Dans la perspective d’une libération très prochaine du territoire national , l’heure est aux bilans et à la relance économique. En effet, depuis le 13 janvier dernier, la situation au Mali a pris une nouvelle tournure avec l’intervention militaire française et africaine. Cette situation évolue positivement en raison d’un certain nombre de facteurs qu’on observe actuellement à savoir : la libération progressive des régions du Nord, le retrait des terroristes et particulièrement le retour effectif des partenaires étrangers qui avaient suspendu leur coopération en raison de la crise malienne aux dimensions multiples. Donc autant de signes encourageants. Dans un tel contexte, l’heure est aux bilans. La perspective d’un nouveau départ et la relance d’une économie à terre sont envisagées. Dans ce processus, vendredi dernier, la Banque mondiale a procédé à son siège local, à la présentation d’un rapport sur la situation macroéconomique du Mali en 2012. La 7ème session ordinaire du Conseil économique, social et culturel qui a débuté lundi, a également adopté pour thème « la relance économique ». A cette occasion, le ministre de l’Economie, des Finances et du Budget , de son côté, a passé au crible la situation économique de notre pays. Effets négatifs de la crise. L’examen de la situation a ainsi montré que la crise aura eu des effets négatifs importants sur la situation économique, sociale et humanitaire . Ainsi en 2012, les estimations les plus récentes tablent sur une contraction du PIB réel de 1.5 %. Mais, l’impact négatif de la situation d’instabilité politique sur l’activité économique en 2012 serait atténué par la bonne performance des sous-secteurs agricole et aurifère. Autre point important : l’auteur principal du Rapport sur la situation macro économique du Mali en 2012, Cheick Diop, note une résilience appréciable du cadre macroéconomique. En termes de croissance, il a rappelé qu’au cours de la décennie écoulée, le Mali a pourtant, connu un rythme de croissance économique appréciable. Entre 2000 et 2010, son PIB a cru au taux annuel moyen de 5,7 %. Le taux de croissance a été volatile au début de la période mais s’est stabilisé à environ 5 % entre 2005 et 2010. Cette performance a été soutenue par des facteurs exogènes, notamment une pluviométrie et des termes de l’échange globalement favorables. Elle résultait également de facteurs endogènes, comme la stabilité politique et une bonne gestion macroéconomique, qui ont permis un financement de l’investissement par des ressources extérieures. En 2011, la croissance a ralenti à 2.7 % du fait de la mauvaise pluviométrie. Aujourd’hui, les secteurs les plus affectés par la crise seraient dans le domaine tertiaire, en particulier dans le tourisme et l’hôtellerie. Dans le secteur secondaire, le déclin du BTP (-20%), lié à la baisse des investissements publics et privés, serait contrebalancé par une bonne tenue de la production minière (+7.5%). Enfin, le secteur primaire (+8%) profiterait du rebond spectaculaire de la production agricole (+13%).
L’exécution du budget de 2012 a également été affectée. Mais le niveau des recettes totales est attendu en légère hausse en 2012 par rapport à 2011. Les dons baisseraient de près de 90%. Le total des recettes et dons devrait diminuer de 17 % en termes réels en 2012 par rapport à 2011. En outre, les opportunités de financement ont été sensiblement réduites, avec une baisse de 93 % du financement extérieur net. En conséquence, le déficit budgétaire global devrait passer de 3,8 % du PIB en 2011 à 2.5 % du PIB en 2012. Avec un financement limité, les dépenses publiques ont été sensiblement réduites. Les dépenses totales et prêts nets devraient baisser de 21 pour cent en termes réels par rapport à 2011. Le secteur de l’investissement public serait le plus durement affecté avec une baisse de 60 % en termes réels. En revanche, les autorités se sont engagées à protéger les dépenses courantes, en particulier pour la prestation des services de base (éducation, santé, agriculture) et les transferts sociaux. En termes réels, les dépenses courantes ressortiraient stables en 2012 par rapport à 2011. L’orientation prudente de la politique budgétaire du Mali, se traduisant également par un niveau d’endettement modéré, est un facteur important de la stabilité macroéconomique. La dette extérieure du Mali, entièrement publique, ressortirait à 29.5% du PIB en 2012, après avoir atteint 28.1% en 2011. La dette intérieure reste également faible. Elle passerait de 4.7% du PIB en 2011 à 5.1% en 2012. La masse monétaire, elle, a augmenté de 15%, entre 2010 et 2011, entraînée principalement par la forte croissance des crédits à l’économie (+24%) et par une légère détérioration de la position créditrice du gouvernement. A fin octobre 2012, elle a progressé de 13% en glissement annuel. Cette progression reflète principalement une détérioration plus accentuée de la position créditrice du gouvernement, tandis que la croissance des crédits à l’économie est ressortie à 8% en glissement annuel. Quant à l’inflation, le taux d’inflation moyen annuel est passé de à 1,4 % en 2010 à 3 % en 2011 et 5,3% en 2012, principalement en raison de l’impact de la sécheresse. Depuis novembre 2011, le taux d’inflation en glissement annuel s’est maintenu au-dessus de la moyenne de l’UEMOA, avec un pic de 8.2 % à fin Mai 2012. Au cours du dernier trimestre, en revanche, l’inflation a nettement ralenti, en rapport avec la bonne campagne agricole 2012-2013. S’agissant de l’environnement des affaires, le Mali recule de 5 places dans le dernier classement Doing Business (DB 2013). Les perspectives économiques à court terme dépendront fortement des évolutions sur le terrain politique et sécuritaire. Sous l’hypothèse de la poursuite du dynamisme des secteurs agricole et aurifère, le taux de croissance économique pourrait retrouver son niveau tendanciel de 5% en 2013. En revanche le PIB devrait rester en dessous de son niveau potentiel, suite aux chocs subis par l’économie en 2011 et 2012.