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Violences sexuelles en temps de conflit : « Les autorités maliennes s’en foutent ….», dit le président de l’AMDH
Publié le mercredi 29 juin 2016  |  Delta News




Le Mali à l’instar de la communauté internationale a célébré le jeudi 23 juin 2016, la journée mondiale pour l’élimination des violences sexuelles en temps de conflit. C’était lors d’une conférence de Presse tenue au siège de l’AMDH. Elle était animée par maître Moctar Mariko, président de l’AMDH, en présence de Bintou Founè Samaké, présidente de WILDAF.

Pour maître Mariko, en dépit des plaintes pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité déposées par les organisations en 2014 et 2015 et les dispositions de l’accord de paix en faveur de la protection des droits de l’Homme, aucune mesure significative n’a été prise en faveur des victimes de violences sexuelles.

« Pour rendre justice aux victimes et prévenir la répétition de ces crimes odieux, la lutte contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves, et notamment des crimes sexuels, doit être une priorité pour les autorités maliennes et être placée au cœur du processus de réconciliation. C’est une condition pour le retour à l’État de droit et l’instauration d’une paix durable», adéclaré l’orateur.



Il a rappelé qu’entre 2012 et 2013 de nombreux crimes sexuels ont été perpétrés pendant l’occupation des régions du Nord du pays par les groupés armés, notamment des viols et autres formes de violences basées sur le genre. Il a estimé que les organisations ont également documenté des cas de violences sexuelles commises pendant la libération de ces villes par les forces armées maliennes.

Il confie que le 12 novembre 2014, les organisations ont déposé auprès du Tribunal de Grande Instance de la Commune III de Bamako, une plainte avec constitution de partie civile pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre au nom de 80 femmes et filles victimes de viols et d’autres formes de violences sexuelles, commis lors de l’occupation du Nord Mali.

Le 6 mars 2015, une autre plainte avec constitution de partie civile pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre a été déposée au nom de 33 victimes de crimes internationaux, commis lors de l’occupation de la région de Tombouctou auprès du Tribunal de Grande instance de la Commune III de Bamako.

En dépit de ces plaintes et à l’exception d’une trentaine d’auditions faites par les juges d’instruction en charge des dossiers, les enquêtes judiciaires n’ont connu aucune avancée significative et certains suspects ont même été libérés.

En outre, les organisations de défense des victimes exhortent les autorités à allouer des ressources suffisantes pour assurer la prise en charge médicale, sociale, psychologique, judiciaire et la fourniture de moyens de subsistance aux survivantes. De soutenir les organisations locales de défense des droits des femmes; de diligenter l’ouverture de procédures contre les militaires maliens suspectés d’avoir commis des violences sexuelles ; et renforcer les capacités des acteurs judiciaires pour la poursuite des crimes et violences sexuels commis au nord du Mali. Elles demandent en outre, de garantir que les personnes libérées au nom des négociations de paix ne puissent échapper à la justice ; de renforcer les capacités techniques et matérielles des magistrats traitant les dossiers relatifs à ces crimes; de mettre en œuvre les dispositions relatives à la protection des droits humains prévues à l’article 46 de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger ; et de prendre des mesures permettant de garantir la protection des victimes et témoins notamment celles et ceux des violences sexuelles.

Elles encouragent la communauté internationale et notamment la MINUSMA à appuyer la mise en place d’une commission d’enquête internationale, prévue à l’article 46 de l’accord d’Alger. Cela pour faire la lumière sur tous les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et autres violations graves des droits humains y compris les violences sexuelles et basées sur le genre.

A Kone
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