A Kidal, les relations se détériorent entre deux communautés de la CMA et de la Plateforme. A l’origine des tensions, des divergences entre deux groupes sur "la gouvernance locale de la ville" et " les droits de traversée" perçus à deux postes de contrôle. A Bamako, les responsables des deux mouvements multiplient les initiatives « pour un retour à la normale ».
Ces tensions sont apparues depuis plusieurs jours. Elles impliquent le groupe d’auto-défense touareg imghad et alliés et le Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad. Fahad Ag Almahmoud, un des responsables du Gatia, a confirmé ces tensions. Selon lui, le problème se situe au niveau de la gouvernance de Kidal suite à l’accord d’Annefis. Le porte-parole de la Plateforme, dont le Gatia est membre , déclare que des mesures sont prises par la CMA et la Plateforme pour « une résolution rapide et durable de cette question ».
Me Harouna Toureh est joint par Mouhamadou Touré :
" Il n’y a aucune tension entre la Plate-forme et la CMA à Kidal. Il n’y a même pas un soupçon de malentendu ou d’incompréhension entre les deux groupes, ni à Kidal, ni ailleurs. En revanche, il y a eu, et il existe une incompréhension entre deux communautés, effectivement majeures, de la Plate-forme et de la CMA. Il s’agit des Infoghas et des Imgads. Et ceci porte sur l’interprétation que chacune des communauté fait d’un accord qui a été convenu à Annefis. Voilà ce qui s’est passé".
Qu’est-ce qui est en jeu ?
"C’est une interprétation relative à la division des responsabilités, à un certain partage des pouvoirs sur le plan local, sur le plan de la gouvernance locale. Voilà ce qui se passe, et c’est tout. La plate-forme et la CMA se sont entendues pour apporter leur appui à toute forme de résolution à l’amiable. Et nous y parviendrons. Nous avons également avisé les autorités nationales, nous avons contacté la Médiation, avec l’Ambassade d’Algérie. La question a été aussi abordée avec la Minusma à travers son représentant spécial. Nous avons tous convenu d’apporter notre soutien à une résolution rapide et durable de cette question ".
Cette tension entre le Gatia et le HCUA inquiète la population de Kidal. Selon un habitant de la ville, il y a « un risque d’affrontements » entre les deux groupes armés sur cette question de la gestion de la ville .
Un habitant de Kidal joint au téléphone par Intalla Ag Bilal :
"Les habitants sont inquiets par rapport à la situation de la ville et au risque d’affrontement qui prévaut entre les groupes armés. Pratiquement, il y a eu des renforts de tous les deux côtés. On menace chacun d’attaquer la ville de Kidal par le Gatia. Chacun s’arme et se prépare en conséquent. Les gens sont vraiment très inquiets. Chaque fois ce sont des alertes qui sont données, et cette atmosphère ne rassure pas. La tension est due à la gestion de la ville de Kidal suite aux accords d’Annefis, relatifs notamment à la création d’un poste de contrôle et la participation aux différentes commissions. Il faut passer par l’un pour arriver à l’autre poste, parce que ce n’est pas la même gestion, ni le même groupe. Donc pour traverser la ville, il faut obligatoirement passer par les deux postes. S’il y a quelque chose à payer, vous le payez au niveau des deux postes. Donc c’est vraiment quelque chose de pénible que nous vivons ».
Selon le chef de file de l’opposition, cette situation à Kidal est « décourageante ». Soumaïla Cissé estime que les Maliens doivent unir leurs efforts et instaurer le dialogue, car selon lui, « nous n’avons pas encore trouvé la bonne solution ». M. Cissé a toutefois prié pour le retour de la paix et de la cohésion sociale dans le pays.
Soumaila Cissé s’est exprimé hier à l’occasion de la célébration de la fête de Ramadan au micro de Mahamane Baba Kounta :
"Je crois que quand on entend ce qui se passe aujourd’hui à Kidal franchement c’est encore décourageant, et je crois que nous devons retrouver d’efforts, nous devons nous tenir la main et continuer le combat. Je crois que nous méritons aujourd’hui de nous retrouver tous, que le dialogue s’instaure réellement dans ce pays et que nous mettions toutes nos intelligences ensemble pour trouver une bonne solution à la situation que nous vivons aujourd’hui. Nous n’avons pas trouvé encore la bonne solution puisse que les tulleries continuent et il y a énormément d’insécurité dans tout le pays. Mon souhait aujourd’hui c’est de faire des vœux pour un Mali apaisé, un Mali qui retrouve sa force, un Mali où les enfants puissent se réconcilier et pensent à l’avenir. Je souhaite vraiment que le Mali soit désormais un pays en paix, c’est mon souhait vraiment le plus ardant. Cette fête de Ramadan est un jour de recueillement. Aujourd’hui, il faut penser d’abord à tous ceux qui nous ont quittés que ça soit des civils ou des militaires suite à la crise que nous connaissons depuis quelques années ".