Yacouba Diakité, le Coordinateur National de la Plateforme « Le Réveil citoyen du Mali », dans un entretien qu’il nous a accordé, fait le point de la situation sociopolitique du pays. Et de son avis, vu la situation sociopolitique très inquiétante du pays, la Plateforme « Le réveil citoyen du Mali », composée de 260 associations et regroupements, descendra dans les rues après le mois de ramadan pour « exiger l’organisation des concertations nationales, la seule issue, selon lui, qui puisse aboutir à une cohésion nationale.
Le Républicain: Que pensez-vous de la situation sociopolitique du pays ?
Yacouba Diakité : La situation sociopolitique est très inquiétante. Pas plus tard que la semaine dernière, les députés sont allés en grève, sans oublier que depuis l’arrivée du président de la République il n’y a jamais eu une assise entre ceux de la majorité et de l’opposition sur les sujets brûlants du pays. C’est-à-dire comment s’entendre pour mieux gérer, comment faire sortir le pays de cette situation d’injustice, d’impunité. Donc sur le plan politique la situation est très, très dégradée. Sur le plan social je crois que c’est encore pire. Toutes les couches sont divisées ; sur le plan de la religion c’est très grave, sur le plan des associations des jeunes vous avez vu que le Conseil national de la jeunesse ne fait plus l’unanimité parce que beaucoup de situations, beaucoup de problèmes face auxquels ils sont interpellés, ils n’ont pas réagi face à cela.
La situation aussi est pourrie à ce niveau là. Sur le plan économique on ne fait que nous mentir. De temps à autre le ministre des Finances passe à la télé pour nous raconter des balivernes pour dire que ça va. Pourtant on ne voit aucun impact sur l’économie nationale. On voit que dans les marchés, surtout pendant ce mois béni de ramadan, les prix des denrées de première nécessité ne font qu’augmenter. Nous voyons qu’il n’y a plus d’emplois pour les jeunes. Il faut être du RPM ou être proche du fils du président de la République pour avoir de l’emploi dans ce pays.
Le Républicain : Pensez-vous que les concertations nationales sont nécessaires ?
Yacouba Diakité : Lors de nos conférences de presse, nous avons demandé au président de la République et à son gouvernement d’organiser une concertation d’entente nationale. Aujourd’hui, la situation du Mali est à un niveau où on se demande souvent comment remédier à tous ces problèmes. Nous avons organisé des échanges avec beaucoup de personnalités du pays. Et la seule solution que nous avons trouvée, c’est qu’il faut une union de toutes les forces vives de la nation qui doit impérativement passer par l’organisation d’une concertation nationale. La situation sécuritaire est pourrie, la situation économique est dégradée. Vous avez vu, la semaine surpassée, un nouveau front politico-sécuritaire s’est créé, ils disent qu’ils sont lésés par l’Etat. Ça peut donner l’intention ou du courage à d’autres l’initiative de vouloir créer d’autres mouvements parce que l’injustice est partout. Nous avons toujours dénoncé l’accord d’Alger. L’accord que l’Etat s’est entêté de signer. Ils peinent même à mettre en œuvre cet accord-là. Donc pour régler les problèmes du Mali, il faut que nous passions par l’organisation des concertations d’entente nationale. Nous sommes en train de discuter avec d’autres associations, et nous allons organiser une grande marche, après le ramadan, afin d’exiger la tenue de ces concertations.
Le Républicain : Pensez-vous que la cohésion nationale est possible avec ces concertations ?
Yacouba Diakité : Si nous demandons l’organisation de ces concertations d’entente nationale, c’est que nous pensons que c’est la seule issue qui puisse aboutir à une cohésion nationale. Les Maliens de Kidal ont des préoccupations. De Gao de Tombouctou, de Sikasso si chacun veut gérer les problèmes de sa localité sans associer tout le reste du territoire, ça sera extrêmement difficile. Pour que tous les Maliens puissent s’asseoir, discuter des aspirations réelles et profonde du peuple, nous avons toujours souhaité l’organisation de ces concertations d’entente nationale.
Propos recueillis par Soumaïla T. Diarra