Le ministre en charge du secteur a sillonné plusieurs villes pour recenser les difficultés et envisager les solutions.
Au moment où les eaux de surface se font rares à cause du changement climatique, la disponibilité de l’eau potable pour les populations s’avère désormais préoccupante pour les pouvoirs publics. Le ministre de l’Energie et de l’Eau, Mamadou Frankaly Kéïta, à la tête d’une forte délégation, s’est rendu la semaine derrière à Djenné, Mopti, Bandiagara, San, Bla, Koutiala, Sikasso, Sélingué et Ouélessébougou, pour toucher du doigt la réalité du terrain en visitant les installations de la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP-SA) et de la Société malienne du patrimoine de l’eau potable (SOMAPEP-SA). Le ministre Keita a pu ainsi s’enquérir des difficultés des populations dans le cadre de l’approvisionnement en eau potable, avant de réaffirmer l’engagement des pouvoirs publics à y remédier au plus vite. Il était accompagné, en plus des membres de son cabinet, des Présidents directeurs généraux des deux sociétés en charge de la gestion de l’eau, Adama Diarra (SOMAPEP-SA) et Boubacar Kane (SOMAGEP-SA), du directeur national de l’hydraulique, Seydou Kéïta, et du directeur national du Laboratoire national des eaux, Almoustapha Fofana.
A Djenné, première étape de cette tournée, la situation hydraulique présente un tableau assez fourni, mais pas suffisant pour couvrir les besoins de consommation, selon les techniciens. La ville de Djenné compte 2 pompes à motricité humaine dont une fonctionnelle, 3 puits modernes et une adduction d’eau potable. Ces ouvrages sont gérés par des particuliers, en l’absence de comités de gestions légalement installés.
Aujourd’hui, Djenné est un grand centre urbain en pleine extension où la demande d’eau est forte alors que les débits des forages déclinent. Donc le déficit de production d’eau potable est important parce que Djenné, qui ne comptait jusqu’à une date relativement récente, qu’environ 17 043 âmes, avoisinerait aujourd’hui les 25 775 habitants. Du fait de l’influence des aménagements du PDI-BS et des mouvements de populations à cause de la crise. Comme solution, les techniciens proposent la réalisation de 2 nouveaux forages à gros débit pour alimenter la ville et minimiser les coûts de production et, par conséquent, baisser le prix de l’eau. Ils recommandent aussi la réalisation d’un nouveau château d’eau en vue d’accroître le volume de stockage par jour, la réhabilitation de toutes les pompes à motricité humaine de la ville et le renforcement des capacités des comités de gestion. Le coût estimatif de ce projet de rénovation à court terme se chiffre à 106,350 millions de Fcfa.
A la différence de Djenné, Mopti ne souffre pas de graves problèmes de déficit. Pour l’instant, la production couvre une grosse partie des besoins de consommation des 114 296 âmes, dont 6 128 abonnés avec une production cumulée d’eau traitée de 1 585 285 m3. Le taux de facturation est de 82%. Le réseau de distribution est long de 135,05 km dont 38 km en fonte et 94,75 km en tuyau PVC. L’approvisionnement de Mopti et Sevaré en eau potable est assuré par la station conventionnelle d’eau de surface à Djénékadaga et les forages situés le long de la route entre Mopti et Sevaré. Durant l’hivernage, à certaines périodes, l’intensité des eaux provenant de la confluence des fleuves Niger et de Bani perturbe souvent le fonctionnement de la station de traitement d’eau potable. Dans ce cas, la seule source d’eau potable de Mopti et Sevaré est constituée des forages.
ACCROITRE LA CAPACITE DE PRODUCTION. A Bandiagara, c’est le déficit de production et la vétusté des installations. La ville est alimentée par deux forages qui ont une capacité cumulée de production de 50 m3/heure. Le réseau de distribution s’étend sur 13 km et dessert 591 abonnés et 36 bornes fontaines. La production journalière de 1 200 m3 n’est pas suffisante pour couvrir les besoins de consommation, estimés à 1.500 m3/jour. Il faut urgemment réhabiliter le réseau obsolète et mal dimensionné, raccorder les nouveaux forages pour le renforcement de la production, accroître le réseau de distribution. La réalisation de ce projet est financée par la coopération danoise.
A San et Bla, en 4ème région, les difficultés sont plutôt techniques. Dans la 1ère localité, où vivent 9 646 habitants, l’alimentation en eau potable est assurée par 3 forages, équipées chacune d’une pompe de 54 m3/heure. L’eau est transportée vers une station de production et de traitement en service depuis 1990. La distribution est assurée par un réseau maillé de 86,712 km. Quelques 1712 abonnés, 45 bornes fontaines, dont 13 fonctionnels, 17 aires de lavage, dont 9 en service, sont branchés sur le réseau. Le taux de rendement est faible et a atteint son seuil critique depuis juin 2015. C’est pourquoi, une demande d’équipe de recherche de fuite a été formulée pour résoudre le problème. San a également besoin d’un groupe électrogène de secours et du renforcement de sa production d’eau et d’extension de son réseau de distribution pour faire face aux défis futurs.
A Bla, où vivent 13 222 habitants, l’eau potable est fournie par 37 points d’eau modernes. Le système d’approvisionnement actuel ne couvre que 51% des besoins. C’est pourquoi, il a été procédé à son extension dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’alimentation en eau potable de Gao, Koulikoro, Ségou sur financement de la Banque africaine de développement (BAD) pour un coût total de 670 millions de Fcfa. Il comprend 1 château d’eau en béton armé de 20 m de haut et d’une capacité de stockage de 200 m3 ; un réseau de 21 951 mètres linéaires ; 12 nouvelles bornes fontaines, équipées chacune de 2 robinets de puisage et la réhabilitation des 21 anciennes ; un groupe électrogène de 100 KVa sous abri. La réalisation de ce projet portera le taux de dessert à 73%.
A Koutiala, l’eau potable est fournie par deux stations. Celle de Lafiala, réalisée en 1993, a été mise en service en 1995. Elle est alimentée par 4 forages et produit 3 360 m3/jour. La 2ème est située à Ouolobougou. Construite en 2007, celle-ci est alimentée par un seul forage pour une production de 1 440 m3/jour. Soit une capacité totale de production journalière de 4 800 m3/jour. Le réseau de canalisation est long de 80 km, sur lequel 2 715 abonnés sont banchés, 130 bornes fontaines et 52 aires de lavage. Mais Koutiala, une ville à la fois industrielle et carrefour, ne cesse de croître, avec elle les besoins de consommation d’eau. C’est pourquoi il est prévu d’accroître la capacité de production en eau potable. Ainsi, Koutiala, Sikasso et deux autres villes (Kayes et Kati) sont sur un programme d’extension appelé Programme sectoriel de l’eau et de l’assainissement dont le coût de réalisation se chiffre à 1,122 milliard de Fcfa, financés par le Royaume du Danemark à hauteur de 90%, à travers le Projet d’appui dano-suédois (PADS). Les 10% restant sont assurés par la SOMAGEP-SA.
Nous reviendrons sur les étapes de Sikasso, Sélingué et Ouélessébougou dans nos prochaines éditions.
A.O. Diallo
Envoyé spécial