À la Direction Centrale du Commissariat des Armées (ex-Intendance Militaire), ainsi que dans le rang des sous-directeurs de la structure, on ne dort plus que d’un demi-œil. Une seule question blanchit, désormais, les nuits des bidasses en chef : comment expliquer aux enquêteurs du Service d’investigation judiciaire (SIJ) de la gendarmerie du camp I, que les 28 PM (pistolets mitrailleurs) débloqués pour le peloton 2014 des administrateurs de l’armée, à la Base 101 de Sénou, ont disparu du magasin. Sans laisser de trace ?
Ce n’est plus un secret : irritées par la disparition, pour le moins retentissant, des 28 PM au niveau du Commissariat des Armées, après la formation 2014 des administrateurs à la Base 101 de Sénou, les autorités militaires, veulent connaître la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Elles veulent savoir qui a fait quoi ? Qui n’a pas fait quoi ? Et qui est impliqué ?
De leur côté, certains hauts responsables de la Direction Centrale du Commissariat des Armées, jetés en pâture, entend, eux aussi, en savoir davantage sur les raisons qui ont conduit à ce flop, du reste magistral.
De sources bien introduites, les autorités militaires auraient exigé du Directeur général adjoint (DGA) du Commissariat des Armées, le lieutenant-colonel Cheick Oumar Doumbia –à l’époque des faits Dg intérimaire–, un rapport détaillé sur le transfert des 28 pistolets mitrailleurs. La hiérarchie militaire, très en colère, dit-on, imputerait, déjà, un revers cinglant de cette disparition d’armes au Dga du Commissariat des Armées, le lieutenant-colonel Cheick Oumar Doumbia. Qui à en croire nos sources, n’aurait pas consigné –du moins, pas suffisamment –les sous-directeurs et les chefs de poste de la Direction Centrale du Commissariat des armées. Une structure, disent-elles, pilotée, de bout en bout, à l’époque des faits, par le lieutenant-colonel Cheick Oumar Doumbia qui était Dg par intérim.
Sauve-qui-peut !
Comme on le voit, le compte à rebours vient, à peine commencer.
Mais au moment où, chacun des responsables doit s’expliquer sur la disparition des 28 PM, débloqués pour le peloton-2014 des administrateurs de l’armée, à la Base 101 de Sénou, on se crêpe le chignon dans un « gros français ». Qui ferait pâlir « Victor Idiot » de jalousie.
Tout débute avec le peloton-2014 des administrateurs de l’armée. La Direction Centrale du Commissariat des Armées organise une formation à la Base 101 de Sénou. Avec à l’appui, un bon de sortie pour avoir au niveau du magasin d’arme de Kati, 28 pistolets mitrailleurs. Une autorisation, entièrement, élaborée par la Direction Centrale du Commissariat des Armées, à l’époque dirigée par le lieutenant-colonel Cheick Oumar Doumbia. Après les formalités, les 28 PM ont été réceptionnés, par le dirlo intérimaire, le lieutenant-colonel Cheick Oumar Doumbia.
Tous les chefs de poste au niveau du Commissariat des Armées de 2014 à 2016 ainsi que des sous-directeurs ont déjà été entendus par le Service d’investigation judiciaire de la gendarmerie du camp I. Mais le dirlo intérimaire du Commissariat des Armées, au moment des faits n’a toujours pas été entendu. Pourtant, les justificatifs, indiquent qu’après la formation, les armes ont été acheminées et enregistrées par la Direction Centrale du Commissariat des Armées, avant d’être arrangées dans le magasin.
D’où le ras-le-bol de l’ancien DG du Commissariat des Armées, le colonel Nouhoum Dabitao, actuel DAF du département de la Défense et d’autres responsables militaires qui ne jurent que par tirer au clair cette affaire, à l’allure de souiller leur honneur. Depuis, c’est le sauve-qui-peut général dans le rang des responsables de la Direction Centrale du Commissariat des Armées !
Quand la hiérarchie militaire exige du Dga du Commissariat des Armées, le lieutenant-colonel Cheick Oumar Doumbia, à l’époque Directeur intérimaire du service, un rapport détaillé sur la gestion et la destination des 28 PM, ce dernier exige de même à ses subalternes un autre, à hauteur, de saper les apparences de cette disparition d’armes. Un jeu de ping-pong militaire au nez et à la barbe du citoyen qui assiste, impuissant à la disparition d’armes payées avec l’impôt du contribuable. Et pire, sans que les responsables de cette disparition daignent rendre des comptes.
Mais l’indignation de la hiérarchie militaire, face à cette disparition d’armes de guerre, n’a d’égale que sa colère. Une colère, dont des bidasses en chef se moquent, comme de leur première culotte.
Rassurés de ne devoir des comptes qu’à eux-mêmes, ils continuent, contre toute attente, de dormir du sommeil du juste.
Une certitude : la disparition de 28 PM à la Direction Centrale du Commissariat des Armées va briser des carrières. Des rêves aussi. Et ce n’est pas tout. Loin s’en faut.
Tous ceux qui se sont léchés les babines, dans cette affaire d’armes, répondront de leurs actes. Réputés pour leur arrogance, certains gardent, déjà, la queue entre les pattes. Partout c’est le sauve-qui-peut ! Et ce n’est qu’un début. Autre temps, autres mœurs !
Mais en attendant d’avoir entre ses mains ce rapport, qui ne finit pas de finir, la hiérarchie militaire poursuit les auditions au sein de la Direction Centrale du commissariat des Armées. Décidée, à redorer son blason, auprès du peuple malien (en colère à cause de la déliquescence de l’Armée et de l’insécurité grandissante), la hiérarchie militaire entend, par ce geste, prendre ses responsabilités. Toutes ses responsabilités.
Du côté de la nouvelle Direction du Commissariat des Armées, ainsi que dans le rang des bidasses, l’on se demande qui a fait quoi et comment ?
Et, à en croire nos sources, généralement, bien informées, des têtes vont tomber. Plaise à Dieu, comme dirait l’autre.
Mariam Konaré