La vague de mutations de greffiers et secrétaires de greffes et parquets signée à la date du 21 juin dernier par le ministre de la Justice, des Droits de l’Homme et Garde des Sceaux, Mme Sanogo Aminata Mallé, fait déjà polémique dans les milieux judiciaires. Les femmes mariées représentent 95% de ces mutations qui concernent les juridictions de plusieurs localités. Et plusieurs de ces femmes résidant à Bamako seront obligées de quitter leur époux pour aller servir dans une localité très éloignée de la capitale. Déjà, la colère monte et le Ministre Aminata Mallé se trouve dans le collimateur de ces femmes.
Le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mme Sanogo Aminata Mallé, a procédé à une vague de mutations de greffiers et secrétaires de greffes et parquets par arrêté N°2255 du 21 juin 2016. 132 agents sont concernés dont 95% sont des femmes, surtout des femmes mariées.
Toutes les juridictions du district de Bamako sont concernées. Il s’agit des tribunaux des six communes, en plus de la Cour suprême, la Cour d’appel, les Tribunaux de commerce, les greffes de la justice de paix à compétence étendue, les greffes des tribunaux de grande instance. Sans oublier la Direction nationale de l’Administration de la Justice, l’Inspection des services judiciaires, l’Institut national de formation Judiciaire, le Pôle économique, le Pôle judiciaire et le greffe du Tribunal pour enfants de Bamako…
Plusieurs localités sont aussi concernées : Kayes, Kati, Nioro du Sahel, Kéniéba, Toukoto, Koulikoro, Fana, Kangaba, Kolokani, Dioïla, Banamba, Nara, Ouélessebougou, Sikasso, Koutiala, Kimparana, Kolondièba, Yanfolila, Ségou, San, Baraouéli, Bla, Macina, Markala, Tominian, Mopti, Bandiagara, Bankass, Diré, Youwarou, Koro, Goundam, Gourma Rharous, Niafunké, Gao, Ansongo, Bourem, Menaka.
Déjà, ces mutations font des mécontents, surtout dans les rangs des femmes mariées, lesquelles n’arrivent pas à comprendre les raisons fondamentales d’une telle décision. Du coup, le ministre de la Justice, des droits de l’Homme et garde des Sceaux, Mme Sanogo Aminata Mallé, se trouve dans leur collimateur. “Nous n’avons pas apprécié ces mutations qui concernent les greffiers et secrétaires de greffes dans la mesure où la plupart de ces agents sont des femmes mariées.
Comment peut-on muter une femme mariée à plusieurs kilomètres de son époux ? C’est tout simplement pour déstabiliser son foyer. Voilà pourquoi nous n’avons pas compris ces mutations. C’est vrai que nous sommes là pour servir notre pays, mais il faut que les autorités pensent aux femmes mariées. Vous savez, au niveau des greffes et secrétaires de greffes et parquets, les femmes sont les plus nombreuses”, nous a confié une greffière concernée par ces mutations. Avant de préciser : “Ce qui nous étonne, comment le ministre de la Justice, en tant que femme, peut se permettre d’ordonner de telles mutations dont la majorité concerne des femmes mariées ?
Il faut qu’elle revoie sa copie”. La question qui est sur toutes les lèvres, c’est de savoir si ces mutations ne sont pas des sanctions contre certains agents. C’est le cas de Tiguida Diombana mutée au greffe du Tribunal du commerce de Kayes. Elle était précédemment secrétaire de greffes et parquets à la Cour suprême de Bamako. Habsatou Diallo, précédemment en service au Tribunal de grande instance de la Commune V du district de Bamako, sera désormais en fonction au greffe du Tribunal d’instance de Nioro du Sahel. Sans compter beaucoup d’autres cas similaires.
A.B. HAÏDARA