Des longues files de véhicules (Sotrama, voitures de particuliers…), des coups de klaxon incessants, des motocyclistes se faufilant entre les voitures… Voilà le panorama habituel des avenues bamakoises, les jours ouvrables.
Mais le mercredi dernier, lendemain de la fête de l’Aïd El Fitr, la situation était complètement différente. A 8 heures sur l’avenue l’Yser, au Quartier du fleuve, le trafic était d’une fluidité confortable mais inhabituelle. Cette ambiance timide était observable un peu partout à travers la ville, à en croire le témoignage des policiers en faction au niveau du monument de la paix. Ces policiers qui ne souhaitaient pas être cités, ont confirmé que la particularité de la circulation mercredi matin, c’était la fluidité. Une fluidité « anormale » à cette heure de la journée mais qui assure une certaine tranquillité aux deux agents.
Travailler le lendemain de la fête, n’est certainement pas du goût de beaucoup de nos compatriotes qui ont choisi de rester à la maison. Quoique la journée n’a pas été déclarée fériée par les autorités. Jafar Thiam, chercheur indépendant et analyste politique, a lui aussi constaté que l’activité économique était au ralenti. Il soutient que dans le secteur privé, les employés sont tenus de se rendre au bureau. « Dans le secteur public, c’est le laisser aller. En faisant le tour des services publics, on remarquera un taux d’absence élevé », pointe Jafar Thiam qui estime que les travailleurs sont tenus de se rendre au bureau tant que la journée n’est pas chômée.
Les lendemains de fête, ceux qui se rendent au service, se heurtent à des problèmes pour la restauration. La plupart des restaurants et des gargotes ferment leurs portes en se disant que les clients sont rares. Du coup, trouver à manger, devient un parcours du combattant. Mais quelques rares tenancières de gargotes avaient tenu à servir leur clientèle habituelle mercredi dernier. C’est le cas de Nana Diarra, vendeuse de riz devant les locaux de la Dette publique. Elle était l’une des rares qui tenaient leur commerce le lendemain de la fête. « Je viens travailler le lendemain de la fête parce que mes clients souffriraient un vrai calvaire si je ne venais pas. Il est difficile de trouver à manger ce jour parce que les gens sont toujours dans la mouvance de la fête. Mais je viens pour faire plaisir aux clients et pour faire de bonnes affaires aussi car je sais par expérience que la demande sera grande car il y a peu de personnes qui vendent aujourd’hui », explique cette gargotière qui a le sens des affaires.
Dans la plupart des services publics, c’était le service minimum. Les locaux étaient moins animés qu’à l’accoutumée. Les employés présents au travail, assuraient que c’est par conscience professionnelle qu’ils se sont violence pour s’arracher des tentations de la fête. Mais en réalité, beaucoup vaquaient de bureaux en bureaux pour d’interminables salamalecs. Le plus clair de la journée était consacré aux salutations, reléguant le travail au second plan.
Mais il fait reconnaître que tel n’est pas le cas dans tous les services. Surtout dans les médias comme l’ORTM et l’AMAP, où les agents sont astreints à la production des éditions d’information.
Aussi, à l’Institut d’économie rurale (IER), on assure qu’on n’est pas venu au service le lendemain de la fête que pour des salamalecs. Moumoune Sanogo, gestionnaire en ressources humaines, estime que « venir au travail le lendemain de la fête de Ramadan ne doit pas poser de problème si telle est la décision des autorités ». Il assure que dans son service, tout le monde s’est plié aux règles. « Nous avons beaucoup à faire. Nous ne sommes pas là seulement pour la forme. Tout le monde est occupé ici », lance-t-il avant de river ses yeux à l’écran de son ordinateur.
K. DIAKITE
… CHAMPS DE SACHETS PLASTIQUES
Les rues de la capitale, surtout au Grand marché, ressemblaient à des dépotoirs de sachets plastiques le lendemain de la fête de l’Aïd El Fitr. Le spectacle repoussant était visible surtout au niveau du boulevard du peuple ou Dabanani et en plein centre du Marché rose. Les restes des sachets plastiques d’emballage des habits jonchaient le sol boueux. Pétri dans la boue sous les pas des marchands et de leurs milliers de clients, l’ensemble formait un mélange qui obligeait à détourner la tête.
Si les simples passants ont le droit de détourner la tête tout en se bouchant le nez pour éviter les odeurs nauséabondes, les commerçants et les autorités en charge de l’assainissement des lieux, ont l’obligation de débarrasser le centre ville de ces vilaines saletés. Mais ces derniers tardaient à faire leur devoir.
Sur le boulevard du Dabanani, l’asphalte est à peine visible. Les sachets plastiques forment un nouveau revêtement sur lequel les véhicules circulent, principalement les Sotrama, dont c’est le royaume. Les piétons font des sauts de cabris souvent pour éviter de se prendre les pieds dans les tas de plastics.
Après avoir les bonnes affaires de la fête, personne ne se soucie de l’assainissement des lieux.
A. SISSOKO