STRASBOURG - François Hollande s'exprime mardi devant le Parlement européen de Strasbourg dans un discours attendu, deux jours avant le sommet de Bruxelles où l'adoption du budget de l'UE pour la période 2014-2020 s'annonce très difficile.
C'est la première fois, depuis son arrivée au pouvoir que le président français s'exprimera devant les parlementaires européens.
Son discours, prévu en milieu de matinée après une intervention du président du Parlement Martin Schulz, sera suivi d'un échange avec les parlementaires. Les deux dirigeants tiendront ensuite une conférence de presse commune à 12h00, avant que M. Hollande ne rencontre les élus du groupe de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates.
L'intervention du chef de l'Etat est très attendue alors que rencontres et tractations se multiplient entre dirigeants européens pour tenter de trouver un compromis sur le budget pluriannuel de l'UE, discuté jeudi et vendredi à Bruxelles.
M. Hollande a lui-même admis samedi que les conditions n'étaient "pas encore réunies" pour y parvenir, soulignant la difficultés de concilier les intérêts divergents entre les Etats favorables comme la France, l'Espagne et l'Italie, à une politique privilégiant croissance et solidarité et ceux partisans de coupes franches dans les dépenses, comme l'Allemagne, la Grande-Bretagne, les pays nordiques et le Pays-Bas.
"Il nous reste quelques jours, et j'imagine une nuit entière, pour aboutir
au résultat que nous souhaitons tous, c'est-à-dire une négociation réussie",
a-t-il dit laissant présager un accouchement dans la douleur de ce budget sur
lequel les 27 n'avaient pas réussi à s'accorder en novembre dernier.
M. Hollande qui a rencontré dimanche le président du Conseil italien, Mario
Monti, doit retrouver mercredi soir la chancelière allemande Angela Merkel,
venue à Paris à l'occasion du match amical France-Allemagne. Passionnés de
football tous deux, ils devraient aussi se pencher sur le dossier européen
pour tenter de rapprocher leurs points de vue à la veille du sommet européen.
A Strasbourg, M. Hollande rappellera sa vision de l'Europe, avec comme
priorité la croissance, l'emploi, la solidarité, l'approfondissement de
l'Union économique et monétaire alors même que l'intégrité de l'UE est mise en
péril par la volonté de la Grande Bretagne d'organiser avant fin 2017 un
référendum sur son maintien ou non dans l'UE.
"La vocation de son discours n'est pas de répondre" au Premier ministre
britannique David Cameron, explique-t-on de source diplomatique à l'Elysée
mais François Hollande "fera sa propre analyse, ses propres propositions" et
après "on pourra voir les différences", ajoute-t-on. Le 23 janvier à l'annonce
de ce référendum, M. Hollande avait jugé qu'il n'était "pas possible de
négocier l'Europe" et d'utiliser une telle consultation "pour la rabaisser".
Trois jours après son déplacement au Mali, où il a été accueilli en
"libérateur", le chef de l'Etat devrait aussi évoquer la situation dans ce
pays, où la France est engagée militairement depuis trois semaines avec un
soutien européen considéré jusqu'à maintenant comme timide par nombre
d'observateurs.
L'ancien ministre Alain Juppé (UMP) a récemment estimé que "l'Europe avait
été nulle" dans ce dossier. Après l'aide logistique apportée par certains
pays, l'UE doit désormais déployer au Mali des formateurs pour permettre aux
forces africaines de prendre le relais de la France.
Lors d'une visite à la mairie, M. Hollande devrait par ailleurs rappeler
"l'engagement de la France" dans le siège du Parlement européen alors que sa
localisation à Strasbourg est contestée par certains parlementaires européens.
M. Hollande rencontrera en outre à la préfecture le président tunisien
Moncef Marzouki, présent à Strasbourg.