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Ramadan: Ça ne « jeûne » pas au moulin à céréales
Publié le lundi 27 juin 2016  |  Les Echos




De nombreuses activités sont réduites en ce mois de ramadan. Un coup dur pour beaucoup, mais pas pour d’autres. Kassim Karembé, meunier, en est un. Une journée dans son moulin à céréales au Badialan III-Kodalabougou.


Le petit marché de Badialan III-Kodalabougou (Commune III) se remplit petit à petit de clients. Il est presque 9 h. C’est à l’entrée de ce marché que se trouve le moulin à grains de céréales de Kassim Karembé.

Le meunier a pris de l’avance ce matin. Ses premières tasses de grains de mil sont déjà moulues. Assis un peu à l’écart, Kassim Karembé suit de près les va-et-vient des clientes. Ce sont ses employés qui recueillent les grains de céréales.

Une jeune fille du nom de Kouma Traoré vient de déposer le mil de sa mère, une vendeuse de beignets dans le quartier. Elle doit payer 35 F CFA, tranche l’un des employés assis à l’entrée du moulin, après avoir jeté un coup d’œil dans sa tasse.

La taille moyenne, le teint noir, Kassim Karembé, a appris à manier le moulin il y a plus d’une dizaine d’années. « C’est auprès d’un grand maître que j’ai appris ce métier », se félicite-t-il.

Apprenti assidu et attentif aux instructions de son patron, il l’a été. L’apprenant est installé depuis plusieurs années à son propre compte. Il est chargé aujourd’hui d’en apprendre à d’autres jeunes non scolarisés comme lui. Beaucoup de ses anciens apprentis volent de leurs propres ailes présentement.

Travailler dans un moulin à grains de céréales demande du courage, selon le meunier. « Nous n’avons pas d’heure de descente. Tant qu’il y a des clients, nous travaillons de jour comme de nuit ». Et de continuer : « A l’approche du ramadan, beaucoup de gens apportent leurs grains de céréales à moudre. En cette période, il nous arrive de travailler tard. Souvent je peux avoir 15 000 F CFA ou plus de recettes par jour ».

Aux premières semaines du ramadan, l’affluence est grande atteste Karembé. A mi-chemin, l’ambiance n’est plus la même. Et pour cause.

« Je pense que cela est dû à un manque de moyen et à la cherté aussi du prix de mil. Mêmes les vendeuses de beignets et de galettes qui amenaient plus de grains à moudre en farine ont réduit leur quantité habituelle. Elles complètent maintenant avec la farine de blé. Tout cela diminue notre rythme de travail », se désole-t-il.

A l’intérieur de son grand magasin, deux moulins à grains de céréales sont installés. Le premier à droite à l’entrée pile les grains de céréales. Le second moud en farine plusieurs sortes de céréales : mil, riz, sorgho, maïs, arachide, haricot… Le prix varie selon la quantité.

Awa Sissoko, ménagère est de retour du marché. Elle vient retirer ses deux tasses de mil moulues qui lui ont coûté 125 F CFA. A part la coupure d’électricité, qui est indépendante de leur volonté, Awa affirme qu’il n’y a pas de reproche à faire au travail de Kassim.

A la devanture du moulin à grains de céréales, un autre moulin mobile est placé. Celui-ci est réservé aux légumes. Des femmes optent pour ce moyen plus moderne et moins coûteux afin d’être au rendez-vous de midi.

Une cliente avec dans sa main ses oignons épluchés est convaincue. Pour gagner du temps, elle passe les déposer avant de faire son marché. Sur un ton plutôt amical, elle lui demande le prix. Réponse automatique « c’est 100 F CFA », répond Kassim. Toutes les clientes l’appellent ainsi. Sans attendre, notre cliente du jour lui tend une pièce de 200 F CFA. Le meunier lui rend la monnaie. Un sac attaché à sa taille lui sert de porte-monnaie.

Chez Karembé, le client est roi, peu que soit la quantité de grains qu’il a amenée. « Le client peut revenir s’il n’est pas satisfait de sa farine moulue. Même si c’est un mil de 15 F CFA. On le refait. On se prive de ne pas répondre à leurs cris de mécontentement. Le problème peut venir souvent de celles qui sont nouvelles, sinon entre les anciennes, on se comprend bien ».

Kadiatou Mouyi Doumbia

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Les Echos N° 3864 du 3/5/2012

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