Le sujet peut fâcher, mais il est poignant et mérite d’être abordé. En effet, l’armée malienne est décapitée par la nomination des officiers supérieurs à des postes de responsabilités civiles, alors que le pays a réellement besoin d’eux au moment où la guerre s’impose pour nous libérer du joug des groupes terroristes et reformer l’armée malienne. Mais si ceux qui sont formés pour faire la guerre désertent le terrain au profit des salons feutrés et climatisés, qui mènera alors les combats à leur place ? Cette vérité amère mérite d’être abordée pour attirer l’attention sur cette pratique qui n’honore pas notre armée nationale.
Depuis le jour du coup d’Etat qui a contraint ATT a abandonné le pouvoir, le 22 Mars 2012, à chaque conseil de Ministres, on assiste à des nominations d’officiers supérieurs à des postes administratifs dans les ministères (Haut fonctionnaire de défense, Conseiller Technique, Directeur Général, Directeur Général Adjoint, Directeur Adjoint des Finances et du matériel ; Conseiller Consulaire, ce dernier est une nouvelle trouvaille, etc.)
Déjà dans le gouvernement d’union nationale, formé depuis avril 2012, les quatre plus gros départements en termes d’importance et de budget annuel (Défense, Administration Territoriale, Sécurité Intérieure, Transports et Infrastructures routières) étaient occupés par des représentants qualifiés et compétents de l’armée malienne.
Comme si cela ne suffisait pas, on continue de nommer nos valeureux officiers, ceux-là même qui ont été formés dans les hautes écoles de guerre en France, en Allemagne, aux USA, en Afrique du Sud, en Union Soviétique, en Chine etc. dans des postes administratifs.
Ces officiers supérieurs ont appris dans ces grandes écoles, les stratégies modernes de guerre.
Ces stratégies de guerre devraient être mises en œuvre par nos valeureux officiers d’abord, avant toutes initiatives de la CEDEAO et de la Communauté Internationale (MINUSMA).
Ils sont environs 150 officiers supérieurs à des postes administratifs depuis les mandats d’Alpha à maintenant. Peut-on encore parler d’une armée capable, tactiquement et stratégiquement de nous sauver ?
Peut-on être fier de notre armée s’il y a de nombreux colonels et des généraux qui sont payés pour croquer des arachides dans les bureaux ou sous les arbres ?
Peut-on être fier de notre armée, si les réalités sont cachées aux décideurs, en leur disant que l’armée malienne possède les moyens pour reconquérir les régions du nord alors que la réalité est toute autre ?
Le contexte est mal choisi, car en période de guerre, les militaires ne doivent pas occuper des fonctions civiles. Ces nominations ont été des trouvailles d’Alpha Oumar KONARE en son temps pour distraire l’armée et éviter un coup d’Etat histoire de sauver sa peau. ATT aussi n’a pas trouvé mieux que cela.
Le constat est que de 1960 à 1991, considéré comme la période de la dictature le Mali a doté, entretenu et vitalisé l’armée Malienne. Tandis que la période de 1992 à 2012 considérée comme celle de l’ouverture démocratique a rendu l’armée immobile et incapable de défendre la patrie en danger.
Le résultat a été le manque d’opérationnalité de l’armée, l’abandon de la sécurité des régions du nord entre les mains des rebelles intégrés dans l’armée malienne qui se sont livrés à toutes sortes de délinquances dans la zone. Le régime d’IBK est entrain de reproduire les mêmes erreurs. Au lieu de remettre l’armée en Etat en la reconstituant pour pouvoir imposer l’autorité de l’Etat dans les régions du nord elle devient plutôt un instrument de peur dont il faut se méfier.
L’appel d’offre lancé pour le poste de Directeur Général de l’AGEROUTE n’échappera pas à cette pratique honteuse de nos dirigeants c’est-à-dire transférer leurs protégés officiers dans l’administration pour leur éviter d’aller au front. Bientôt on se retrouvera dans la meme situation à l’AGEROUTE ou un jeune Commandant est tapi dans l’ombre avec le titre de Directeur Général adjoint. Il a été mis à ce poste par la junte militaire depuis 2012. Il avait meme été pistonné par l’ancien Ministre de l’équipement qui vient de plier bagage pour magouilles et faute de résultats positifs.
La nouvelle Ministre est donc avertie. La transparence doit être sa ligne de conduite car IBK commence à frapper les corrompus. C’est pourquoi elle a été choisie pour son expertise en infrastructure et en passation de marchés et d’appels à candidature. Elle n’aura pas le droit de décevoir le Président IBK, contrairement à Hachim KOUMARE.
Au moment où les soldats étrangers meurent au nord pour nous protéger, certains de nos officiers sont cachés dans l’administration. A ce rythme le Mali n’aura plus d’officiers de terrain, mais de salon. Que Dieu sauve le Mali.
Alassane TRAORE