telle fondation. C’est ainsi que s’est tenue la première rencontre entre la soixantaine de femmes que compte l’association et Modibo Dembélé. Après le rejet de son projet d’élevage de poulets par les dames pour manque de local adéquat, il leur demande leur niveau d’instruction avant de décider de doter les commerçantes de fonds de soutien et de trouver des emplois d’infirmières aux instruites en leur promettant un salaire mensuel de 50 000F; quand il s’est aperçu que la plus prompte à la parole est technicienne de santé sans emploi. Aux premières il réclamera la somme de 15 000 et aux secondes 20 000 F comme caution ou frais de dossier. Ce que les bonnes dames ne rechignent pas à lui remettre. Sans avoir rempli cet engagement, il va proposer aux membres de l’association la possibilité de servir en tant que recruteuses pour une assurance maladie à bas coût qui dépendrait de sa fondation. Promettant aux souscripteurs de bénéficier de soins à moindre frais et même d’évacuations sanitaires à l’étranger. Aux dames, Modibo Dembélé aurait promis une commission de 5 000 F par souscription. Connues comme étant des dames très honnêtes, plusieurs personnes auraient contracté une souscription à des sommes allant de 100 000 à plus de 250 000 F. Deux grands malades dont l’un nécessite des soins à des coûts très élevés et l’autre une évacuation sanitaire à l’étranger, auraient respectivement déboursé 409 000 et 600 000 F.
La vente de logements qui n’existent pas
Ayant suscité la confiance auprès des gens, une des souscriptrices à la fausse assurance maladie aurait abordé le sujet avec son médecin traitant dans une clinique à l’ACI-2000. Celui-ci, cherchant à en savoir plus, est lui aussi tombé dans les filets du suspect. A ce médecin, le sieur Modibo va proposer un partenariat entre sa clinique et sa fondation à lui. Par la suite, il lui aurait proposé la possibilité d’être propriétaire d’un appartement de haut standing dans une cité dont il serait propriétaire à Samaya. Modibo lui aurait dit que l’acquisition du logement serait lié au versement d’une première tranche de 500 000 F. Dans l’intention de se rassurer, le médecin se rend sur le site des logements à Samaya et trouve un gardien qui, sans pouvoir lui dire le nom du propriétaire, lui indiquera que tous les appartements sont déjà retenus à l’exception de deux. Coïncidence malheureuse, cela va conforter le médecin dans l’erreur qu’il est en train de commettre. Il va même, dans le souci d’aider un de ses collègues du CHU Gabriel Touré, amener ce dernier à engager la procédure pour acquérir le deuxième logement restant.
Mais les semaines passant, rien de tout ce qu’il aurait dit aux uns et aux autres ne se réalisera. Ainsi, le doute s’installera dans le cœur des gens. Surtout ces bonnes dames qui ont amené des dizaines de gens à souscrire à cette assurance maladie fictive. Pendant ce temps, le sieur Modibo disparait de la circulation. Désemparées, elles vont chercher du secours et c’est ainsi qu’on les envoie vers le Commissaire Moussa Keita alias Mandé-mansa.
L’action du commissariat spécial de police
Malgré que les faits se soient déroulés à Sébénicoro, si c’est auprès de ce service qu’elles sont venues chercher réparation du préjudice subit, cela n’est pas le fait du hasard. Car, depuis sa prise de commandement dans ce Commissariat, Moussa Fassiriman Kéita en a fait l’un des pôles majeurs de la lutte contre le banditisme dans le district de Bamako. Par un savant mélange de techniques d’enquête traditionnelles et modernes, par une approche qui rassure les victimes et confond les criminels, sans oublier la disponibilité d’un personnel bien formé et dévoué à la tâche, Mandé-mansa a su rétablir la collaboration avec les populations et résoudre des affaires réputées énigmatiques. On se souvient encore de la très médiatique affaire où il a mis en déroute un réseau de faussaires de documents administratifs.
Pour cette foi encore, il comblera toutes les attentes. Sa Brigade de recherche va remuer ciel et terre pour enfin dénicher et mettre aux arrêts le sieur Modibo Dembélé, présumé auteur desdites arnaques.
Il faut noter qu’il se serait engagé, sur manuscrit, à rembourser les deux médecins. Sur une liste de 49 plaignants en ce moment, on note la bagatelle de 7 625 750 F CFA. Et la liste des victimes continue de s’allonger. Les 9ème et 15ème arrondissements ont signalé des soit-transmis à leur niveau.
Ce serait donc d’une grosse ordure que le commissariat spécial du chemin de fer de Bamako vient de nous débarrasser si les charges se confirmaient à la fin de la procédure contre celui qui aurait escroqué d’honnêtes citoyens tout en les utilisant, malgré eux, pour dépouiller d’autres nécessiteux.
Abdoulaye KONATE