Le président de Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi) a animé une conférence de presse au siège de son parti à Djélibougou.
Logiquement, Dr Oumar Mariko a profité de l’opportunité pour aborder plusieurs sujets d’actualité notamment son soutien très controversé, confus et ambigu au président de la République Ibrahim Boubacar Kéita. Il n’a pas également manqué de tirer à boulets rouges sur l’Opposition.
L’opposition malienne est animée par des gens sans principe ni conviction ! Telle est la conviction défendue par Dr Oumar Mariko lors d’une conférence de presse animée la semaine dernière. Le président de Sadi est convaincu que si IBK fait une ouverture aux opposants, ceux-ci vont se bousculer pour le gouvernement.
«Si IBK ouvre son gouvernement à l’opposition, il y en aura qui vont se bousculer au portillon», a-t-il déclaré devant la presse. A l’Assemblée nationale, indique l’élu Sadi, opposition et majorité se partagent tous les postes.
«Même si demain on crée des postes à l’Assemblée nationale, l’opposition va demander sa part. Et quand on la lui donne, elle se tait», indique le président du Sadi. Avant de s’interroger, «pourquoi ce n’est pas l’opposition qui interpelle les ministres en longueur de journée ? Pourquoi les opposants ne le font pas ?
«La majorité en a fait deux, moi j’ai fait six et l’opposition n’a même pas fait trois ou quatre interpellations… Moins de la moitié de ce que moi j’ai fait. L’opposition ne dit rien sur cet état de fait», déplore Dr Mariko.
Pour lui, les membres de l’opposition sont dans la politique «ôtes-toi pour que je m’asseye». Et d’assurer que «le parti Sadi n’est pas dans cette politique là… Tu n’es pas capable de faire ça, tu va dégager et nous allons faire autrement ce que tu fais….
Nous sommes en train de convaincre les Maliens pour qu’ils nous comprennent sur ce chemin là. Ce sont les Maliens qui sont importants pour nous. Et le jour où ils nous comprendront, ils vont se rendre compte que nous sommes restés intacts, même si nous avons poussé des cheveux blancs».
Se prononçant sur le statut du chef de file de l’opposition, le président du Sadi n’est pas allé par le dos de la cuillère. Selon lui, c’est une atteinte à la liberté d’opinion et à la démocratie. «Créer un chef de file pour porter la parole de l’opposition, c’est attentatoire à la liberté d’expression et d’opinion. Et cette loi a été votée par les élus de l’opposition et ceux de la majorité», a-t-il fulminé.
Soutien confus et ambigu à IBK
Le commun des Maliens est confus du soutien du parti Sadi au président Ibrahim Boubacar Kéita. Mais, défend Oumar Mariko, «nous avons soutenu IBK sans poser de conditions. Nos convictions nous suffisaient pour le soutenir contre le candidat du FDR (Soumaïla Cissé)».
Et de préciser, «nos radio (Kayira) ont été brûlées, des fausses accusations ont été entretenues contre nous, des magistrats ont été manipulés contre nous par le FDR (Front uni pour la démocratie et la République)… Toutes ces raisons étaient suffisantes pour ne pas aller du côté du candidat du FDR».
«Nous sommes donc allés du côte d’IBK qui se présentait naturellement comme le candidat du MP22, des islamistes modérés, des militaires, c’est la vérité même s’ils ne veulent pas qu’on le dise. Nous avons soutenu IBK parce que, pour nous, il incarnait le changement qu’il a promis aux Maliens», a défendu le conférencier.
Mais, pour le président du Sadi, cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas critiquer quand ça ne va pas. Il estime que la position de Sadi est parfois «ambigüe et confuse» pour l’opinion publique parce qu’il a des attentes qui ne se trouvent ni du coté de la majorité ni de l’opposition.
«IBK a promis au peuple malien le changement et nous nous inscrivons dans le changement. Mais, la question que nous n’avons pas définie entre nous : c’est quoi le changement pour lui et pour nous ?
