L'ancien Premier ministre de François Mitterrand est mort samedi, 2 juillet 2016. Célèbre pour ses coups de gueule et ses positions originales au-delà des clivages gauche-droite, Michel Rocard est resté jusqu'au bout une des grandes voix de la politique française et du Parti socialiste.
Michel Rocard, 85 ans, l'un des derniers éléphants du Parti socialiste, s'en est allé ce samedi en milieu d'après-midi dans un hôpital parisien, a précisé son fils.
Premier ministre de François Mitterrand de juin 1988 à mai 1991, l'homme politique de premier ordre aura marqué les esprits par une pensée originale, dépassant souvent les clivages traditionnels de la gauche et de la droite.
Homme de convictions, il restera comme l'instaurateur du RMI (revenu minimum d'insertion) et comme le signataire des Accords de Matignon de 1988 sur les droits de la Nouvelle-Calédonie. Hérault infatigable de la "deuxième gauche" prônée par lui dès le congrès socialiste de Nantes de 1977, il s'opposait à une vision par trop "jacobine" de la politique et contre l'idée d'un "marxisme à la française".
Une liberté de pensée au-delà des clivages
Attaché à sa liberté de parole, Michel Rocard s'était récemment ouvert dans une interview au Point, de sa position en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, soit pour le fameux "Brexit". Déroutant pour ses adversaires politiques, comme parfois pour son propre camp, il avait aussi à l'occasion salué la sagesse d'Alain Juppé et raillé Manuel Valls, Emmanuel Macron et François Hollande. Ce dernier l'avait élevé en octobre dernier, sans jamais avoir fait partie de la "mouvance rocardienne", au rang de grand-croix de la Légion d'honneur, la plus haute distinction française.
En 2009, Nicolas Sarkozy l'avait promu Ambassadeur en charge des négociations internationales sur les pôles.
En 2012, Michel Rocard n'avait pas hésité à critiquer le programme écologique du PS, jugé par lui "pas très réaliste". Il s'était néanmoins rallié à François Hollande pendant la campagne de 2012 "parce qu'il va bien moins loin que Nicolas Sarkozy dans le mythe qu'on retrouvera la grande croissance pour s'en sortir".
Outre son passage au sommet de l'Etat, Michel Rocard a été député européen de 1994 à 2009. A l'échelon local, c'est l'image du maire de Conflans-Sainte-Honorine qui restera.
Etudiant à Science-Po Paris avec Chirac
Né en 1930 d'une famille de la moyenne bourgeoisie, il passe par le scoutisme où il croise déjà Lionel Jospin, son futur ministre de l'Education. Son père, professeur et chercheur, le destine à une carrière scientifique. Mais c'est dans le domaine littéraire que les talents de Michel Rocard vont s'exprimer.
Après un baccalauréat scientifique obtenu en 1946, il décide de braver le conseil patriarcal et d'entrer à l'Institut d'études politiques de Paris. Il y rencontrera un certain Jacques Chirac.
En 1949, il adhère à la SFIO, afin de porter les idées européennes. Père de quatre enfants, Michel Rocard s'est marié trois fois.
Inspecteur des finances en 1958, il participe à la fondation du PSU (Parti socialiste unifié). Quand de Gaulle se retire du pouvoir après l'échec du référendum de 1969, il se présente pour la première fois à l'élection présidentielle. Il rejoint en 1974 le Parti socialiste.
Par David NAMIAS