Enfin, un nouveau gouvernement avec l’entrée des éléments des groupes armés. Au nombre de 34, ses membres ont été choisis par IBK pour entamer la refondation de la République, boussole de son mandat 2013-2018. Evidemment, la tâche ne sera pas de tout repos pour ces hommes et femmes qui ont eu l’honneur d’appartenir à ce énième gouvernement, nommé le jeudi 7 juillet dernier. Les défis, il y en a dans tous les domaines de compétences. Et les Maliens attendent que ces défis soient relevés pour l’amélioration de leurs conditions de vie. En voici quelques-uns de ces défis.
Ministre de l’Administration territoriale : Abdoulaye Idrissa MAIGA
Le ministre Maiga a du pain sur la planche. Car, les dossiers des élections régionales et communales sont sur sa table il y a de cela des mois. Comment s’y prendre pour faire avancer le processus, là est la question. L’homme est en train de réfléchir à une issue qui aura le consentement de tous les Maliens, surtout les leaders de la classe politique de l’opposition. Il revient au ministre Abdoulaye Idrissa Maiga de jouer la grande partition et de ne pas se présenter comme le super ministre, car étant le numéro 1 du gouvernement.
Ministre de la Défense et des Anciens combattants : Tiéman Hubert Coulibaly
Deux défis majeurs attendent le Ministre en charge de la Défense. Il s’agit premièrement du relèvement du moral de la troupe. L’armée traine des mécontentements internes à cause des promotions que certains contestent. Mais comme c’est la grande muette, personne ne lève vraiment le ton. Cela est dangereux pour des gens qui portent des armes. Il faut donc prêter une oreille attentive à la troupe. Il y a aussi des gens qui sont frustrés pour des raisons de primes. Il est nécessaire de maintenir la communication permanente avec eux pour établir une confiance qui permette de prévenir les mécontentements ouverts. Le deuxième défi est celui de la sécurisation des frontières maliennes. Le problème à ce niveau est très profond et il faut engager de façon franche les discussions et négociations pour que les frontières actuelles, qui sont grignotées par les pays voisins, soient sécurisées. Il faut régler totalement ces problèmes pour éviter les conflits qui surviennent de temps en temps et dans lesquels les Maliens sont toujours les plus lésés.
Ministre des Mines : Professeur Tiémoko Sangaré Le ministre des Mines est l’un des doyens du gouvernement Modibo Kéita. A vrai dire, la tâche ne s’annonce pas très aisée pour lui. Mais on peut compter sur l’expérience qu’il a accumulée au niveau de deux autres ministères qu’il a occupés sous le régime d’ATT pour relever le défi. Pr Tiémoko Sangaré doit tout mettre en œuvre pour mettre en place un Comité de développement local et minier. Ce comité de développement local sera composé des autorités administratives et traditionnelles et locales avec l’appui de la société d’exploitation. Sur le plan de la gestion des impacts environnementaux, un nouveau code doit définir également les règles. Nous suggérons donc que pour chaque exploitation minière, un fonds séquestre destiné à la réhabilitation de l’environnement et un plan de fermeture de la mine soient mis en place. Ce plan vise à préparer les populations locales à la cessation des activités minières et à mettre en place les mesures de classement ou de reconversion des personnes et du site permettant d’atténuer les effets sociaux et environnementaux. Il faudra aussi rationnaliser l’orpaillage.
Ministre de la Sécurité et de la Protection civile : Général de Brigade Salif Traore Le Ministre de la Sécurité a le défi premier de donner les moyens à tous les policiers, à tous les commissariats et autres structures de sécurité placées sous sa tutelle. Ensuite, il a le défi de réfectionner voire construire des infrastructures adéquates pour les agents. Les moyens roulants, humains, matériels sont les tout-premiers problèmes de son département. En dehors de cela, il y a l’image de la police qui est à refaire. Il faut œuvrer à rassurer le citoyen que la police assure sa sécurité et qu’elle n’est pas pour lui une menace. Il faut revoir le traitement salarial des agents afin qu’ils ne soient plus tentés par la corruption.
