Accroître et diversifier les exportations maliennes vers les Etats-Unis d’Amérique, c’est l’ambition du Comité national Agoa qui vient de se doter d’une feuille de route à ce sujet. En effet, la Stratégie nationale Agoa a été adoptée à travers un atelier tenu le samedi 25 juin dernier dans la matinée à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, avec la participation de qualité des représentants du secteur privé et de la société civile, en plus de l’implication dynamique de l’Apex.
Tard vaut mieux que jamais, a-t-on coutume de dire. Mais le temps ne joue pas en faveur du Mali qui doit tout mettre en œuvre pour tirer le maximum de profit des exportations vers les Etats-Unis sur la base des opportunités offertes par la Loi américaine sur la croissance et les opportunités en Afrique dont l’appellation en anglais (African Growth and Oppotunity Act) a donné en abrégé Agoa. Comme l’a précisé le représentant du ministre du Commerce à l’atelier, le conseiller audit ministère, Monsieur Ballo, “Cette loi qui est entrée en vigueur en 2000, permet aux pays bénéficiaires d’exporter aux Etats-Unis d’Amérique près de 7 000 produits en franchise de droit de douane et de contingentements “. Sa fin étant prévue pour 2015, l’Agoa devait donc durer 15 bonnes années au cours desquelles, en dépit de la multitude de mesures de facilitation prises par le gouvernement pour encourager les opérateurs économiques à en tirer profit, les résultats sont très décevants car estimés à moins de 80 millions de Fcfa réalisés essentiellement par les exportateurs d’articles en bogolan, perles et produits artisanaux.
Les exportations du Mali vers les Etats-Unis d’Amérique en 2014 ne font que 0,5% du total des exportations, alors que dans le sens inverse, les importations sont à 3,8%.
En décidant de donner une seconde vie à l’Agoa, notamment par sa prolongation de 10 ans, donc jusqu’en 2025, les Etats-Unis offrent au Mali l’occasion de rebondir en exploitant son énorme potentiel d’exportation en considérant que c’est un débouché pour les produits agricoles et dérivés, étant donné que ce secteur de l’économie porte les espoirs de performances économiques des autorités publiques. S’y ajoutent le textile et l’habillement qui constituent déjà le plus gros lot des réalisations dans le cadre de l’Agoa. Sans compter les produits de l’Artisanat.
Pour y parvenir, il fallait donc savoir pourquoi ça n’a pas marché jusque-là, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné et comment alors faudrait-il procéder pour éviter tous ces écueils et aller de l’avant. D’où l’importance de la Stratégie nationale Agoa pour laquelle l’expertise de l’expert consultant Harouna Niang, haut-cadre de l’Administration à la retraite, a été mise à contribution. Le document a été discuté lors de l’atelier de validation et les critiques et suggestions des uns et des autres ont été prises en compte pour finaliser la Stratégie avant de la faire parvenir à l’Administration américaine, conformément à la recommandation des autorités américaines et faisant suite à la réunion ministérielle de Libreville au Gabon en 2015 pour le lancement de la seconde génération de l’Agoa. Puisque sur les 10 ans de prolongation il n’en reste plus déjà que 9, il faut donc aller vite et bien avec une stratégie fondée sur une vision à court et moyen termes pour l’amélioration des capacités d’exportation dans le cadre de l’Agoa, sans oublier que cette stratégie devra s’insérer dans le cadre global de la promotion des exportations au Mali. Ce qui explique la forte implication de l’Agence de promotion des exportations (Apex) qui assure désormais le secrétariat permanent du Comité national Agoa présidé par Lanfia Camara. Ce Comité a été mis en place, précisons-le, seulement trois jours avant cet atelier de validation de la Stratégie nationale tenu le samedi 25 juin 2016.
Il faudra, compte tenu du temps qu’il nous reste, essayer de faire de la filière de l’habillement et du textile et de l’Artisanat, les deux axes majeurs de développement des capacités d’exportation dans le cadre de l’Agoa (ils y ont déjà acquis une expérience à fructifier, tout en essayant de mobiliser d’autres filières de l’économie nationale qui recèlent d’énormes capacités d’exportation de produits correspondant à l liste des 7000 produits prévus par l’Agoa. Mais en même temps, il faudra développer leurs capacités de production de qualité pour aller progressivement vers une industrialisation des activités. C’est la seule voie pour le Mali d’accroître ses exportations et de renverser la tendance déficitaire de la balance commerciale. Nous reviendrons de façon plus détaillée sur la Stratégie nationale Agoa, dans l’une de nos prochaines éditions.