Cela fait presque quatre mois que les enseignants ont déclenché une grève illimitée à l’Institut Universitaire de Gestion(IUG). Près de quatre mois donc que tout est bloqué : cours du jour, cours du soir, soutenances, évaluations, travaux dirigés ou pratiques. Près de quatre mois enfin que les étudiants attendent impuissamment le dénouement heureux d’un bras de fer entre le gouvernement et les enseignants, un duel qui pouvait bien être évité avec la bonne volonté des acteurs pour éviter le sacrifice en vue des milliers d’étudiants qui ne sont ni de près, ni de loin responsables de la situation.
Ainsi, pour dire que trop c’est trop, le bureau de coordination de l’Aeem conduite par son secrétaire général Abdoul Salam Togola, est sorti de sa réserve hier en organisant un sit-in en bas de la colline de Badalabougou pour demander qu’une solution rapide soit trouvé à la situation et que les étudiants rentrent en classe pour étudier.
Hier, la circulation était complètement déréglée en bas de la colline de Badalabougou. Et pour cause, les étudiants, furieux d’être l’agneau sacrificiel d’une situation qui ne les concerne pas, ont tenu en ces lieux. Un avertissement aux autorités? Si l’on en croit les étudiants, d’autres actions seront menées jusqu’à la reprise totale des cours à l’IUG.
Cette descente du bureau de coordination de l’Aeem est la suite du Sit-in qu’avait entrepris le comité Aeem de l’IUG devant le Rectorat de l’Université des Sciences sociales et de gestion de Bamako (Ussgb) lundi dernier. « Un sit-in était programmé le lundi dernier par le comité Aeem de l’IUG devant le Rectorat de l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako (USSGB) pour dénoncer avec la dernière rigueur le traitement illégale qui leur est accordé par les autorités dans cette situation. », explique un leader estudiantin. Les actions de ces deux jours des étudiants seront-elles bien décryptées par les autorités afin de trouver un dénouement heureux à la crise ?
Message des étudiants à IBK
Cette exigence des étudiants pour reprendre les cours est un signal fort, un message qu’ils adressent au président de la République IBK. En effet, en demandant une résolution de la crise pour qu’ils puissent étudier, les étudiants disent au chef de l’Etat : « nous avons entendu votre message. » Ce dernier, au lendemain de son élection à la magistrature suprême du pays, n’a pas mis de temps pour rappeler aux élèves et étudiants du Mali, que nul ne sera invité au banquet s’il ne le mérite pas. Par là, le chef de l’Etat les invitaient (élèves et étudiants) à plus d’abnégation, de labeur, pour être excellent en cette période de mondialisation ou les médiocres n’auront pas de place.
IBK conviait, ainsi, les élèves et étudiants de rester concentrer sur leurs études que de se tirer dessus avec les armes, se couper avec des machettes, faire des grèves intempestives qui entravent les études et la bonne performance. A travers ces déclarations, l’on pouvait imaginer le souci d’IBK d’avoir un Mali, à travers ses fils, émergent qui regarde la tête haute les autres pays. Mais peut être qu’IBK a oublié que ces souhaits formulés à l’endroit des élèves et étudiants, ne sauraient se réaliser sans des meilleures conditions de travail au sein des écoles, Universités, Grandes écoles et Instituts. En clair, tout mettre en œuvre pour que les enseignants soient éloignés le plus loin possible des grèves, des rétentions de notes, etc.
Ce qui ne semble pas être le cas à l’image des grèves de 48h et 72h et illimitées décrétées cette année, de même que des rétentions de notes par les syndicats d’enseignants du fondamental, du secondaire et du supérieur. Il s’agit entre autres du Syndicat national de l’éducation de base (SYNEB), du Syndicat National des Enseignants Fonctionnaires des Collectivités (SYNEFCT), le Syndicat des Professeurs de l’Enseignement Secondaire des Collectivités(Sypesco), de la Coordination des syndicats d’enseignants du secondaire (Coses), du Syndicat National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (SNESUP), le comité du Syndicat du Snesup IUG.
Toutes leurs revendications se résument en une seule chose : l’amélioration des conditions de vie des enseignants tout court. Si des accords (total, partiel) ont été trouvés sur certains points des revendications, d’autres POINTS restent en suspend pour faute de désaccord. Les vœux d’IBK n’ont pas, donc, été suivis d’effets. On ne saurait exiger l’excellence aux apprenants si les enseignants décrètent des grèves illimitées et qu’on se trouve incapable de trouver une solution. On ne peut pas exiger l’excellence en laissant les étudiants dehors prendre du thé. Et ce n’est pas en négociant à moitié les problèmes des enseignants et étudiants que l’école malienne formera des excellents, que le Mali regardera droits dans les yeux ses pairs, que les jeunes qui feront le Mali de demain seront formés à hauteur de souhait. Il urge donc de faire en sorte que l’enseignement revienne à l’enseignement si l’on veut être compétitif et si l’on veut préparer la relève du Mali de demain.
Hadama B. Fofana