Il faut que l’on mette un point d’honneur sur la moralité de l’agent de police lors du recrutement. Il faut aussi amener les policiers à ne pas être pour les citoyens des bourreaux qui ne savent que réprimer. Certes, les agents doivent dissuader, mais ils ont plus un rôle de protection. Ensuite, il faut s’attaquer au gros problème de l’insécurité. Il faut que le ministre de la Sécurité plaide pour que l’électrification ne soit plus l’affaire du seul ministre en charge de l’Energie. Il faut faire une action commune pour que les villes et les campagnes soient éclairées. Cela est dissuasif pour les malfaiteurs. Il faut engager une bataille farouche contre les jeunes qui passent tout leur temps dans les cybers. Il faut combattre la cybercriminalité par laquelle certains jeunes se forment à devenir de grands délinquants. Ministre de la Solidarité et de l’Action humanitaire : Hamadou Konaté
Depuis le coup d’Etat de mars 2012, le Mali est devenu véritablement le théâtre des barbaries et des catastrophes humanitaires. Ce qui a poussé nombreux de nos compatriotes à s’exiler dans les autres pays de la sous-région. Un véritable défi pour le ministre de la Solidarité qui devra peser de tout son poids pour un retour massif des réfugiés. En dépit de l’assistance humanitaire internationale et nationale, la situation humanitaire reste toujours alarmante parce qu’elle se trouve limitée dans son fonctionnement par des facteurs qui lui sont propres. Et que certains obstacles ne lui permettent pas d’évoluer en toute quiétude et en toute sécurité. Tous ces facteurs rendent inéluctable l’enlisement de l’action humanitaire. Ce qui est préjudiciable aux droits humains. Donc, un challenge pour le ministre Konaté qui devra faire bouger les lignes afin d’être en parfaite communion avec l’Accord de Bamako. Il a le défi de repenser totalement le volet social au Mali.
Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de l’Intégration africaine: Abdoulaye Diop
Le ministre Diop doit travailler à maintenir la diplomatie malienne au niveau où elle est aujourd’hui. Il aurait ainsi fait un grand effort. Dans son bilan, tout n’est pas parfait car il y a aujourd’hui dans nos représentations des ambassadeurs qui n’honorent pas le Mali. Un nettoyage de l’écurie s’impose donc. Et c’est à ce niveau que beaucoup attendent Abdoulaye Diop.
Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux: Me Mamadou Ismaël Konaté
Au ministère de la Justice, les défis sont énormes. Me Mamadou Ismaël Konaté qui est du secteur en sait quelque chose. A cet égard, son souci est de faire accroître substantiellement les moyens du secteur de la justice à l’occasion des prochains arbitrages budgétaires afin de remplir la part du gouvernement dans la poursuite de la mise en œuvre de la réforme du secteur judiciaire et aux engagements de notre pays vis-à-vis des partenaires techniques et financiers. Les problèmes urgents auxquels le ministre Konaté doit s’attaquer sont liés à l’alimentation des détenus, la budgétisation des fonds des greffes, la révision du décret portant frais de justice criminelle.
Ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat : Mohamed AG Erlaf
Il a le défi de faire appliquer les textes de la décentralisation. Aujourd’hui, le pouvoir central fait trop obstruction à l’avancée de la décentralisation. Des ministres continuent de fouler aux pieds les prérogatives des maires. Il faut que le ministre arrive à obtenir du gouvernement qu’il agisse dans l’esprit d’un régime de décentralisation et non de déconcentration. En plus des compétences administratives, le Ministre doit relever le défi du transfert des compétences et des ressources. S’il arrive à le relever, son nom sera inscrit dans les annales de l’administration malienne comme étant celui par qui la décentralisation a pris son nouvel envol. L’administration locale doit être revue et c’est parce que le gouvernement ne transfère pas les ressources que certains agents continuent de l’attendre pour leur traitement. Cette même administration a besoin de formation et de renforcement de ses capacités pour répondre à la dynamique d’une administration moderne. Car, c’est parce que certains agents ne sont pas bien formés que quelque part les questions d’état civil se posent avec acuité.
Ministre de l’Economie et des Finances : Dr Boubou Cissé
Le premier des défis qu’il a à relever est de rassurer le chef de l’Etat qu’il maîtrise son domaine. Ensuite, il devra relever le défi du renflouement des caisses de l’Etat. Les réformes nécessaires pour créer le cadre macro-économique nécessaire à cette fin doivent être engagées au plus tôt. Les questions de l’évasion fiscale, les fraudes douanières, le rééquilibrage entre les salaires et les ressources de l’Etat doivent être réglés dans les meilleurs délais pour satisfaire les attentes des partenaires qui estiment disproportionnés les 45% du budget consacrés aux salaires. Le Ministre Cissé a aussi le défi de remettre les travailleurs des finances au travail et de corriger l’image d’un ministère en grève de façon permanente.
Ministre de la Réconciliation nationale: Mohamed EL Moctar
Une tâche assez lourde pour ce nouveau ministre. Car vu le tissu social qui est déchiré, il faudra du tact et de la patience pour recoller les morceaux. Il faudra redonner confiance aux populations afin que les uns et les autres ne voient pas toujours leur voisin comme un potentiel ennemi. Pour ce faire, il faudra que le ministre soit très actif sur le terrain avec des messages qui adouciront les cœurs des uns et des autres. Ministre des Maliens de l’Extérieur: Dr Abdourhamane Sylla
Il doit œuvrer à faire en sorte que les Maliens qui vivent à l’extérieur et qui se plaignent souvent du fait qu’on ne les associe à rien soient maintenant associés. C’est un challenge important lorsqu’on se réfère à la capacité de mobilisation de ressources étrangères de ces Maliens vivant à l’extérieur. Pour finir, le ministre Sylla doit aussi faire la promotion des Maliens dans les institutions et organismes internationaux. Cela sera à son actif à l’heure du bilan.
