Toutes les carcasses vivantes qui composent la troupe familiale te disent ‘’Salamalek !’’.
Aussi, grâce à Dieu (et à toi aussi), grand-mère arrive encore à poser la marmite sur le feu. Au moins, une fois tous les trois jours. Alhamdouluhi donc. Surtout que, notre vieille maison en ciment traditionnel, pardon, en banco, tient bon encore. Ce détail, cher oncle, est de taille, car certains Maliens d’en bas, payent de leur vie, à chaque hivernage, l’effondrement de leurs…gîtes. D’ailleurs, même des immeubles et autres bâtiments construits par des ‘’ingénieurs’’ professionnels en bâtiment, s’écroulent chaque année. Et le coupable, dans tout ça, n’est autre que l’Etat malien lui-même. Et pour cause. Dans le Mali d’aujourd’hui, même des margouillats bipèdes se proclament entrepreneurs, architectes, ou ingénieurs. Très souvent, avec la complicité de Moutons de la République haut perchés qui leur filent des marchés dans le domaine et à concurrence de plusieurs millions de nos francs. Des bâtiments publics et privés sont ainsi construits, sans la moindre norme de sécurité. L’essentiel pour les caïmans étant de se remplir les panses en s’abreuvant de notre (nous les maliens d’en dessous) sang et en se baignant dans notre sueur.
Combien sont-ils, ces édifices publics et privés, construits à coût de milliards de nos francs et qui n’attendent que quelques petites années, des mois, des semaines, voire des jours ou des heures pour s’effondrer ? Mieux vaut ne pas y penser, mais plutôt, prier Allahou Soubahana Watallah, qu’à l’heure fatidique, ne soit sur les lieux, aucun être humain. Même pas ces ‘’assassins’’ d’ingénieurs ou d’entrepreneurs de bâtiments de la …25ème heure.
Quel sort pour les nombreux poulaillers dans lesquels vivent les maliens d’en bas par ces temps d’hivernage ? Ha ! Fantambougou, le royaume des pauvres, l’implacable ‘’nation’’ de la misère, de la désolation et du désespoir…
Et dire que face à cette si vieille agglomération de chaumières, se dressent arrogamment, des châteaux et autres villas cossus, bâtis sur le dos du contribuable par une poignée de voleurs ?
Non, mon cher oncle, je ne suis point jaloux, ni envieux du bonheur des autres… Toi-même, tu sais. Seulement, je ne suis pas d’accord avec un quelconque bonheur acquis en suçant le sang des Maliens d’en bas qui constituent l’écrasante majorité des fils de ce pays.
Honte aux moutons de la République, à leurs protecteurs et à ceux chargés de les abattre, mais qui sont devenus plus ‘’moutons’’ qu’eux. Tous, peuvent continuer de courir et de gambader. Lahara viendra, Inchallah ! Et là-bas, la justice, l’égalité et l’équité que l’on nous refuse sur cette terre malienne à nous tous, seront réalité. Walahi, bilahi, je jure ! Mais, je prie Dieu, qu’avant ce jour, ici même sur cette terre de misère, les Voleurs de la République et leurs complices soient exposés dans les vitrines de la honte pour être arrosés quotidiennement de nos crachats !
En attendant je te confirme qu’effectivement, les ‘’Maliens par terre’’ que nous sommes continuons toujours d’être soumis aux règles de la guérilla pour survivre. Un combat qui s’éternise et dont les règles sont fixées par les dures réalités de la pauvreté généralisée dans ce pays.
A Fantambougou, nous n’avons que ce combat-là, mais nous ne le redoutons point. Walahi, bilahi, je jure !
Dans ma prochaine lettre, je te promets de t’informer sur tous les événements majeurs qui marquent actuellement la République et la Rue-publique.
A Lundi prochain Inchalla !
Par ton petit Ablo.