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Vers une libération de l’ex-putschiste Amadou Haya Sanogo: Le régime IBK risque gros !
Publié le lundi 27 juin 2016  |  Le Sphinx
Capitaine
© Autre presse par DR
Capitaine Amadou Sanogo




Au regard des nombreux privilèges à lui accordés, nombre de concitoyens aimeraient bien être aujourd’hui à la place du bourreau de Kati, à savoir, le Capitaine-général Amadou Haya Sanogo. Et pour cause, le détenu bénéficie à l’heure actuelle du traitement accordé aux anciens chefs d’Etat, d’un salaire de Général 4 étoiles et autres avantages liés à ses deux statuts. Et comme si cela ne suffisait, le pouvoir en place a visiblement décidé de le faire relaxer…, à ses risques et périls !


Le transfert du prisonnier de Sélingué à Manantali en décembre 2014, puis à Sélingué en Mars 2015, apparaît aujourd’hui avec le recul, comme un subterfuge ayant pour finalité l’amélioration des conditions de vie et de détention du prévenu. Et certainement à la longue, sa relaxe pure et simple.

C’est une villa cossue initialement aménagée pour l’ex-putschiste guinéen, Dadis Camara, puis restructurée pour les besoins de la cause, qui sert aujourd’hui de prison au Capitaine-général Amadou Haya Sanogo. Et selon toute évidence, son transfert de Sélingué à Manantali puis de Manantali à Selingué dans l’intervalle de 3 mois (fin Décembre

début Mars) n’avait autre motif que le réaménagement du premier site d’accueil (Sélingué) à hauteur de plusieurs dizaines de millions F CFA. Objectif atteint: le prisonnier jouit désormais de tous les privilèges dus au rang d’un généralissime doublé de putschiste.

Au regard du confort qu’elle offre, la villa en question a tout l’air d’un logement dévolus aux anciens chefs d’Etat et/ou présidents de la République conformément aux textes portant statut des anciens dignitaires en République du Mali.

Il nous revient par ailleurs que la famille du détenu est appelée à le rejoindre à Selingué dans les prochains jours, si ce n’est d’ailleurs fait. Ce n’est, en tout cas, pas la place qui manque ici.

En attendant, les geôliers du célèbre prisonnier (Gendarmes et éléments de la Garde Nationale) lui rendent tous les honneurs dus à son rang et à son grade. Des matches de foot sont régulièrement organisés par le prisonnier et ses gardiens et, tenez-vous bien, c’est le premier qui offre le trophée et les récompenses aux meilleurs joueurs et buteurs de la rencontre.

C’est dire que l’homme est riche, très riche. Bien entendu : en plus des traitements de faveur dus à son statut d’ancien chef d’Etat et de Général 4 Etoiles, il possède des dizaines de villas en location à travers la capitale. Ne parlons des nombreux butins de guerre obtenus à l’issue du coup de force de mars 2012 (l’on se souvient que les banques et services de recouvrement ont été littéralement pillés). Enfin…

Cette amélioration conséquente des conditions de vie et de détention du prévenu semble, en tout état de cause, être le prélude à sa libération pure et simple.

Le puits de la maison de Sanogo à Malibougou oû on a retrouvé le corps du colonel Youssouf Traoré

Au nom de l’accord de paix et de la réconciliation nationale

Le créneau est tout trouvé: l’accord de paix signé entre les groupes armés et Bamako ! C’est bien dans ce registre que le cas Amadou Haya Sanogo sera placé. D’ores et déjà, les prêcheurs et autres leaders d’opinion sont mis à contribution en ce mois de Ramadan pour prôner le pardon et la réconciliation nationale dans les mosquées, lors des prêches dans les rues de la capitale et sur les antennes des radios de proximité.

En vérité, la confusion est délibérément entretenue. Les messages diffusés çà et là appellent à oublier et pardonner tous les crimes perpétrés, y compris au nord qu’au Sud, c’est-à-dire à la suite de la rébellion que du coup de force de Mars 2012 et des préjudices collatéraux de part et d’autres. Un pardon intégral ? Certainement, mais aussi et surtout, un fourre-tout qui se justifie amplement par l’argument des partisans du putschiste et selon lequel, l’on ne saurait accorder pardon au criminel du nord et condamnation à celui du sud.

Si l’argument brille par sa pertinence, il pèche aussi par sa légèreté. Et pour cause. L’accord de paix cité en référence exclut tout armistice et pardon en faveur des criminels de guerre ou reconnus comme tels, à l’image par exemple d’Iyad Ag Aly, Moktar Belmoktar, entre autres. Même si pour sa part, Amadou Haya Sanogo, à l’image de ceux-ci, n’a revendiqué aucun crime, il est lui, inculpé d’assassinat, de complicité d’assassinat et d’enlèvement. Et la découverte de différents charniers à Kati et ailleurs n’est pas de nature à l’aider.

En décembre 2013 et février 2014 en effet, trois fosses communes contenant les restes de militaires portés disparus (Bérets-rouges et Bérets verts) ont été retrouvées à Kati. Et les tests ADN effectués sur les dépouilles ont été largement concluants. Les prisonniers portés disparus dont les restes venaient d’être retrouvés ont été expressément exhibés à la télé par les putschistes.

C’est bien pour tous ces motifs, que le juge d’Instruction Yaya Karembé a inculpé le prévenu Amadou Haya Sanogo suite à une plainte introduite par les ayant-droits des victimes fortement soutenus par les associations de défense des droits de l’Homme (AMDH, FIDH, Ligue Internationale des Droits de l’Homme, etc.) lesquelles se sont, au demeurant, constituées partie civile et ont introduit une requête auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI). Pour faire court, au-delà de la juridiction malienne, le dossier Amadou Haya Sanogo est susceptible d’être examiné et traité sous d’autres cieux.

En attendant, c’est surtout la démarche complaisante du régime en place qui risque de poser problème. L’ex-putschiste jouit à l’heure actuelle de tous les conforts et avantages pendant que ses victimes ou présumées telles vivent les moments les plus sombres de leur existence. Elles ont désormais l’impression, en tout cas, à travers le statut accordé à leur bourreau, qu’il n’y aura plus de justice. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la suite des événements.

Batomah Sissoko
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