Ministre de la Promotion de l’Investissement et du Secteur privé: Konimba Sidibé Si pour ce qui est du volet de la promotion de l’investissement beaucoup reste à faire, il faut avouer que dans le secteur de la promotion de l’investissement et du secteur privé, un pas de géant a été franchi. Aujourd’hui, dans ce secteur, notre pays a une visibilité. Mais, ce n’est pas le moment de dormir sur ses lauriers. Konimba Sidibé doit donc aller au-delà de ce qui a été fait jusque-là. Des initiatives ont été prises, elles doivent être poursuivies, surtout avec la même rigueur. C’est grâce à la performance du ministre que les piliers du développement du Mali pourront tenir. Il faut donc s’y atteler au plus tôt et surtout aller à l’école quotidienne du Premier ministre pour comprendre l’état des lieux réels afin de poursuivre la marche.
Ministre de la Fonction publique et du Travail, chargé des Relations avec les institutions: Mme Diarra Raky Talla
Elle a le défi de remettre la fonction publique en règle. Il y a trop de situations hybrides dans la fonction publique qu’il faut vraiment trancher définitivement. Il y a des reversés, des réintégrés, des travailleurs qui n’ont pas de statut. Il faut pouvoir s’arrêter et mettre de l’ordre dans tout cela. Car, pendant qu’un processus évolue, un nouveau pouvoir vient toujours greffer ses nouvelles recrues. Il faut qu’on définisse enfin des programmes ou des critères clairs au vu de tout ce qui s’est passé jusque-là pour trouver des mécanismes fiables pour gérer la carrière des travailleurs. Le travail au Mali reste encore un domaine où chacun fait ce qu’il veut. Il faut revoir totalement la façon d’embaucher, la façon de traiter le travailleur. Les différents textes doivent être expliqués. Il faut le faire pour que les travailleurs connaissent les textes. Car aussi bien les travailleurs que leurs employeurs ignorent le plus souvent les textes. Et parfois c’est au tribunal que certains découvrent les textes et les conséquences sont souvent fâcheuses.
Beaucoup d’enfants sont aussi sacrifiés sur le plateau du travail. Il faut que les différents programmes soient revus et que même si des enfants doivent rester avec leurs parents pour apprendre à vendre ou à faire autre chose, ils aient un certain âge. Il faut passer à l’application rigoureuse desdits textes après avoir repris la sensibilisation. Il faut rendre le travail plus plaisant aux travailleurs dans tous les domaines afin qu’ils ne soient plus amener à abandonner les bureaux avant l’heure. Il faut faire en sorte que le travailleur trouve du plaisir à construire son pays en travaillant.
Ministère de la Jeunesse et de la Construction citoyenne: Amadou Koïta
Les jeunes, pour s’épanouir, ont besoin de centres de loisirs, d’espaces de jeu. La jeunesse malienne est en manque de divertissements sains. Des problèmes qu’il revient à Amadou Koïta de gérer au mieux. Il aura aussi la lourde responsabilité de développer le civisme auprès de la jeunesse malienne; qui est aujourd’hui en manque de repère.
Ministère des Travaux publics, des Transports et du Désenclavement : Mme Traoré Seynabou Diop
Pendant son premier quinquennat, le président de la République est en train de mettre en place d’énormes infrastructures routières sur toute l’étendue du territoire national. Mais ce n’est pas assez. De grandes villes comme Mopti, Kayes et Gao manquent encore de routes praticables. C’est le moment plus que jamais de doter ces villes en infrastructures aussi bien pour leur beauté que pour les échanges commerciaux. A la tête de ce département ministériel, Mme Traoré Seynabou Diop sait plus que quiconque ce qu’elle doit faire.
Elle sait bien que les infrastructures routières participent énormément de la prospérité de l’économie d’une nation. Les tronçons Bamako-Koulikoro et Bamako-Diéma sont sérieusement dégradés. Des financements seraient déjà trouvés pour leur réhabilitation. Que cela se fasse effectivement. L’autre défi que doit relever la ministre est celui des rails. Bamako est envahie par les poids lourds à cause de la non-fonctionnalité du port sec de Korofina. Et pour le faire, il faudrait surtout s’appuyer sur les rails. Les rails maliens ne sont plus adaptés aux locomotives modernes. La plupart des locomotives dont dispose le Mali sont à l’arrêt. Aussi, ne doit-elle pas perdre de vue les pistes et dessertes rurales. Elles permettent d’écouler les productions agricoles des champs. Ces pistes rurales sont donc vitales.
Paul N’GUESSAN