Lancée en décembre 2014 pour être le noyau d’une majorité présidentielle forte, dynamique, prête à descendre sur le terrain, l’Alliance des forces démocratiques pour le Mali (AFDM) du ministre Tiéman Hubert Coulibaly ne vit que sur le récépissé et dans le Journal officiel. Le leader de cette Alliance donne ainsi raison à ses détracteurs qui l’accusent de vouloir diviser la famille présidentielle pour ses intérêts personnels.
Autour des sujets d’intérêt national, le président de la République avait convoqué, en son palais, jeudi 20 novembre 2014, les partis qui se réclament de sa mouvance. Il n’avait pas manqué de dénoncer la passivité de la majorité présidentielle qui, selon lui, «passe le plus clair de son temps à le jeter en pâture au sujet des marchés de l’avion présidentiel et des équipements militaires».
«Aucun de ceux qui se prétendent être mes alliés ne lèvent le petit doigt pour me défendre. Ils se décident enfin à le faire, ils s’en vont louer au CICB une petite salle de mille places qu’ils n’ont pu remplir. Quelle étrange façon de me soutenir ! J’ai besoin d’une majorité intelligente !» avait-il déclaré.
Ibrahim Boubacar Keïta avait passé au savon «Barikatigui» ses alliés politiques, en qualifiant de compères d’une majorité dolosive et moribonde. Et de poursuivre que les 67 partis qui se sont engagés dans la majorité n’étaient que des trompeurs inintelligents et impotents qui veulent manger à ses dépens sans prendre en sa faveur le moindre risque.
Le message est passé pour les chefs politiques de la CMP comme un défi. Et pour ce faire, le président du parti Union pour la démocratie et le développement (UDD), l’alors ministre des Domaines de l’Etat, des Affaires foncières et du Patrimoine, Tiéman Hubert Coulibaly, et une quinzaine de responsables politiques avaient lancé l’Alliance des forces démocratiques pour le Mali (AFDM).
Selon le ministre, l’AFDM se veut désormais le noyau d’une majorité présidentielle forte, dynamique, prête à descendre sur le terrain. «Dès la semaine prochaine, explique son président, les cadres politiques seront sur le terrain, dans les communes, pour remobiliser tous nos militants, tous nos leaders d’opinions à travers le pays autour du président, pour que le léger doute, qui, à un moment, a semblé faire un chemin au sein de l’opinion, nous puissions l’arrêter», avait-il déclaré.
Et pour être plus efficace, l’alliance naissante s’était fixé aussi comme objectif de se transformer en un grand parti politique. «Nous allons constituer un grand parti politique, affirme le ministre Coulibaly, parce qu’aujourd’hui, nos appareils, pris séparément, ne peuvent plus relever les défis du moment, à savoir le redressement du Mali, la reconquête de notre unité, la stabilité et la paix sur l’ensemble du territoire, à commencer par le Nord», avait-il expliqué.
Cette perspective avait incommodé plus d’un au sein de la famille politique d’IBK, notamment le parti Rassemblement pour le Mali (RPM), qui avait prêté au ministre des Domaines de l’Etat, des Affaires foncières et du Patrimoine, Tiéman Hubert Coulibaly, des velléités de division de la famille présidentielle. D’autant dire que la mise en place de cette coalition avait provoqué une querelle de chapelle au sein de la coordination des partis de la majorité présidentielle dirigée par Dr. BoulkassoumHaïdara.
Les observateurs les plus avertis avaient douté de la crédibilité de l’alliance née au sein de la CMP. «La création de foisonnement d’associations ou de coalition ne peut pas empêcher la rupture déjà grande entre le peuple et le régime», avait réagi un observateur à l’époque. Et d’ajouter qu’on ne crée pas une coalition pour des raisons personnelles. «Je doute que l’ambition est prise en tenant compte de cette dimension», avait-il affirmé.
Plus d’un an après, le ministre Tiéman donne raison à ses adversaires politiques. Il peut cependant se réjouir du succès du coup médiatique qui l’a hissé à la tête du plus que stratégique département du gouvernement de Modibo Keita. Même si Tiéman Hubert Coulibaly et ses camarades politiques n’ont honoré aucun de leurs engagements.
Les 15 formations politiques de cette alliance n’ont pas mouillé le maillot pour défendre le président IBK. Ces partis brillent par leur absence sur le terrain, et refusent même de répondre aux sollicitations des journalistes. La preuve, nos confrères de Renouveau FM n’ont jamais pu recevoir un responsable de l’AFDM sur leur plateau «Gwakoro», encore moins sur Renouveau TV, dans l’émission Kunafoniblon.
Bref, l’Alliance des forces démocratiques pour le Mali (AFDM) du ministre Tiéman Hubert Coulibaly ne vit que sur le récépissé et dans le Journal officiel. Ainsi, le leader de l’UDD donne raison à ses détracteurs qui l’accusent de vouloir diviser la famille présidentielle pour ses propres intérêts.
Bréhima Sogoba