Après avoir gagé tout leur argent dans des prêts contractés auprès d’une banque de la place, voilà que des députés de l’Assemblée nationale se retournent contre leur patron pour lui demander des augmentations sur leurs avantages et primes. Pour arriver à leurs fins, ils avaient décidé de boycotter toutes les séances plénières que celui-ci présidera tant qu’il ne satisfait pas leurs doléances. Du chantage?
En tout cas, leur chantage semble avoir réussi. Car, au cours d’un huis clos hier, à l’Assemblée nationale, le locataire du perchoir a fini par céder à la forte pression que des députés exerçaient sur lui. Cette grève des élus de la nation est une première dans notre pays. En effet, de mémoire de Malien et dans la pratique parlementaire c’est la première fois que les députés décident de boycotter les séances plénières pour des questions alimentaires. Alors que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale et tous les autres textes qui régissent le fonctionnement de l’institution parlementaire et les avantages énormes accordés aux députés n’autorisent pas les élus de la nation à faire un abandon de travail, en refusant d’aller en plénière pour légiférer. Imaginer que des ministres refusent d’aller en Conseil des ministres ! Cela est incompréhensible. Au Mali, on voit tout et son contraire.
Car, selon une source digne foi, il semble que nombreux sont nos honorables à avoir fait de gros emprunts auprès d’une banque de la place. Conséquence : à chaque fin de mois la banque leur coupe des sommes assez importantes sur leurs avantages. En outre, il se susurre que certains députés ont gagé leurs cartes téléphoniques auprès d’une société immobilière pour la construction des logements. Résultat : à la fin du mois, ils se retrouvent avec des broutilles. Pour combler ces trous, ils ont décidé de faire pression sur le Président de l’Assemblée nationale pour que ce dernier augmente leurs avantages et primes pour pouvoir arrondir les fins de mois. Quelle honte!
C’est regrettable que les députés prennent la responsabilité de conduire notre pays vers une crise institutionnelle inutile, au moment où l’ONU a décidé de renforcer le mandat de la Minusma pour sortir le Mali de sa plus grande crise.
Youssouf Diallo