Les récentes nominations de cadres au conseil des ministres ne sont pas de nature à rasséréner la situation politico-économique dramatique dans laquelle notre pays se trouve plonger depuis la chute du régime nationaliste de Modibo Keïta. Il est de plus en plus évident et patent que la «démocratie» en cours au Mali est une politique d’escroquerie savamment montée pour spolier et humilier notre peuple travailleur.
Rappelons que les maîtres-mots de campagne du candidat Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), lors des joutes électorales de 2013, étaient : «Le Mali d’abord», «Pour l’honneur du Mali», «Nul ne sera au- dessus de la loi». IBK, sollicitant à tout bout de discours la bonne volonté du tout puissant, fut élu par le peuple malien à 77,66% des suffrages exprimés. Il prêta serment le 4 septembre 2013 s’engageant ainsi à défendre les intérêts supérieurs de notre pays. IBK sait-il vraiment d’où sommes-nous venus au Mali ? Rien n’est moins sûr !
Il convient donc qu’il comprenne que notre peuple a enduré pendant 23 longues années les affres d’une gestion calamiteuse de nos affaires par l’apache régime de Moussa Traoré. Mais dès lors qu’à l’occasion de son investiture, IBK a appelé le général assassin ‘’grand républicain’’, pour les hommes avertis de la scène politique nationale, le candidat élu a déjà tracé le chemin qu’il se propose de suivre dans la gestion des affaires de notre pays. Cette déclaration présageait déjà que le président IBK renouerait fort probablement avec le passé calamiteux et sombre qu’a connu notre pays, comme en témoigne la nomination d’hommes et de femmes sortis des sérails des régimes de Alpha Oumar Konaré et de Amadou Toumani Touré (ATT).
Le premier gouvernement composé par IBK et son premier Premier ministre Oumar Tatam Ly avait déjà fini de désillusionner ceux des Maliens qui s’attendaient à un changement véritable de leurs conditions réelles de vie et de travail. Tout le monde a vu les résultants de cette première envolée du président IBK. Comme si Dieu n’a pas voulu accompagner le président IBK tel que celui-ci en exprimait toujours le besoin dans son expression ‘’In chalahouh’’, le troisième gouvernement à l’image du deuxième a déjà montré toutes ses limites objectives quant à la gestion judicieuse des affaires de notre peuple travailleur.
De Oumar Tatam Ly à Modibo Keïta, le Mali au lieu de se révéler de son gouffre né de la gestion catastrophique de ATT, continue sa descente dans les enfers et cela sur pratiquement sur tous les plans. Ainsi, de la sécurité au mieux-être économique de nos populations, les résultats coupent de plus en plus le sommeil de toutes celles et de tous ceux qui ne cessent de rêver d’un Mali nouveau débarrassé des méandres de l’histoire de notre patrie.
Aujourd’hui, à moins de jouer à l’aveugle, il est de plus en plus évident qu’IBK a jeté dans les calendes grecques toutes ses promesses de campagne. Ainsi, en lieu et place du slogan «Le Mali d’abord !» s’est érigé «Ma famille d’abord» ; «Pour l’honneur du Mali» a cédé le pas au déshonneur de notre peuple travailleur acculé par la misère chaque jour plus humiliante.
En lieu et place du slogan de campagne «Nul ne sera au dessus de la loi», on observe avec amertume que cette loi a toujours du plomb dans ses ailes, sinon même installe dans les cœurs et dans les esprits des Maliens la célèbre vérité de Jean de La Fontaine selon laquelle : «Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendrons blanc ou noir.». Notre peuple ne peut plus continuer à compter sur le changement promu par celui qu’il a élu par un quasi plébiscite.
Pourquoi les gouvernements IBK ne méritent plus la confiance des citoyens ?
Tout le monde a compris ici au Mali qu’IBK ne veut et ne peut opérer aucun changement qualitatif à l’avantage de notre peuple et pour cause :
– A partir de fausses pièces établies, on nomme des gens à des postes stratégiques. Tout se passe comme si IBK ignore vraiment que l’opportunisme socio- politique est non seulement à l’œuvre dans notre pays mais surtout devient chaque jour pire.
– Par népotisme, on nomme des fonctionnaires à la retraite à des fonctions honorifiques sans la moindre amabilité de se dire que pendant des décennies de service public, ils ont eu le temps d’exprimer tout leur talent et de donner tout ce qu’ils pouvaient donner à notre pays. Avec toutes ses limites objectives atteintes, il est illusoire d’attendre de cette vieille race de politiciens fonctionnaires quelque chose de potable pour notre peuple et pour son devenir radieux. Il est bon d’être jaloux des pays voisins qui font bien !
– Par peur d’être dénoncé par une certaine presse, le pouvoir malien procède à des promotions en direction de ceux- là même qui auraient mis la presse dans la misère en détournant les fonds alloués aux médias nationaux. Avec ses promotions illicites, l’on est ‘’sûr’’ d’éviter d’être mis à nu.
– Enfin, pour préparer l’avenir de leurs progénitures, les institutions du pays et certains services comme le PMU-Mali, les banques et filiales des sociétés étrangères sont des boîtes réservées aux fils des barons du Mali. Sauf que l’on oublie que la roue de l’histoire tourne et que le peuple malien, à tout moment, peut décider de s’assumer pleinement et entièrement tant il reste établi que pousse- pousse s’arrête toujours au mur.
Aussi, faut-il feindre d’ignorer cette vérité historique de Frantz Fanon selon laquelle : «Chaque génération, dans une relative opacité, décide d’accomplir sa mission au de la trahir». Inévitablement, notre peuple s’assumera pleinement et entièrement, tant il est évident qu’a beau retirer la parole au peuple, il finit toujours par la prendre.
Les récentes nominations de cadres au conseil des ministres ne sont pas de nature à rasséréner la situation politico- économique dramatique dans laquelle notre pays se trouve plonger depuis la chute du régime nationaliste de Modibo Keïta. Il est de plus en plus évident et patent que la «démocratie» en cours au Mali est une politique d’escroquerie savamment montée pour spolier et humilier notre peuple travailleur.
A deux jours de la fête de ramadan, les Maliens dans leur écrasante majorité se cherchent pour sauver la face. Pendant ce temps d’humiliation de nos masses laborieuses, ce sont des «démocrates» qui se frottent majestueusement les mains en se partageant les postes juteux. A titre d’exemple, on peut citer :
– La nomination de l’inspecteur général, Mamadou Diagouraga, comme Haut Représentant du président de la République pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
– La nomination de Mme Sacko Aminata Kane au poste de gouverneur du district de Bamako.
– Moustapha Dicko, qui a brillé par son incapacité à redonner confiance à notre enseignement, se retrouve bombardé conseiller spécial du président de la République et Haut Représentant du président de la République auprès de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), cet autre instrument de recolonisation des peuples d’Afrique.
Il est absolument évident (et IBK le sait) qu’on ne peut opérer aucun changement fiable d’une vieille voiture avec de vieilles pièces de rechange. Cela est d’autant exact que ceux qui ont montré toutes leurs limites objectives à la tête de nos affaires ne peuvent servir la cause du changement à l’avantage de nos masses laborieuses.
A ce stade de la gestion de la République du Mali, il faut que le président arrête d’inciter les Maliens à la révolte populaire. Notre peuple a soif d’une gestion patriotique et saine de nos affaires. Dieu est avec ce peuple.
Fodé KEITA