Il a suffi que l’ONU renouvelle le mandat de sa force pour que les cris de joie fusent du côté de ceux qui tirent profit de la présence de la MINUSMA dans notre pays. En premier lieu, la France dont les affaires vont continuer à prospérer et en second lieu, les Maliens ennemis du Mali dont la MINUSMA est un bureau de recrutement pour leurs enfants. Jusqu’à quand ce crime contre le peuple malien s’arrêta ?
Une forte délégation, conduite par le Premier ministre, Modibo Keïta, s’est rendue, la semaine dernière, au siège de l’ONU, à New York, avec pour seule mission de renouveler le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA). Elle n’est pas rentrée les mains vides à la maison. La moisson a été belle : la France et ses relais maliens, tapis dans l’ombre pour sucer le peu de sang qui reste encore dans les veines des Maliens, se lèchent les doigts et fêtent leur victoire sur le dos du peuple travailleur du Mali.
Le Premier ministre et les hommes qui l’accompagnaient dans ce voyage étasunien, ont réussi à convaincre avec des arguments fallacieux le Conseil de sécurité des Nations unies à renouveler le mandat de la MINUSMA pour renforcer la position militaire et économique française dans notre pays. Ce renouvellement du mandat de la force onusienne dans notre pays intervient à un moment où le peuple malien, dans sa partie conscience et soucieuse du devenir des populations maliennes, ne souhaitait pas voir les Casques bleus de l’ONU armes en bandoulière tourner en rond dans nos villes.
Si le renouvellement du mandat de la MINUSMA a été ressenti comme un deuil chez les patriotes maliens qui n’ont jamais accepté la recolonisation déguisée de notre pays par la France sous couverture onusienne, il a été accueilli dans l’autre camp comme du pain béni.
De retour de leur voyage au siège de l’ONU, où le sort du Mali a été de nouveau scellé sur l’autel du pillage de nos richesses par les puissances impérialistes, le Premier ministre, Modibo Keïta et sa délégation ont reçu tous les honneurs de la part de la France, d’une part et ses mandibules maliennes et leurs souteneurs, d’autre part. Ils n’ont pas tari d’éloges à l’égard de la délégation qui avait effectué le déplacement à l’ONU.
Le tapage médiatique, qui a accompagné leur retour, a atteint un point que le citoyen lambda a fini par imaginer que leur forfaiture leur vaudra un monument dressé sur une des places publiques de Bamako, la capitale malienne.
Une fois sur le sol malien et durant toute la semaine, le Premier ministre et certains de ses ministres qui l’ont accompagné à New York ont enchaîné déclarations, interviews et rencontres pour faire croire à leurs concitoyens que la communauté internationale se soucie plus de leur pays et sera toujours à ses côtés dans ses moments difficiles.
Le président de la République, IBK, garant de l’unité nationale, n’est pas resté en marge. Il était aux anges comme pour dire aux Maliens que ce renouvellement du mandat de la MINUSMA mettra fin à la mort de nos vaillants soldats qui se battent avec les moyens de bord au front pour libérer notre patrie des mains des ennemis intérieurs et extérieurs et de la domination d’une minorité agissante, insolente et arrogante adoubée par la France pour diviser le Mali de nos rêves.
La MINUSMA prospère les affaires de la France au Mali
Ainsi, par ce renouvellement du mandat de la force onusienne dans notre pays, la France respire de nouveau. Il permettra à la France de renforcer sa position militaire et économique dans notre pays. En plus de préserver ses intérêts militaires aussi bien qu’économiques, il donne le plein pouvoir à la France de protéger les narcotrafiquants et criminels de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui continuent de narguer la République, malgré le maintien de l’intégrité territoriale du Mali par toutes les bonnes volontés qui se sont engagées dans la résolution de la crise politico-sécuritaire que notre pays connaît depuis 2012.
Il n’est un secret pour personne que la France a profité de l’opération Serval, en janvier 2013, pour occuper militairement et économiquement le Mali, toute chose que le premier président Modibo Keïta avait tenu à éviter en demandant tout simplement à l’ancienne métropole coloniale d’évacuer ses bases militaires qu’elle occupait bien avant l’indépendance de notre pays. C’était en 1961.
