Conformément à l’esprit de l’accord de paix signé, les autorités intérimaires doivent être mises en place dans les collectivités territoriales des cinq régions du Nord.
Les leaders politiques et les chefs d’Etat-major des mouvements armés (CMA, Plateforme) seront les principaux bénéficiaires des postes à pourvoir. Mais, qui va prendre quoi et où ? Qui serait désigné comme président du conseil de cercle de Kidal ? Voilà tout le problème et le danger que court la mise en place des autorités intérimaires au Nord.
En effet, cette question d’autorités intérimaires intervient au moment où le climat de paix est très volatile au nord et particulièrement à Kidal. Une petite brouille entre groupes armés pourrait nous amener à la case départ. Lesquels continuent, chacun, de défendre son propre intérêt depuis leur fusion en octobre 2015 à Anéfis. La collaboration entre troupes militaires à Kidal montre à suffisance le degré de leadership qui anime les chefs censés être nommés en remplacement des autorités des collectivités actuelles.
Dans le cadre de la répartition des postes au niveau du chef-lieu de cercle, la ville de Kidal doit revenir à la Coordination des mouvements de l’Azawad(CMA), selon les responsables de cette formation. Pourtant, le GATIA du Général El Hadj Ag Gamou, membre de la Plateforme de son côté ne partage pas du tout cette volonté de la CMA de s’approprier la capitale de l’Adrar des Ifoghas.
En plus, depuis un temps, à Kidal, entre le GATIA, membre de la Plateforme et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad, membre de la CMA, une véritable tension règne. A l’origine du problème, le porte-parole de la CMA, Almou Ag Mohamed indique que « ce sont des mouvements de troupes constatés à Kidal et autour de la ville par le GATIA qui sortent de l’ordinaire. S’agit-il d’une manigance ? Que cache-t-il à la CMA ? Mystère.
Pour rappel, le même Groupe d’autodéfense touareg imghad et alliés(GATIA) du Général Gamou avait érigé deux check-points à Kidal, aux entrées nord et sud qui sont les principales portes stratégiques de la ville. A l’époque le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad avait protesté contre cet état de fait. Donc, c’est pour dire qu’entre GATIA et HCUA, c’est une histoire ancienne. Le porte-parole du HCUA, Almouzamile Ag Mohamed, explique que « lorsque l’accord de paix a été signé, le Gatia n’était pas à Kidal, mais sa présence ne nous pose pas de problème ; ce qui nous pose problème, ce sont les mouvements de ses troupes et ses check-points improvisés ».
Aux dernières nouvelles, le Général El Hadj Ag Gamou viserait la présidence du conseil régional de Kidal dans le cadre de la mise en place des autorités intérimaires conformément à l’Accord pour la paix et la réconciliation signé à Bamako les 15 mai et 20 juin 2015. Toutefois, il faut reconnaitre que cette volonté du Général Gamou constitue un véritable problème entre ceux qui se disent héritiers de Kidal, membres du HCUA, principal rival du GATIA.
Du côté des proches de Gamou, on affirme que celui-ci qui a tout donné pour le Mali est déterminé cette fois-ci à aller jusqu’au bout, à tel enseigne qu’il serait prêt à quitter, au cas où il n’obtiendrait pas gain de cause, l’Armée malienne en abandonnant son grade de Général. Et, il a tout le soutien de la Plateforme, assure un membre du mouvement sous couvert de l’anonymat.
En définitive, une chose est sûre et certaine, c’est que le fait de remplacer une autorité légitime par une autre illégitime au nom d’un accord pour la paix et la réconciliation aussi contesté que controversé, constitue un goulot d’étranglement. C’est pourquoi la répartition du pouvoir dans les collectivités territoriales au Nord Mali est source d’un véritable problème dont l’issue reste à imaginer.
Ousmane MORBA