Depuis l’annonce de la création d’un nouveau mouvement politico-militaire peul du nom de l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ) dirigé par Oumar Al Janah, on tente de banaliser cela d’où une plus grande erreur à ne pas commettre comme ce fut le cas d’un passé récent.
Du coup il faudrait que les plus hautes autorités du pays prennent cette affaire au sérieux comme ce fut le cas de la création du Mouvement national de l’Azawad transformé plus tard en un mouvement sécessionniste. La suite on la connait avec l’occupation des 2/3 du territoire national. Malheureusement pour eux ces responsables ont commis de faire venir en leur sein des extrémistes islamistes et surtout des terroristes de tout acabit.
Revendiquant 700 combattants, Oumar Al Janah a déclaré que son mouvement armé vise à répondre aux «massacres commis par l’armée malienne et des milices contre la communauté peule». Ce qui doit pousser le gouvernement à ne pas négliger ce nouveau mouvement. Il n’est un secret pour personne depuis la fin de l’Opération Serval, les forces armées et de sécurité du Mali ainsi que les populations du centre de notre pays font face à un Front de libération du Macina d’ Amadou Koufa.
Du coup les peulhs sont accusés à tort ou à raison d’être tous des fidèles de ce FLM. Il ne fait aucun doute aujourd’hui que ce mouvement résulte certainement de la mauvaise gestion de la riposte contre le Front de Libération du Macina car plusieurs civils peulhs sont injustement tués accusés des complices d’Amadou Koufa . Si Oumar Al Janah assure qu’il possède 700 combattants, ces derniers ne peuvent être que des mercenaires recrutés et les combattants de la coordination des mouvements de l’Azawad et de certains mouvements de la plate forme qui se sentent délaissés par leurs responsables qui se coulent la douce à Bamako.
S’il déclare que sa cible privilégie est l’armée malienne, il a tout simplement dit haut ce que la CMA et certains groupes de la plate forme disent bas malgré qu’ils aient tous signé l’accord de paix et de réconciliation. La preuve la France avait accusée certains groupes armés de la CMA d’être en connivence avec les prétendus Djihadistes. Même si les accusations portant exactions de l’armée sont fausses, le gouvernement ne doit pas négliger ce mouvement armé qui aura sans doute le soutien des lobbies occidentaux surtout quand on sait qu’il n’est pas concerné par l’accord de paix et de réconciliation.
Autre preuve de soutien extérieure comment la MINUSMA et la force Barkhane se permettent d’accepter un nouveau mouvement de 700 hommes et mieux Oumar Al Janah utilise les médias étrangers comme RFI, France 24 et BBC pour véhiculer ces messages sans être inquiété du tout. Il y a tout simplement anguille sous roche. Voila autant de raisons qui doit pousser le gouvernement à se fier des propos des observateurs se disant spécialistes du terrorisme dans le Sahel et qui font croire que ce mouvement ne peut pas engager des combats directs ou asym étriques, c’est-à-dire des embuscades et des attentats contre les forces de sécurité.
Tout le monde sait si ça ne se limitait seulement les groupes armés et l’Armée malienne, on aurait assisté à la fin de la crise depuis belle lurette en témoigne la prise de Kidal par l’Armée malienne le 21 Mai 2015 à la faveur de la visite de Moussa Mara avant qu’elle ne soit délogée par des forces françaises pardon des lobbies occidentaux.
Dire que l’Alliance d’Oumar Al Janah manque de légitimité et de crédibilité tout simplement elle n’est représentative des peulhs, serait la plus grande erreur à ne pas commettre aujourd’hui. En effet tout le monde sait que les différents groupes armés à savoir le MNLA, le HCUA, le MAA ont été crées sans avoir ni la crédibilité, ni la légitimité de la majorité des touareg et des arabes vivant au Mali.
Simplement une minorité qui a fini par imposer ses désirs car étant soutenus par les lobbies occidentaux. Ce n’est pas parce que des associations, des cadres peules se sont désolidarisées de ce mouvement armé, qu’il faudrait continuer à ignorer l’alliance. D’ailleurs si on se réfère aux différentes déclarations des différentes associations et cadres peules demandant au gouvernement malien de mener des enquêtes sur les exactions subies sur leur communauté dans la région de Mopti, elles ne peuvent que conforter Oumar Al Janah.
Comme on le voit il est temps que l’Etat tire les enseignements des différentes crises sécuritaires et identitaires auxquelles le Mali est confronté depuis son indépendance. Des conflits qui naissent généralement de l'impunité et de l'excès d'autorité alimentant les révoltes et les rébellions. Il faut que le gouvernement agisse vite pour étouffer l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice pour ne revivre la situation de 2012, partie de jeunes que personne ne voyait venir sauf l’ancien président Amadou Toumani Touré qu’aucun malien n’a voulu comprendre.
Mais dans la vie d’une nation, l'injustice, l'inégalité et l'impunité ne peuvent profiter qu'aux ennemis de la paix, de la stabilité, de la République laïque. Ce dont Oumar Al Janah a profité pour créer son mouvement armé quand on sait qu’il a combattu au sein du MNLA. De 2012, on enregistre une prolifération de groupes armés à base ethnique. Si le gouvernement ne cherche pas les moyens à freiner cette situation dangereuse, il ne faudrait pas s’étonner voire s’alarmer la création des groupes armés au sud du pays d’où la ‘’somalisation’’ du pays.
Boulaye Goita