Le trafic et la consommation de drogues constituent une menace pour la sécurité et le développement. C’est pourquoi une Journée internationale a été instituée afin de sensibiliser la population sur les risques. Vu le rôle prépondérant que peuvent jouer les femmes dans cette lutte, notre pays à travers l’Office central des stupéfiants (OCS) a choisi cette année comme thème « Femmes et drogues ».
Une conférence-débat sur ce thème a été organisé, lundi, à la faculté de droit privé. Elle a enregistré la présence du directeur de l’OCS le magistrat lieutant-colonel Adama Tounkara, de la directrice nationale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille Mme Dembélé Orokya Dembélé, le représentant du procureur général Mohamed Ould Nazim, avocat général, le docteur Souleymane dit « Pape » Coulibaly psychiatre à l’hôpital du Point G.
Ce dernier a souligné dans sa présentation que la prévalence chez les femmes au Mali est de 1,2% de consommatrices de drogues parmi 500. Il indique qu’au service CHU du Point G, 10.8% des demandeurs de soins pour addiction sont de sexe féminin. Pour lui, la plupart sont confrontées à des abus et mauvais traitement pendant l’enfance ou l’adolescence, à des violences conjugales, à des troubles psychiques, à des difficultés économiques, à la consommation de l’entourage.
« Elles s’adonnent donc à la consommation de drogues pour se changer les idées, favoriser le sommeil », a-t-il expliqué avant d’ajouter que le but recherché est de trouver le plaisir. Le psychiatre souligne qu’il y a des facteurs générateurs de problèmes qui vont générer le stress. La femme va alors chercher des solutions transitoires : la drogue. Mais cette solution sera juste temporaire et elle sentira une insatisfaction. C’est comme ça, dit-il, qu’elle sera dans un cercle de consommation s’il n’y a pas prise en charge.
La femme qui consomme de la drogue dépend non seulement du produit mais aussi de la relation qu’elle entretient avec la personne qui lui en fournit. Elle sera par conséquent victime de rapports sexuels multiples, des fois non protégés. « Dans ce cas, déclare le conférencier, elle aura une situation sanitaire précaire avec un risque élevé de contamination du VIH-Sida. Elle aura une irrégularité du cycle menstruel, ce qui peut favoriser des grossesses non désirées ». Sur le plan de la reproduction, la drogue joue sur les ovaires et peut être à l’origine d’une altération de la fonction reproductrice, d’un retard de croissance, d’un faible poids à la naissance mais aussi d’une mortalité néonatale. La drogue peut aussi jouer sur l’hygiène bucco-dentaire des consommateurs.
Sur le plan psychiatrique, c’est l’anxiété et la dépression qui installent le désir de suicide. Dans la société, ces femmes qui consomment de la drogue peuvent être marginalisées et elles seront toujours en conflit avec la loi. Pour éviter tout cela, le conférencier recommande une éducation à la maison mais aussi à l’école. Ce qui implique la contribution de tout le monde. Il s’agira de développer une approche genre, de doter les intervenants de moyens adéquats et d’axer sur les stratégies d’intervention sur la réduction des risques.
La directrice nationale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Dembélé Orokya Dembélé est consciente que cette nouvelle menace touche de plus en plus les femmes. Elle menace même la cohésion sociale. Pour elle, ce thème est une sonnette d’alarme, « car la drogue a des répercutions sur la société mais aussi sur les constituants biologiques de la femme ». Cependant, elle pense qu’il est nécessaire de prendre conscience des méfaits du trafic et de la consommation de la drogue. « Les femmes ont donc un rôle essentiel à jouer et doivent être de véritables actrices de sensibilisation dans la lutte contre les stupéfiants ». Elle juge même nécessaire d’engager des discussions genre dans cette lutte, tout en sollicitant l’implication de toutes les femmes, comme un dernier rempart, contre la drogue.
F.NAPHO