Sur le plan militaire, la France est parvenue à travers l’accord de coopération militaire signé avec le gouvernement malien, en 2014 à sous-traiter notre défense et notre sécurité. Depuis la signature de cet accord diabolique, notre armée est sous contrôle français. Elle ne peut rien faire en termes d’achat d’armes, de formation et de recrutement sans passer par la France.
Avant cet accord, la France avait exigé du Mali qu’il fasse preuve de bonne volonté d’équiper son armée avec l’équipement français en détruisant tout l’arsenal soviétique existant au motif que celui-ci serait caduc. Il est à rappeler que l’armée malienne est de formation soviétique tant du côté de l’équipement militaire que des ressources humaines.
La grande majorité des cadres militaires ont été formés en ex-URSS. N’en déplaise aux détracteurs de notre armée. Ce travail de destruction des armes soviétiques a été confié à Soumeylou Boubèye Maïga, une taupe française dans l’opinion publique malienne, alors ministre de la Défense. Il a détruit avec l’expertise des militaires français les missiles anti aériens livrés par l’ex-URSS à notre pays.
Sur le plan économique, les faits sautent à l’œil. Les stations Total poussent comme des champignons dans notre pays. Alors qu’avant l’opération Serval de janvier 2013, elles se comptaient au bout des doigts à Bamako comme à l’intérieur du pays. Il est à noter que nous avons consacré un article, en 2013 à la domination économique française à travers Total.
La présence massive du groupe Total se justifie par la présence de la MINUSMA. Tous les véhicules de la force onusienne se ravitaillent en carburant dans les stations Total. Que de milliards pour le Trésor français ! La faute était flagrante et pour ne pas mettre les autres stations de la place sur son dos, Total a revu à la baisse sa gourmandise. Quelques stations d’essence ont été choisies et dans lesquelles les véhicules de la MINUSMA sont autorisés à prendre leur carburant.
La domination économique se manifeste aussi à travers les publicités des grandes sociétés maliennes sur les antennes de RFI, radio qui dépend du ministère français des Affaires étrangères et non de la Communication. Une banque de la place paye à cette radio 100 millions de F CFA pour sa publicité. RFI n’est donc autre qu’un instrument de domination de la diplomatie française dans le monde.
Que fait donc la France de cette indépendance de la presse chantée sous tous les toits ? Nul doute que RFI (comme toute autre presse) est une presse de classe au service incessant de la bourgeoisie franco-malienne aux dépens de notre peuple travailleur. C’est dire que tant que la MINUSMA est présente au Mali, les affaires de la France vont prospérer et à jamais.
La MINUSMA, un bureau de placement des enfants des anciens ministres, hauts fonctionnaires qui ont trahi le Mali
Le renouvellement du mandat de la MINUSMA a été accueilli d’un bon œil par les traitres maliens qui ont appelé la France à occuper militairement et économiquement notre pays en 2013. La MINUSMA est devenue une officine de placement des enfants des anciens et actuels dignitaires qui ont pris le Mali en otage par leur gestion apatride depuis le 8 juin 1992, l’arrivée à la tête de notre pays des bandits, des crapules et une bande de voleurs sous le couvert de la «démocratie» pourtant appelée de tous les vœux au Mali.
Les rejetons de l’oligarchie née du vol du bien public sont ainsi sauvés des affres du chômage. Ceux déjà recrutés, perçoivent à la fin de chaque mois un salaire conséquent, rançon de la traitrise et de la trahison de leur père à l’égard du peuple malien.
Aussi, faut-il le dire, ce renouvellement du mandat de la MINUSMA permettra à ces bandits qui ont trahi notre pays pour des intérêts sordides inavouables de ravitailler celle-ci en biens consommables et autres à travers des sociétés prêtes nom.
Ce complot contre le peuple malien ne saurait durer longtemps. Car notre peuple a déjà fait sienne cette célèbre réflexion du président Modibo Keïta selon laquelle «Lorsque les vrais propriétaires deviennent des spectateurs, c’est le festival des brigands».
Le jour où les forces patriotiques vont se retrouver, le complot sera éventré et les auteurs répondront de leurs actes devant le tribunal de l’Histoire. C’est en cela qu’il convient de partager cette thèse de Frantz Fanon qui dit : «Chaque génération, dans une relative opacité, décide d’accomplir sa mission ou de la trahir». Nul doute que le peuple malien s’assumera tant qu’il est vrai qu’on ne peut continuer à le tromper et à le trahir indéfiniment.
Yoro SOW