Passionné par les droits de l’Homme, le nouveau grade des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Me Mamadou Ismaël Konaté, aura à charge de trancher l’affaire des 21 éléments du Régiment des commandos parachutistes tués les 30 avril et 1er mai 2012 alors qu’ils tentaient un contre-coup d’Etat contre la junte de l’ex-capitaine Amadou Haya Sanogo, tombeur du président Amadou Toumani Touré. Un dossier ultra-sensible.
Me Mamadou Ismaël Konaté, le nouveau garde des Sceaux, ministre de la Justice, ne badine pas avec les droits de l’Homme. Et au moment où le Collectif des familles des bérets rouges disparus réclame l’organisation d’obsèques nationales pour les victimes et un procès contre les présumés auteurs, l’affaire va resurgir.
En novembre 2015, le juge Yaya Karembé a bouclé le dossier d’instruction et l’affaire a été renvoyée devant la Cour d’assises. Plusieurs mois après, les familles s’impatientent et s’interrogent sur les vraies motivations du retard dans le procès.
Selon le colonel-major Soungalo Coulibaly, membre de l’association des familles des bérets rouges disparus, les victimes pensent qu’il y a un manque de volonté politique. “Nous voulons que les choses aillent vite et qu’on ait les corps de nos enfants pour l’enterrement, parce que les ossements sont toujours à l’hôpital Gabriel Touré depuis plus d’une année”, a affirmé le colonel-major à nos confrères du Studio Tamani.
En mai 2012, 21 bérets rouges ont été exécutés près de Kati. L’exhumation des cadavres, le 4 décembre 2013, avait été “une avancée majeure” dans l’enquête sur leur disparition. Aujourd’hui, les familles se disent préoccupées par la lenteur et exigent un procès juste et équitable.
Le nouveau ministre de la Justice est très attendu sur ce dossier. L’organisation du procès des assassins des 21 éléments du RCP tués les 30 avril et 1er mai 2012 alors qu’ils tentaient un contrecoup d’Etat contre la junte de l’ex-capitaine Amadou Haya Sanogo est un impératif.
Ce dossier est très sensible. Et les leaders de l’AMDH sont formels : si les juridictions maliennes ne font pas justice aux victimes, la Cour pénale internationale (CPI) pourrait se saisir du dossier.
“Nous sommes dans un pays de droit et nous pensons que ce procès aura lieu, que les familles seront rétablies dans leurs droits, parce que la CPI aussi est en train de lorgner sur ce dossier et nous n’avons pas intérêt”, a indiqué Me Moctar Mariko, président de l’Association malienne des droits de l’Homme.
Pascal Turlan de la CPI a indiqué que La Haye n’exclut pas de faire un traitement diligent sur les crimes graves commis à Bamako et Kati lors de la crise politico-sécuritaire, notamment les disparitions forcées et exécutions sommaires.
M. Turlan a ajouté que les crimes commis au Mali en 2012 question de respect des droits de l’Homme. “Ce putsch militaire, dirigé par les hommes de Kati, a entraîné des violations graves des droits humains. De nombreux responsables politiques et militaires ont été arrêtés et détenus de manière arbitraire. Les violations des droits humains les plus graves commises par les acteurs du 22 mars conduit par le général Amadou Haya Sanogo ont été les disparitions forcées. La junte a fait de répression suite au contrecoup d’Etat faisant disparaitre une vingtaine de militaires bérets rouges…”
Bréhima Sogoba