Maintenant, chacun le découvre à la tâche. Ce que nous entendons par changement, nous le manifestons au fur à mesure jusqu’à ce que les gens pensent que nous ne sommes pas la majorité. Et ils ne nous voient pas aussi dans l’opposition. Ce que nous voulons comme changement n’existe pas parfois ni dans la majorité ni dans l’opposition», a-t-il expliqué.
Le changement est clair pour la Sadi. Il vise à se battre contre la spoliation des terres, à rendre aux paysans leurs terres. «Si aujourd’hui on se permet de faire le détournement de derniers publics, de continuer à vendre les sociétés et entreprises publiques, ce n’est pas le changement pour nous, mais son antithèse…Le peuple malien attend d’IBK d’opérer la rupture avec les anciennes pratiques…», avoue l’ancien leader estudiantin qui avait applaudi le coup d’Etat du 22 mars 2012.
Parlant de son éventuelle participation ou non à un «gouvernement IBK», le président du Sadi, Oumar Mariko, a été on ne peut plus clair. «Nous tenons à une démarche politique. Nous avons refusé de signer la CMP (la Convention de la majorité présidentielle) parce que le document n’a pas de contenu.
Et nous avons fait un document que nous avons remis au RPM en mai 2014 pour demander la définition des tâches et le partage des responsabilités. Mais, jusqu’à ce jour, on n’a pas reçu de réponse de leur part», a souligné Dr Mariko.
Toutefois, reconnaît-il, «si demain le parti présidentiel estime qu’on peut partager les responsabilités, le parti Sadi ne refusera pas». Et de poursuivre, «on nous a dépouillé de toute responsabilité à l’Assemblée nationale, on a choisi 3 Premiers ministres sans demander l’avis de Sadi. Nous aimerions bien avoir des postes de responsabilité, mais on ne va courir derrière personne pour ça. Ce n’est pas ce qui est fondamental pour nous».
«Ceux qui croient que le Mali est un gâteau à partager, ce sont eux qui ont mis le pays dans l’abîme parce qu’ils s’enrichissent davantage et le peuple s’appauvrît. Ils sont sourds à la détresse de la jeunesse, des femmes, des hommes et ils continuent de poser des actes qui poussent à la révolte. Dans notre parti, nous pensons plutôt que le pays est un fardeau à partager et non un gâteau», a conclu Dr Oumar Mariko avec son légendaire franc parlé !
Aliou Touré
==============================
Enfin autorisé à voyager dans l’espace Schengen
Le président du Sadi était un soutien de taille au putschiste Amadou Haya Sanogo. Son nom était d’ailleurs cité dans certains actes crapuleux. Toute chose qui a fait que la France lui avait interdit de se rendre chez elle. Il faisait l’objet d’une restriction de voyage dans l’espace Schengen qui vient d’être levée. Cette information a été donnée à la faveur de cette conférence de presse tenue la semaine dernière.
Selon le président de Sadi, cette mesure était certes une initiative de la France, mais elle a été soutenue par le Mali. Ainsi, il a été victime de calomnie et de diffamation de la part de certains adversaires qui l’ont voué aux gémonies auprès de certains consulats et représentations diplomatiques étrangères accréditées au Mali.
Pendant cette période, Oumar Mariko reconnaît avoir bénéficié du soutien de plusieurs personnalités dans le monde, notamment en France et en Allemagne.
Le Docteur Mariko dira que l’aboutissement heureux des démarches, est le fruit de la lutte non seulement du Mali, mais aussi de l’étranger. Avant de saluer tous ceux qui se sont impliqués pour la levée de «cette mesure injuste à son encontre».
Et d’indiquer que la Sadi est un parti souverain dont le président peut dire ce qu’il pense et donner son opinion. Avant de conclure que, à sa grande surprise, cela lui vaut d’être interdit de séjour en France.
Soulignons que c’est le 03 juin 2016 que la sanction de voyage contre Oumar Mariko a été levée avec à la clé un visa d’un an. Déjà, le président de Sadi a commencé les voyages en France, avec un premier séjour à Paris la semaine dernière. Tout est bien qui finit bien !
A. Touré