Les récents événements survenus dans la Cité des Askia ne semblent entamer en rein l’optimisme de certains acteurs de la mise en œuvre de l’Accord de paix par rapport au démarrage, ce 15 juillet 2016, de l’installation des autorités intérimaires dans les 5 régions du Nord. En tout cas, du côté de la Plateforme des mouvements d’autodéfense comme du département en charge de la Décentralisation, on ne doute point que le calendrier prévu par l’Entente signée en juin dernier sera respecté. Rien n’est cependant moins sûr.
Au regard des récentes manifestations à Gao contre l’installation des autorités intérimaires, ils sont nombreux les observateurs de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation à se demander si la date du 15 juillet pourra être respectée pour le démarrage de la mise en place desdites autorités, tel que prévu par un document signé par les parties (Gouvernement-Plateforme-CMA) en juin dernier.
Sur la question, des responsables de la Plateforme des mouvements d’autodéfense et du ministère de la Décentralisation que nous avons contactés se montrent optimistes par rapport au respect de ce calendrier. Joint au téléphone, Fahad Ag Almahamoud, Secrétaire général du Gatia et membre influent des la Plateforme des mouvements d’autodéfense, rappelle d’abord que l’installation des autorités intérimaires est l’une des phases de la mise en œuvre de l’Accord.
Selon Fahad qui était sur le point de départ pour Niamey dans le cadre de la rencontre sur la gestion de Kidal lorsque nous le joignions, les récentes violences à Gao ne devraient pas empêcher les parties signataires de l’Entente de respecter le calendrier. «Le Nord ne se limite pas à Gao», a-t-il dit, mettant l’accent sur la rencontre de Niamey et les différentes missions de sensibilisation autour de l’Entente pour espérer l’installation des autorités intérimaires.
A la question de savoir si le gouvernement est prêt pour le démarrage effectif de l’installation des autorités intérimaires ce vendredi 15 juillet, Séni Touré, Conseiller technique au ministère de la Décentralisation, avoue ne pas être à mesure d’affirmer et d’infirmer quoi que ce soit. Tout ce qu’il dit savoir, c’est que le Gouvernement a pris un certain nombre d’engagements dans l’Entente et qu’il entend respecter.
«C’est vrai qu’il y a eu des événements à Gao, mais à la télé hier [Ndlr: mardi 12 juillet] vous avez pu voir le compte rendu d’une activité d’information et de sensibilisation conduite par la CMA à Tombouctou.
Donc il n’y a aucune raison à mon avis que ça ne soit pas le cas [entendez que le calendrier ne soit pas respecté]», a toutefois estimé M. Touré. Nos différentes tentatives de joindre le porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), Almou, ont été vaines. Ce dernier, pour des raisons que nous ignorons, n’ayant pas décroché le téléphone.
Faut-il rappeler que ce mardi 12 juillet 2016, une manifestation contre l’installation des autorités intérimaires a été réprimée dans le sang par les forces de l’ordre.
Cette flambée de violence qui s’était poursuivie jusqu’à hier mercredi s’est soldée, selon certaines sources, par au moins 5 morts et plusieurs dizaines de blessés.
Ces événements surviennent à seulement trois jours du démarrage de l’installation des autorités intérimaires. Ce processus, au terme de l’Entente signé par les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation en juin dernier, devrait en principe commencer ce 15 juillet, c’est-à-dire demain vendredi, pour prendre fin le 15 août prochain.
Etape importante du processus de mise en œuvre de l’Accord, l’installation desdites autorités est cruciale pour le retour de l’Administration et des services sociaux de base dans certaines localités du Nord du pays.
Mais, en dépit de l’optimisme affiché par les responsables cités plus haut, le doute reste toutefois de mise quant au respect du calendrier initial. Le gouvernement qui a encore une fois pêché par son manque de communication devrait se donner le temps nécessaire pour mieux expliquer toutes les questions liées à la mise en place des autorités intérimaires.
Ce, pour éviter que les événements survenus à Gao ne fassent pas tâche d’huile dans d’autres localités dont les populations ne sont pas suffisamment informées sur le processus d’installation desdites autorités, leur composition, leurs prérogatives et leurs durée, entre autres.
Bakary SOGODOGO