Pour la première fois, les autorités françaises ont donné mardi soir un bilan des frappes aériennes et des combats qui opposent soldats français et maliens aux islamistes au Mali : "plusieurs centaines" de combattants islamistes ont été tués en plus de trois semaines d'intervention militaire.
Ils ont péri "lors des frappes aériennes" françaises sur des pick-up transportant des hommes ou du matériel de guerre et durant "des combats directs, frontaux à Konna (centre) et Gao (nord)", a précisé le ministère de la Défense.
Côté français, un officier français, pilote d'hélicoptères, a été tué le 11 janvier, premier jour de l'opération française. Bamako avait fait état mi-janvier de onze militaires maliens morts à Konna, mais n'a pas donné d'autre bilan depuis.
Des relations "fonctionnelles" avec les rebelles touareg
Sur le terrain, les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont affirmé mardi qu'ils se "coordonnaient" dans le nord du Mali avec les forces françaises contre les "terroristes" islamistes en fuite.
Un porte-parole, qui a défendu le "réel engagement" du MNLA "dans la lutte contre le terrorisme", n'a pas donné de détails sur la façon dont le groupe coopérait avec les soldats français à Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako, près de la frontière algérienne.
Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a reconnu que les soldats français avaient, à Kidal "des relations fonctionnelles avec le MNLA". "A partir du moment où le MNLA déclarera - il semble qu'il le fasse - qu'il n'est ni terroriste, ni scissionniste, et qu'il veut rentrer dans le dialogue interne au Mali qu'il faut engager, il sera à la table" des discussions, a-t-il ajouté.
Quelque 1.800 soldats tchadiens sont arrivés en renfort des militaires français dans la région de Kidal (extrême nord-est malien), tandis que les soldats français contrôlent l'aéroport.
Soutien aux soldats français
Kidal était un bastion du groupe islamiste armé Ansar Dine, mais elle est passée sous le contrôle du Mouvement islamique de l'Azawad (MIA, dissidence d'Ansar Dine s'affirmant "modérée") et des rebelles touareg du MNLA juste avant l'arrivée de soldats français dans la nuit du 29 au 30 janvier.
Ces deux groupes ont apporté leur soutien à l'entrée en ville de soldats français, mais ont refusé la présence de militaires de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), dont ne fait pas partie le Tchad, par crainte d'exactions contre les Arabes et Touareg, souvent assimilés aux groupes islamistes.
Le MNLA a aussi fait mardi son entrée dans la ville de Ménaka, à 80 km de la frontière nigérienne, abandonnée par les soldats nigériens qui avaient repris le contrôle de cette ville occupée par les islamistes.
Les soldats français poursuivent dans le même temps leur traque des chefs et combattants islamistes qui se seraient réfugiés dans le massif des Ifoghas, au nord de Kidal, près de la frontière algérienne.
Le Drian : des "dépôts logistiques" visés
Des frappes aériennes massives ont été menées ces derniers jours dans la région de Tessalit et d'Aguelhok, au nord de Kidal, visant "principalement des dépôts logistiques et des centres d'entraînement", et elles se poursuivront mardi soir, selon le ministre français de la Défense.
C'est aussi dans cette région de grottes et de montagnes que se trouveraient les sept otages français enlevés au Niger et au Mali en 2011 et 2012 par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et un autre groupe islamiste armé, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao).
Selon des sources de sécurité et un député malien touareg, une délégation des Touareg des Ifoghas a récemment rencontré les ravisseurs des otages français, assurant que certains se sont montrés dans "de bonnes dispositions".
Parmi les chefs islamistes probablement réfugiés dans les Ifoghas figurent l'Algérien Abou Zeïd, un des émirs les plus radicaux d'Aqmi, et Iyad Ag Ghaly, chef d'Ansar Dine, ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal, qui connaît parfaitement la région.
"Gagner la paix"
A Bruxelles, une quarantaine de responsables des pays d'Afrique de l'ouest, d'Europe et des grandes organisations comme l'ONU, l'Union Africaine, la Cédéao ou la Banque Mondiale ont participé mardi à une réunion du Groupe de soutien au Mali.
"L'objectif est maintenant de gagner la paix", a résumé à l'issue de la réunion le ministre français chargé du Développement, Pascal Canfin, pour qui "il n'y aura pas de sécurité durable du Mali sans développement".... suite de l'article sur Le Point