Malgré les discours élogieux sur l’état de la nation, le débauche d’énergie, et l’optimisme affiché par les uns et les autres, force est de reconnaitre que ce pays se meurt à cause des multiples problèmes qui s’accumulent et se dressent sur son chemin. Problèmes en grande partie imputable aux hommes politiques qui ont le plus souvent manqué de clairvoyance si ce n’est de compétence.
Grace aux médias, le concept monde village planétaire est devenu une réalité. Les peuples du monde se voient et se côtoient chaque jour et chaque instant. Nous sommes imprégnés de ce qui se passe de mieux chez le voisin proche et lointain.
Grace aux médias, nous savons que le politique est l’initiateur et le catalyseur du développement. Avec détermination et discernement, il agit au mieux dans l’intérêt de ses concitoyens. Il est un exemple dans le respect des lois et disposition régissant la vie de la république. Il joue le rôle de sentinelle de l’égalité de tous devant la loi dans la mesure du possible. Par le bon usage des outils de travail, il devient un rempart contre les abus et autres dérives. En observant nos hommes politiques, ils ne donnent pas cet effet, et pire, il semble que tout ce qui nous arrive de fâcheux est de leur faute. Les crises post électorales, les scandales financiers, le tripatouillage des constitutions source de nos maux sont les conséquences des problèmes politiques mal résolues ou des manœuvres politiciennes. Au vu de l’amoncèlement des problèmes et les défis qui profilent à l’horizon, la question du commencement du développement se pose avec acuité dans notre pays. A quand le début du commencement du développement ?
La surenchère et les manœuvres de diversion sont encore à l’honneur dans notre pays. Les préoccupations et les inquiétudes par rapport à l’avenir ne semblent pas être à l’ordre du jour dans les agendas politiques. Depuis l’avènement de la démocratie, les scènes d’empoignades, de dénigrements et de remise en cause des acquis sont devenus monnaie courante.
Le Mali, depuis les premières heures des indépendances a été un vaste champ d’expérimentation des modèles de gestion. Après plusieurs décennies, force est de constater que le sous-développement a survécu à tous ces modèles. Socialisme, dictature et enfin la démocratie sont tous devenus sources de soucis et de déboires pour les laborieuses populations. Le changement significatif du quotidien se fait encore attendre. Pendant que le pays se meurt, les politiciens rivalisent dans le domaine des scandales financiers et les détournements de biens publics.
Tandis que ONG, organisations internationales, institutions financières sont sollicités constamment pour résoudre toutes les questions relatives au développement, à la sécurité, éducation… nos politiciens n’affichent que leur préoccupation pour l’essor personnel.
Confiscation du pouvoir, promotion des proches, corruption, sont devenues monnaie courante avec à la clé, une impunité au mieux de sa forme. Aujourd’hui, le peuple vit dans un Mali sous perfusion. Ce statut d’éternel assisté semble convenir dans le milieu politique et intellectuel. Pour preuve, le peuple est abreuvé de belles théories et de démonstrations géniales sur le développement de la part des intellectuels spécialisés dans tous les domaines du savoir depuis plus de cinquante ans. Mais les réalisations conséquentes se font toujours attendre. Par la faute de la classe politique, le Mali, pays agro pastoral par excellence avec un passé enviable pour sa richesse est devenu la risée du monde où se cristallisent tous les manques. Pauvreté, insécurité, rébellion sont devenus le lot quotidien d’un Malien désemparée dont les dirigeants, imperturbables s’enfoncent dans les manœuvres de diversions de tous genres.
Le peuple, ayant épuisé toutes les alternatives, n’a que ses yeux pour pleurer sa misère. Son adhésion aux différentes formes de gouvernance ne lui a value que l’excroissance maquillée en victoire par ses gouvernants.
Au lieu de servir de catalyseurs, porteurs de vrais changements, nos politiciens sont devenus des prédateurs qui détournent l’essentiel des ressources et des biens publics à des fins personnelles. Le nombre de scandales est édifiant !
A quoi bon cogiter sur le développement d’un continent dont la survie dépend de la largesse des bailleurs extérieurs ? Le bilan du parcours de notre pays sur le chemin du développement se résume à l’histoire des dettes contractées et /ou annulées, d’aide au développement, d’assistance technique et de programmes d’ajustement. Une bien curieuse démarche pour un pays qui aspire à l’auto détermination !
Les crises successives et la pauvreté quasi endémique ne peuvent être amputées exclusivement à des mains invisibles venant de l’extérieur. Un argument que l’élite met en avant pour couvrir sa mauvaise gouvernance. Le mauvais usage des milliers de milliards de dettes contractés par le pays pour promouvoir son développement ne peut être amputé à l’occident. En l’absence de tout indice de changement dans le rapport aux biens publics de nos gouvernants, malin qui pourra dire à quand commencera le développement du Mali.
Ce n’est pas de gaieté de cœur que les maliens peignent leur patrie en noir. Nul n’éprouve du plaisir à désavouer ses leaders d’opinions et dirigeants. Le temps de l’auto critique doit être à l’honneur, car aujourd’hui, la classe dirigeante du pays donne du grain à moudre à l’opinion nationale.
Bouba Sankaré
Source: Le forum