Une série d’attaques isolées ont été perpétrées ces derniers jours dans le nord et le centre du pays contre la Minusma et les FAMAs, faisant deux morts parmi les soldats maliens et un responsable du MOC à Gao. Ces attaques qui ont eu lieu à Mopti, Ménaka et Gao, interviennent quelques jours seulement après le renouvellement du mandat de la mission des Nations unies au Mali et la décision d’envoyer 2.500 casques bleus supplémentaires.
Le renforcement du mandat de la Minusma intervient dans un contexte sécuritaire tendu au centre et au nord du pays.
La semaine en cours a enregistré de multiples attaques contre les acteurs du processus de paix : des forces de sécurités maliennes aux groupes armés en passant par la force Onusienne.
En début de semaine, avant l’adoption de la résolution 2295, une attaque avait ciblé un convoi de dix camions de la Minusma transportant des vivres et carburants sur l’axe Douentza- Tombouctou. Sans pour autant faire de victime, les assaillants non identifiés ont brûlé les dix véhicules.
Vendredi dernier, un représentant de la CMA au mécanisme opérationnel de coordination « MOC », est tombé dans une embuscade dans la ville de Gao, qui a coûté la vie à son garde du corps.
Le même jour, deux gendarmes ont été abattus devant leur poste à Ménaka par quatre hommes armés venus en moto. La même attaque a blessé un militaire.
Cette série d’attaques intervient alors que le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté mercredi la résolution prorogeant le mandant la Minusma et qui autorise l’envoi de 2.500 soldats supplémentaires au Mali.
L’attaque de Ménaka a été perpétrée par au moins quatre individus armés sur deux motos, selon des témoins sur place. La mort des gendarmes a provoqué la psychose chez les habitants, qui demandent « plus de renforcement du dispositif de sécurité » et « plus d’implication des forces onusiennes dans la sécurisation de la zone ».
Un habitant de Ménaka est joint au téléphone par Hawa Berthé :
« Le gendarme était de garde. L’agent était assis devant la porte avec deux amis, un autre gendarme et un militaire, qui étaient venus causer avec lui. Les assaillants étaient au nombre de quatre sur deux motos. Ils ont stationné les motos pour partir les saluer. Quand les trois ont répondu, sur-le-champ, ils ont enlevé les armes et ont commencé à tirer à bout portant. Il y a un, qui est décédé sur-le-champ. Les autres ont été transportés au CSREF (Centre de Santé de Référence, Ndlr). L’autre est décédé vers 00h, pour le moment on n’a pas dit si le pronostic vital du deuxième blessé est engagé. On est dans l’insécurité totale. Personne ne sait d’où ils viennent. Depuis que les coups de feu ont retenti aux environs de 20h, les gens sont paniqués. Ils sont directement rentrés chez eux jusqu’à ce matin. Les populations attendent que l’Etat malien sécurise de façon conséquente la ville de Ménaka. Parce que pour le moment il y a l’armée ici, mais qui n’a pas de moyens. Il y a la Minusma dont on ne connaît pas la vraie mission. Il n’y a pas de patrouilles, il n’y a rien. Les populations attendent que l’Etat malien prenne ses responsabilités pour sécuriser la ville de Ménaka ».
Les attaques perpétrées ces derniers jours contre l’armée et les forces étrangères n’ont pas encore été revendiquées. Mais selon de nombreux observateurs, elles portent la signature des groupes terroristes. Pour certains analystes, à travers ces attaques les terroristes veulent marquer leur présence sur le terrain et montrer aussi que le renforcement du mandat de la Minusma ne les impressionne pas.
Serge Daniel, journaliste écrivain, joint au téléphone par Ayouba Sow :
« La coïncidence est quand même assez troublante. On vient de voter une nouvelle résolution qui renforce le mandat Onusien contre justement ces groupes extrémistes. Et eux, de suite, ils montrent leurs muscles comme pour dire : ce que vous faites ne nous impressionne pas. J’ai l’impression qu’il y a une parfaite synchronisation, une parfaite coordination des actions sur le terrain ».
Que faut-il faire pour contrer ces attaques?
« On l’a toujours dit, il n’y a pas 12. 000 terroristes dans le nord du Mali. Vous avez 12 000 Casques bleus environs et il y aura un supplément de 2 500 Casques bleus. Ce qu’il faut faire à mon avis, c’est assez de renseignements sur les groupes qui sont en face. La communauté internationale n’a pas porté de bonnes lunettes jusqu’à présent pour voir la réalité sur le terrain, parce que la méthode de combat des terroristes, c’est la guérilla. Il faut donc se former aux méthodes de la guérilla ».
Les responsables de la Minusma disent que cela ne figure pas dans leur nouveau mandat.
« On les autorise quand même à réagir quand ils rencontrent sur le terrain un danger. Ils sont obligés de réagir et donc je pense qu’avec cette nouvelle résolution prise, les choses vont devoir changer ».