Rien n’est de trop pour arriver à un véritable accord de paix avec les groupes armés, sommes nous tenter de dire. Ce qui explique les nombreuses concessions faites par le gouvernement. Mais, plus le temps passe, plus la Coordination des mouvements de l’Azawad se radicalise. C’est du moins ce que l’on retient des exigences du Secrétaire général du Mnla, Bilal Ag Achérif.
Le compromis trouvé à Alger ayant abouti à la signature d’un accord pour la paix entre le gouvernement et les groupes armés en juin 2015 est toujours parsemé d’embuches. Pour preuve, les agissements de certains responsables sont contraires à la mise en œuvre dudit accord. La Plateforme, l’autre groupe armé dit proche du gouvernement, exprime sa frustration.
Le fait récent et non le moindre est la dernière visite de Bilal Ag Achérif à Bamako. Au départ, l’opinion publique avait cru à un signe annonciateur du retour définitif de ce dernier et sa CMA dans les girons de l’Etat. Mais c’était une erreur, car, AG Achérif avait un autre agenda. Il s’agit d’imposer sa volonté à l’Etat malien.
Selon des indiscrétions, le passage de Bilal Ag Achérif à Bamako a causé le départ du Chef d’Etat-major général des armées, le Général de division Mahamane Touré.
En effet, l’une des conditions posées par Bilal Ag Achérif pour le retour de la paix au Mali était le départ du Général El Hadj Ag Gamou de Kidal. Si le Président IBK a accepté cette exigence, selon nos sources, le Général Touré a refusé d’avaler cette couleuvre.
Ainsi, on lui a sommé d’exécuter cette volonté, faute de quoi il sera demi de ses fonctions. «Je préfère être demis séance tenante que de donner suite à cette demande», aurait réagit l’officier. Décidées à satisfaire l’«enfant chouchou» du Mali, les autorités ont finalement remplacé le Général de division Mahamane Touré par le Général de division Didier Dakouo censé mettre à exécution cet ordre.
En attendant la réalisation de sa demande, expliquent nos interlocuteurs, Bilal Ag Chérif aurait été chouchouté par le pouvoir. Pour calmer ses ardeurs, on lui aurait offert 500 millions de FCFA. Dans cette même dynamique de satisfaire la revendication de AG Chérif, précisent des sources dignes de foi, le Niger a été sollicité, d’où la récente visite du Premier ministre nigérien à Bamako le 2 juillet.
Ce dernier, apprend-t-on, est réputé entretenir de bonnes relations avec le Général Gamou depuis l’exil de ce dernier au Niger en 2012. Ainsi le responsable nigérien aurait pesé de tout son poids dans la balance pour faire plier Gamou. Mais sans succès. Car, rapportent des sources proches du dossier, El Hadj Gamou s’est catégoriquement opposé à l’idée de quitter Kidal. Pire, il a menacé de quitter l’armée malienne et renoncer au grade de Général.
Contacté par nos soins, Fahad Ag Almahmoud, l’un des porte-paroles de la Plateforme, affirme avoir appris la demande de déguerpissement de Gamou de Kidal. Avant d’ajouter que le Conseil régional doit revenir à son mouvement pour un partage équitable de pouvoir à Kidal.
Car, dit-il, le nouveau gouverneur de Kidal a été nommé sur proposition de Bilal Ag Achérif. Sur un ton agacé, Fahad Ag Almahmoud, déclarera: «Bilal Ag Achérif affirme que le gouvernement malien a promis à la CMA le contrôle total de Kidal comme si nous, on n’existait pas».
Aux dernières nouvelles, le Général Gamou aurait accepté de lever son check-point au sud de Kidal, mais garde celui de l’entrée nord de la ville.
Au regard de cette tension qui règne à Kidal, le Mali a trouvé un autre médiateur. Il s’agit du Premier ministre Nigérien, Brigi Rafini, qui, selon d’autres sources a appelé El Hadj Gamou pour lui demander de venir discuter à Niamey avec les autorités maliennes et la CMA qui sera représentée par Bilal Ag Achérif, pour trouver une solution.
A en croire son entourage, Gamou a donné son feu vert pour la tenue de cette rencontre. Mais à condition que le Haut représentant du Chef de l’Etat dans le processus de mise en œuvre de l’accord issu du processus d’Alger, Mahamadou Diagouraga, soit convié. Une condition acceptée par le pouvoir en place et le mediateur. Après un premier report, cette rencontre commencerait le 11 juillet à Niamey, en présence d’une délégation du gouvernement malien.
Nouhou DICKO