La mission multidimensionnelle intégrée de l’ONU pour la stabilisation au Mali (Minusma) a toujours eu une posture défensive face aux attaques terroristes et elle s’est surtout concentrée sur les questions sociales dans le nord du Mali.
Le Conseil de sécurité se réunira ce soir à New York pour renouveler le mandat de la Minusma, dans un contexte sécuritaire explosif au Mali, alors que les troupes françaises de l’opération Barkhane ont lancé dans la nuit de lundi à hier une nouvelle opération de traque des terroristes et des trafiquants de drogue et d’armes dans le nord du ce pays voisin. Se limitant depuis son installation au Mali en 2013 à assurer surtout une mission humanitaire et de défense des populations vulnérables, la Minusma devrait changer de cap et montrer une attitude plutôt musclée. Et pour cause, jamais une mission de maintien de la paix de l’ONU n’a jamais connu un taux aussi élevé d’attaques meurtrières comme la Minusma, qui a perdu 64 soldats au Mali. Des réajustements devront donc être apportés après ce renouvellement, comme l’a demandé le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, début juin, lors de la présentation devant les membres du Conseil de sécurité de son rapport trimestriel. Les changements devraient ainsi intervenir en renforçant les rangs de la Minusma avec au moins 2500 soldats.
Mais un redéploiement de la mission onusienne s’avère également urgent, vu la situation sécuritaire sur le terrain dans un Nord-Mali miné par le retour des groupes terroristes, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Ansar Eddine qui ont menacé d’embraser le pays et d’empêcher la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. Actuellement, la Minusma compte un peu plus de 12 000 soldats. Ban Ki-Moon a recommandé le transfert à la Minusma de 650 éléments déployés dans une autre mission onusienne en Côte d’Ivoire, dont le retrait est prévu en mars 2017. Tout en veillant sur une meilleure mise en œuvre de l’Accord de paix, la Minusma aura aussi la charge de participer à la collecte du renseignement militaire, en formant une compagnie de surveillance et de renseignement d’une centaine d’éléments, dont le siège sera implanté à Kidal. Confrontée aux embuscades et aux enlèvements de ses agents civils, la Minusma verra certainement renforcer son bataillon de combat qui aura pour mission de sécuriser ses convois dans les zones isolées. À noter que le vote du renouvellement de la Minusma coïncide avec la célébration du premier anniversaire de la signature à Bamako de l’Accord de paix entre le gouvernement malien et les groupes politico-armés du nord du Mali, sous l’égide de la communauté internationale. L’Algérie assure le rôle de chef de file de cette médiation internationale. La mise en œuvre de du texte de l’accord est arrivée à une phase cruciale qu’est la mise en place des autorités intérimaires qui vont assurer le retour progressif de l’État malien dans les zones touchées par la rébellion targuie de 2012.
Lyès Menacer