Le Mali a exporté plus de 70 tonnes d'or en 2015, un volume record, contre 53,2 tonnes l'année précédente, grâce à une forte augmentation de la production des mineurs artisanaux à petite échelle, a indiqué samedi l'Institut national des statistiques.
Le Mali est le troisième plus grand producteur d'or en Afrique derrière l'Afrique du Sud et le Ghana. La valeur de la production en 2015 a atteint de 2,2 milliards de dollars. Sur un total de 70,2 tonnes exportés, 46,5 tonnes ont été extraites par des producteurs industriels, en hausse de 0,7 tonnes par rapport à l'année précédente.
Les autres 23,7 tonnes ont été extraites par des producteurs artisanaux, en hausse de 16,3 tonnes par rapport à l'année précédente. Les exportations artisanales ont augmenté ces dernières années.
Les autorités doivent organiser le secteur de l'exploitation minière
"Ces chiffres montrent que l'exploitation minière à petite échelle évolue. C’est un secteur dynamique qui pourrait produire presque autant que les sociétés minières. Voilà pourquoi les autorités doivent organiser le secteur», a déclaré l’ancien mineur Abdoulaye Pona, actuellement président de la Chambre des Mines.
Ce record revêt une grande importance pour le Mali, dont l'économie a été affectée par l'instabilité politique dans le nord et les attaques du groupe terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). En outre, il est l'un des pays les plus pauvres du monde et est vulnérable aux changements climatiques.
En 2014, les exportations d’or du Mali, ont chuté à 53.2 tonnes contre 67,4 tonnes en 2013, soit une baisse 21%. La chute s’explique principalement par une forte baisse de l’exploitation minière artisanale, selon les statistiques du gouvernement.
Le gouvernement a appliqué l’interdiction de l’exploitation minière artisanale au cours de la période de mai – juin à septembre -octobre en saison des pluies, pour réduire les accidents liés à des éboulements et aussi pour réorienter la main-d’œuvre vers l’agriculture.
L'or est, depuis bientôt dix années consécutives, le premier produit d'exportation, loin devant le coton (dont le Mali fut le premier producteur africain) et devant le bétail sur pied, selon la Chambre des Mines.
Ce pays d'Afrique de l'Ouest compte plus de 350 sites pour l'exploitation minière à petite échelle et plus de 1 million de personnes vivent de cette activité, selon le ministère des Mines.
L’Etat malien et les populations ne profitent pas de cette ‘’manne’’
Il reste qu’avec une production moyenne de 70 tonnes par an, les mines d’or du Mali génèrent des centaines de milliards CFA, mais l’Etat malien et les populations installées sur les sites «n’y voient que du feu à cause, notamment, du système mafieux mis en place par les sociétés minières, avec la complicité tacite de la Banque mondiale», relève le journaliste Oumar Babi dans un article publié dernièrement sur Maliactu.
« Parce qu’il n’a pas les moyens techniques d’extraire son or et que la Banque mondiale en a décidé ainsi, l’Etat malien n’est qu’un actionnaire minoritaire des entreprises exploitantes, présentes sur son sol ». Dans un rapport d’enquête, publié en 2007 déjà, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) lève un coin du voile sur la gestion, faite de l’or malien, par les multinationales. Troisième producteur mondiale d’or, après l’Afrique du Sud et le Ghana, le Mali n’en demeure pas moins l’un des pays les plus pauvres au monde, relève-t-il.
Ce constat de la FIDH a été corroboré par d’autres rapports, élaborés par des organisations internationales. Selon le ministère malien des Mines, la valeur totale des exportations d’or a atteint, en 2014, 863 milliards CFA. Soit, plus de 70 % des recettes d’exportation totale du Mali. Mais elle n’a contribué au budget qu’à hauteur de 254,3 milliards CFA. Soit 25 % des recettes budgétaires et 8 % du PIB. Et comme si cela ne suffisait pas, les populations installées sur ce site n’y voient que de la poussière. La contribution totale des sociétés minières, au développement local, est insignifiante. En 2014, seulement 1 milliard CFA avait été affecté à l’ensemble des villages de Kayes, abritant ces mines, déplore Oumar Babi.