Au Mali, les attaques se suivent et se ressemblent. Quand ce ne sont pas des attaques dirigées contre des hôtels, ce sont des embuscades qui sont tendues à l’armée malienne et aux forces internationales en présence. En effet, pas plus tard que le week-end écoulé, alors que Bamako se félicitait de la formation d’un gouvernement d’union nationale dans le cadre du processus de paix, une attaque armée près de la frontière burkinabè, a fait deux morts parmi les composantes de l’armée malienne. L’attaque, jusqu’au moment où nous tracions ces lignes, n’a pas encore été revendiquée, mais certaines sources pointent un doigt accusateur sur la Katiba du Macina du groupe Ansar Dine, du nom de cette unité combattante qui, naguère, faisait allégeance au chef islamiste touareg, Iyad Ag Ghali. On est fondé à le croire d’autant que ladite unité, dans une récente vidéo, annonçait que sa branche armée dirigée par un Burkinabè (peut-être le même Souleymane Sawadogo, natif de Kaya), allait multiplier les attaques contre le Burkina Faso et le Mali ; si fait que, depuis quelque temps, la crise qui sévissait jusque-là dans le septentrion malien, a affecté le Centre et le Sud. Que l’on dise donc que les assaillants sont venus du Burkina et s’y sont repliés, comme le clament certains témoins, n’a rien de surprenant ; étant entendu que le pays des Hommes intègres est lui-même dans la ligne de mire. En témoignent les multiples attaques qu’a connues le pays depuis la fatidique date du 15 janvier dernier. C’est pourquoi, en attendant que les soldats burkinabè envoyés au Mali soient redéployés le long de la frontière, comme l’ont souhaité les plus hautes autorités du pays, il y a lieu de renforcer d’abord l’existant. Cela consiste tout simplement à doter les postes de police ou de gendarmerie frontaliers, de ressources nécessaires afin de leur permettre de faire face à ces « attaques calculées et méprisables », pour emprunter l’expression de Barack Obama. Car, faut-il le rappeler, ce n’est pas demain la veille que prendra fin la crise au Mali de Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) où la mauvaise foi des acteurs le dispute à leur irresponsabilité.
Bamako doit marcher sur des œufs, au risque de se faire hara kiri
En effet, alors que l’on croyait que l’entrée de dame Nina Walett Intalou, d’origine touareg, dans le gouvernement, allait contribuer à décrisper l’atmosphère entre Bamako et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), les choses semblent aller autrement. Tous ceux qui avaient vu en cette nomination au poste de ministre de l’Artisanat et du Tourisme, un symbole fort, doivent très vite déchanter. Car, à peine la nouvelle est-elle tombée que la CMA s’est fendue d’une déclaration pour qualifier cette nomination de non- événement, estimant qu’elle ne se reconnaît pas dans ce choix. IBK aurait donc voulu semer la zizanie au sein de la CMA qu’il ne s’y serait pas pris autrement, tant cette nomination, au regard de la polémique qu’elle suscite, fragilise davantage le mouvement. Si cette stratégie césarienne du « diviser pour régner », peut être payante à court terme, il faut craindre que, in fine, elle ne finisse par braquer ou radicaliser certains groupes armés qui n’hésiteront pas à rejoindre, avec armes et munitions, les rangs des djihadistes. Toute chose qui complexifiera davantage le problème malien quand on sait qu’en plus des djihadistes, ils sont nombreux ces bandits et autres trafiquants de tous poils, qui ne veulent pas d’un retour de la paix au Mali. Cela dit, Bamako doit marcher sur des œufs, au risque de se faire hara kiri, surtout que face à la gouvernance politique et économique catastrophique du pays, d’aucuns n’écartent pas le risque d’une insurrection populaire. En tout cas, IBK aura été averti.
Boundi OUOBA