Sans esquiver mais sans désobliger : dimanche face à la presse française, le Président nigérien a mis le point sur les i concernant le Mnla. Et méthode Coué contre ceux qui ne décident toujours pas à croire que le Mali n’est « pas un paysage mais un pays », et non pas « une peuplade mais un peuple » pour paraphraser l’indépassable Césaire, Mahamadou Issoufou a eu ses refrains : la rébellion du Mnla n’est pas légitime ; ce sont les déserteurs d’une armée étrangère qui ont porté les armes contre un pays démocratique ; le Mnla ne représente pas la communauté Touareg.
En d’autres mots, vis-à-vis de ce mouvement, une alliance ethniste d’outsiders qui ont lâché le nourricier Kadhafi et d’auxiliaires chouchoutés de l’Etat malien, le lobby pro-Mnla fait du babysitting ? C’est tout comme. Sauf qu’ici le bébé a déjà les mains tâchées de sang et s’il n’a pas sur la conscience l’exil de centaines de milliers de Touaregs honnêtes, c’est bien parce les médias et les salons qui font l’opinion n’ont pas cru devoir donner la parole aux réfugiés Touareg, transformés du jour au lendemain en numéros matricules dans les camps où ils vivent de biscuits vitaminés et de conserves.
Citons ce courageux sexagénaire d’un de ces camps de la honte qui refuse l’esprit de clan et qui s’indigne ainsi : « ce sont nos propres fils qui nous ont poignardés ». Choper le menu fretin jihadiste à In Hallil et obtenir un battage mondial sur cela ne trompe personne. Et nous continuons de penser que le Mnla fait partie du problème du Nord malien et pas de sa solution. Le dire n’est pas insulter la communauté Touareg, une communauté à la fois généreuse et pacifique mais inciter à identifier les vrais pôles de stabilité et d’influence de la société Touareg. C’est la seule condition de réussite du dialogue inter-malien. La preuve réside dans la vérité tragique que beaucoup des leaders rebelles de 2012 étaient aussi les acteurs de la rébellion de 1990. L’opération blanchiment du Mnla prospérera peut-être en 2013. Mais au détriment de la norme, de l’éthique et de l’avenir.