Dans les 1980, avec l’arrivée du petit écran au Mali, le plateau des artistes était «L’artiste et sa musique», une émission qu’animait Zoumana Yoro Traoré, un grand Monsieur de la musique malienne qui vit actuellement à Paris dans les conditions les plus difficiles du monde. C’est un jour, lors d’une de ses émissions, que le public fait la découverte d’une jeune choriste qui accompagnait une grande artiste du Wassoulou. C’était en 1986, puis en 1988.
La jeune dame fait un pas en avant, elle joue seule, ce qu’on appelle solo. Même si ce n’était pas le début d’une carrière solo, le morceau «Diarabi» a donné du «froid» à beaucoup de téléspectateurs. Elle revient encore à la télé avec trois morceaux dans un intermède musical, c’est ce jour que les Maliens ont mis un nom sur le visage de la jeune fille noire, comme l’appelait tous, avant de savoir qu’elle se nomme Oumou Sangaré. Daoudabougou était son quartier où elle vivait avec sa mère Minata, ses frères et sœurs.
Petit à petit, de cérémonies de mariages, baptêmes et autres manifestations de réjouissances des femmes, entre Daoudabougou et les autres quartiers de Bamako, l’enfant de Na Minata explose en 1988. Elle produit son premier album intitulé «Moussoulou» Label Syllart, mais, au Mali, on appelle «Diarabi néné». Elle cartonne partout, surtout dans la sous-région. Oumou Sangaré prend ainsi son envol et le début de sa carrière. Oumou se marie avec Ousmane Haïdara de Djélibougou, avec qui ils ont eu un enfant du nom de Chérif. Une dizaine d’albums de 1988 à nos jours, sans compter les singles, Oumou Sangaré doit beaucoup à sa mère.
Oumou Sangaré naît à Bamako le 2 février 1968. Dès l'âge de cinq ans, elle commence à aguerrir sa voix à l'école maternelle, avec des mélodies de la tradition du Wassoulou, la région des siens, située au Sud du Mali, à 120 km de la capitale.
Vie de Star ne rime pas avec Business
Oumou est devenue star, avec autant de contrats que de tournées, elle s’installe dans le gotha des meilleurs artistes du Mali. Elle était restée dans son foyer longtemps, mais elle se séparera plus tard de son mari. Et continue sa carrière musicale. Le business se greffe à la starmania ; un hôtel est ouvert : «Hôtel Wassoulou» à Kalaban Coura. La vraie difficulté commence pour elle. L’artiste ne parvient pas à cohabiter dans un milieu hostile à un établissement de ce genre. Elle est propriétaire d'un grand hôtel, s'est alliée avec un groupe automobile pour construire une voiture abordable et a acheté une ferme de 10 hectares.
Ambassadrice de la FAO (Fonds d'aide alimentaire). Elle y montre aux femmes comment commencer une activité, sans apport d'argent. La gestion patrimoniale de l’hôtel ainsi que des voitures a fini par avoir raison de la grande star malienne. Elle n’est jamais parvenue à avoir de bons gérants pour son business, elle-même ne faisant confiance à personne. Ses amis et connaissances de circonstance abusent d’elle. Non seulement, elle ne gère plus de voiture au Mali, mais sa marque a disparu totalement. Oumou Sang a vécu et c’est une nouvelle société qui occupe ses locaux.
Sur le plan musical, les choses ne bougent plus tellement. La diva rate des concerts et ne parvient pas à respecter des dates pour des problèmes de visas. Cette année, elle a été obligée de se produire à perte. Elle était récemment aux USA pour honorer une date manquée en 2015. Depuis 2010, le public attend le prochain album de la diva ; elle ne parvient pas à en produire. Récemment, avons-nous appris, elle devrait reprendre tout le travail de studio. Ce qui nécessite des dépenses supplémentaires. Alors qu’à Bamako, elle passe son séjour en catimini pour éviter les employés de son hôtel. Oumou Sangaré est une star en très grande difficulté. Ses vrais amis, ses vrais conseillers, ceux qui lui disaient la vérité, ont pris leurs distances d’avec elle ; ou peut-être, ont été chassés par les nouvelles connaissances ou profiteurs.
Depuis 2014, elle est empêtrée dans une bataille judiciaire contre les employés de son hôtel, dans laquelle elle a été condamnée par la justice à payer 14 millions de Fcfa. Une affaire qui a fini par la saisie de sa voiture de marque américaine “Escalade”. Selon nos confrères du journal Le Procès-verbal, c’est muni des grosses de justice qu’ils ont saisi, par l’intermédiaire d’un huissier, les différents comptes bancaires d’Oumou Sangaré. Deux banques reconnaissent détenir pour le compte de la diva : 600.000 Fcfa pour l’une et l’autre, 800.000 Fcfa. Voyant que ces montants ne pouvaient pas solder leur dû, les ex-employés de l’artiste ont saisi le véhicule. Oumou Sangaré introduit, à son tour, une procédure à main levée de saisie devant le tribunal de la commune VI.
Voilà comment la mauvaise gestion peut conduire une artiste internationale. Alors que dans d’autres pays les artistes gèrent bien leur business, et ça marche, parce qu’ils ne sont pas directement liés à la gestion, un tel exemple n’inspire pas nos vedettes, en l’occurrence Oumou Sangaré.
Sinaly KEÏTA